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Recherche et précarités

Dans la première partie, j’ai abordé les affres d’un jeune chercheur optant pour une thèse et débouchant sur un chômage de longue durée. Préférant le parler vrai, je crois qu’il faut montrer aux jeunes qu’à l’heure actuelle les conditions éthiques, scientifiques et humaines pour faire une carrière de recherche en France sont particulièrement restreintes. L’idéologie de l’excellence qui est prônée a tendance à masquer des conduites morales peu reluisantes… Après une suite de travaux sous-payés et une traversée du désert, une année miraculeuse s’est dessinée (Dix années de précarité : Partie I).
L’espoir. Un laboratoire en 2007 me recruta sur un CDD d’une année, renouvelable. On me fit faire des techniques nouvelles… En très peu de temps, je fus opérationnel et compétitif. C’était une forme de résilience sociale. Je renaissais totalement. J’eu la chance aussi de faire des travaux personnels et surtout de taper dans le mile, profitant du congé maladie de mon N+1… Enfin, soyons sincère, dès que ce dernier fut « hors service », je fus livré à moi même. Je me sentis alors obligé de réagir en cogitant seul. Il faut avouer qu’il n’est pas rare qu’en recherche on sorte du sujet officiel sans trop le dire… alors on fait des expériences personnelles, ce qui fait parti du « job » de chercheur. Le soir, le week-end, tout est propice pour sortir des sentiers battus et du sujet souvent poussif qu’on doit mener. Il faut alors savoir préparer, penser et conduire ses propres expériences, je suis allé très loin dans cette logique, m’achetant des plasmides précis produisant des petits bouts d’ARN ce qui avait amputé près d’un tiers de mon salaire… Grâce à tout cela, j’ai pu trouver un « lien ». Seul, comme un grand et surtout après avoir passé des années au chômage. Mais revenons à nos moutons. Pendant l’année écoulée, on me promit si souvent un renouvellement assuré de mon contrat… on me promit également de trouver d’autres sources de financement si nécessaire de type FRM, ARC ou Ligue… Bref, je me mis à bosser comme quatre, innovant et surmotivé, je m’occupais même d’étudiants peu encadrés pour les « booster » et j’ai surtout trouvé ce « pipeline » dont je parlais précédemment… Un lien suffisamment important pour qu’on écrive une partie d’un dossier de création d’unité, sur la base de travaux que j’avais initiés seul, pensé seul. Une dizaine de pages sur 20 dans un dossier présenté à nouvelle instance de recherche (AERES) qui juge de l’excellence des unités nouvelles en voie de création…Vint alors l’heure du renouvellement… Mon CDD prit fin. On me montra la porte du chômage. Mais, je vous rassure… Evidemment « mon » projet continue. Il permet à plusieurs personnes de bosser… Des chercheurs que j’aimais bien pour la plupart mais qui n’ont pas su me protéger d’une décision « venant d’en haut », ce qu’on m’a dit officiellement. Peu de temps après mon départ, je me suis fait à l’idée que je ne figurerai probablement pas sur les articles s’ils sont écrits ; après tout, aucune des promesses que ce laboratoire avait pu faire n’avaient été tenues. Un exemple précis : le document donné à l’AERES ne montrait pas réellement mon apport stratégique dans l’émergence de la thématique nouvelle mais me mentionnait sur une technique que j’aurai soit disant apporté ce qui n’est pas le cas… J’ai vu ailleurs bien pire et j’ai déjà constaté que dans d’autres laboratoires il était fréquent de profiter du départ d’un chercheur pour s’emparer de ses découvertes, de se les attribuer. Sur ce point, j’ai toujours en mémoire les larmes d’une chercheuse qui avait créé une lignée de souris et qui fut virée de son laboratoire juste après. Dans ce moment délicat, elle m’avoua qu’elle fut également dans l’impossibilité de récupérer son outil murin. Dix ans de sa vie en l’air et pour le bonheur d’un « fat » qui se dit chercheur, génial, brillant et qui étale sa liste de publications pour justifier de sa grande moralité. Un homme plein d’humour qui sait d’ailleurs très bien attirer la sympathie… En recherche comme ailleurs, ce sont les pires.
 
 Le quotidien. Entre temps, la réalité est là… le précaire a apporté la nouveauté, la découverte… pourtant, il pointe au chômage… L’histoire continue et se répète avec des nuances nouvelles… Est venue alors l’heure des propositions. Au bout de quelques semaines, on m’exposa un projet « clef en main » ce que je devais prendre pour une « belle opportunité »… mais comble du comble… alors que j’avais tout de même fait mes preuves, on me parla de « vacations »… Une nouvelle précarité… Un monde ubuesque… D’un coté vous avez permis de faire un « saut » et de l’autre on trouve naturel de vous proposer un statut « hyper précarisant » à la française. J’ai pu discuter avec quelques personnes qui partageaient ce statut de vacataire… là, j’ai commencé à halluciner… ils bossaient mais attendaient leur salaire pendant trois mois, pour des raisons de blocages administratifs… L’un d’entre eux disait avec froideur que les agios n’attendaient pas, il avait en plus deux gamines en bas age et donnait des cours de guitare pour s’assurer une base salariale fixe. Le questionnant il me confia qu’il voyait peu ses enfants et profitait autant qu’il pouvait des week-end… Voilà, cette nouvelle précarité qui s’ouvrait. J’ai alors refusé de m’engager dans cette voie…
 
