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Commentaire de Ronny

sur Recherche et précarités


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Ronny Ronny 3 mars 2009 12:36

Article intéressant que j’ai "plussé", et qui décrit un certain nombre de dérives qui existent au sein du système de recherche français. Soyons clairs, les abus que vous décrivez et les manquements flagrants à l’éthique sont de mon point de vue inadmissibles. Un chercheur "honnête" ne peut se comporter de la sorte....

Il me faut, en revanche, moduler vos propos. Il se trouve que, sans vouloir donner trop de détails pour ne pas être "identifié", j’ai siégé dans divers comités scientifiques de programmes de recherche (ACI par exemple), que j’ai siégé dans des jurys de recrutement ITA pour le CNRS, l’INRA, l’IRD, IATOS pour la fac, chercheurs pour l’INRA, que j’ai siégé également dans des jurys de sélection de projets portés par des jeunes chercheurs de type ATIP CNRS, jurys de bourses de thèse, etc. Parmi tous ces jurys, certains comportaient d’ailleurs un nombre de personnalités entrangères importants (ATIP, bourse de thèses) permettant d’éviter un effet de "consanguinité" auqeul je suis sensible par ailleurs !

Sur la centaine de réunions auxquelles j’ai participé, je n’ai constaté qu’en une seule occasion une dérive indamissible, où le président d’un des comités s’est opposé aux décisions de ce comité pour favoriser un laboratoire précis. La guerre a duré trois heures, avec des menaces sur les membres, et elle s’est terminée par un match nul sur un "consensus" peu satisfaisant. Le président a cepedant été viré l’année suivante, suite aux protestations des membres (dont la mienne) ! Tout cela pour vous dire que bon nombre de chercheurs, et la très grande majorité de ceux ci, sont particulièrement honnêtes. Les évaluations - en tous cas la centaine à laquelle j’ai participée - sont conduites avec âme et conscience, en toute sérénité et avece une égalité de chances accordés aux pétitionaires, en prenant en compte des critères avant tout scientifiques... Vous pouvez y voir - si vous le souhaitez - un propos d’un "mandarin", ce que je ne suis pas d’ailleurs, toute mon activité dans la recherche (autre que mes travaux) ayant visé à promouvoir l’éclosion de jeunes talents, y compris au sein de mon unité.

J’ajoute qu’aux différents niveaux où j’interviens, je tente de limiter la casse imposée aux plus jeunes d’entre nous qui naviguent à courte vue de contrats en contrats. Je ne suis pas seul dans ce cas, bon nombre de responsable d’équipes ou de directeurs d’unité font de même. En effet, si la situation contractuelle est tolérable pendant 2 ou 3 ans, elle devient insupportable passé 35 ans, lorsque l’on a charge d’enfants par exemple. Mais dans ce système de fous, il faut aussi reconnaître que le scientifique est pris entre le marteau et l’enclume. On connait le "publish or perish"... On est pris par la chasse au contrat permanente tout comme l’est l’évaluation (en dépit des dires minables du président de la Républilque, qui lui n’est evalué qu’une fois en 5 ans !) et il faut "produire". En ce sens, je trouve qu’il manque ici une réflexion collective sur notre "activité", son sens, ses buts, que l’on doit penser au regard de l’épistémiologie, pas au regard des indices nasdac ou cac 40... 

J’en viens maintenant et pour conclure au défaut de votre papier, et il est majeur à mon avis. La situation n’est pas aussi noire que vous la décrivez, loin de là. En ce sens, l’article manque d’équilibre et donne une vision biaisée de ce monde certes "difficile". Or en tant que scientifique, vous vous devez d’une présentation aussi "objective" que possible des faits. Ne tombez donc pas dans le travers que vous reprochez - à juste titre - à certains autres.


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