Autre chose, j’ai en effet constaté que ceux qui réussissaient avait des parents bien en place dans la société... Cela aide en tout cas. Soit dit en passant, j’ai vu le cas extrême d’une progéniture d’un chef d’unité que l’on a mis systématiquement sur des projets lancés par d’autres chercheurs qui eux-mêmes étaient éjectés du laboratoire au fil du temps… son dossier évidemment fut suffisamment gonflé pour prétendre à l’adoubement de concours nationaux. C’est ce qu’on appelle peut être le mandarinat, qui a toujours existé d’ailleurs. La précarité peut profiter à certains… A mes yeux, la précarité ne doit pas être une variable d’ajustement de la recherche. Un précaire est un chercheur avant tout, il doit être respecté alors qu’il est abusé si souvent…

Synthèse.
J’ai parcouru beaucoup de centres de recherche. J’ai vu et revu l’absence du respect des hommes et des femmes qui servent la Science. J’ai vu le harcèlement moral d’hommes, de femmes, de précaires, de statutaires. A chaque fois le mobile du crime était le même… promouvoir un poulain local et détruire la carrière d’un outsider ou l’évincer… J’ai donc vu ce chapelet de destructions humaines… cette femme en congé maternité qui recevait des mails destructeurs à la suite desquels elles ne pouvait plus allaiter car trop stressée, ce jeune papa à qui on annonçait une semaine après la naissance de son enfant que son contrat prenait fin, ce père de deux enfants qu’on vira sans motif alors que sa femme n’avait pas de ressource, ces futures retraitées dont on cassait le moral jusqu’au bout pour qu’elles ne s’éternisent pas de trop, ces mères de familles qu’on poussait à la dépression pour récupérer leur travail, ces jeunes Maîtres de conférences dont on pourrissait la vie sur deux à trois années car dérangeant pour le localisme c’est-à-dire les plans de carrière d’un lambda plus puissant qu’intelligent, ces post-doctorants qu’on cassait même dans leur laboratoire d’accueil à l’étranger afin de les dissuader de postuler sur une offre d’emploi « fléchée »… Il y a eu le cas extrême d’une stagiaire atteinte de sclérose en plaque qui reçut un encadrement déplorable et à qui on empêcha d’avoir une note suffisante pour passer en année supérieure. Que pouvait elle faire avec un projet miteux, un encadrant peu présent et une maladie récurrente… La recherche fut sans pitié… Voilà… Le précaire que je suis a encore le courage de sa mémoire. Il a préservé son éthique et dénonce aujourd’hui cette variable d’ajustement qui permet à des « carrières de se construire » et qui conduit à ce harcèlement moral trop répandu. Ce cocktail aujourd’hui pousse la Science à récompenser parfois des éléments dociles, parfois « bien nés » qu’on qualifiera de brillants au détriment de découvreurs sincères. Aujourd’hui, il est aussi temps de dire Non à ce glissement malsain de chefaillons qui ont méprisé des bases éthiques évidentes pour bâtir leur CV. Il est temps de dénoncer ces aberrations comportementales qui relèvent de la psychiatrie de chefs de laboratoire totipotents… massif constat que révèlent ces harcèlements tellement modernes... Tout cela bien évidemment est à replacer dans une « écologie locale des laboratoires »… En effet, ces travers énoncés sont souvent connus des médecins du travail, des doyens, des éléments représentatifs de la recherche qui servent de bureaux des pleurs. Comble de l’ironie, parfois, ce sont les mêmes gens qui président aux plus hautes marches de la recherche et qui se permettent de marcher sur l’éthique comme sur un paillasson… Aujourd’hui, j’ai décidé de dire ici ce que j’ai vu. C’est un simple principe de réalité. Voilà ma réalité de précaire. Vérité franche et dure. Pas d’amertume, pas d’aigreur car je crois en l’espoir d’améliorer les choses. C’est dans cet Esprit que j’écris.
 
- Présent  : J’ai commencé mon texte par une allusion maternelle, je finirai par un hommage. Ma mère a la chance d’oublier que son fils est chercheur précaire. Elle a déjà oublié son nom et son Alzheimer si « moderne » aura au moins la délicatesse de l’empêcher de réaliser que ses efforts et ses sacrifices « pour pousser » son fils auront été inutiles. Même si elle ne désirait pas que je fasse des études longues, je sais qu’elle était fière que je fasse carrière dans ce métier. C’est sûrement pour cela que je ne changerai pas de cap. Je suis chercheur dans l’âme. Je n’ai pas besoin d’un logo INSERM ou CNRS pour le savoir mais il me parait de plus en plus frappant que l’Amérique d’Obama a plus d’avenir pour des gens qui sont passionnés.

- Epilogue politique. Certains croient qu’il suffit de changer les statuts pour réformer la recherche. C’est inutile. Il faut surtout recadrer l’éthique. Empêcher les localismes, les dérives monarchiques des patrons de laboratoire et faire émaner ce que bien souvent Sauvons la recherche et les syndicats comme le SNTRS, le SNESUP essaient de propulser… une vraie dynamique de recherche dans un esprit d’équité et d’éthique. Il faut aussi convenir que mes dix années de précarité sont concomitantes de la diminution du financement de la recherche en France.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51924&vo=128
-http://fr.news.yahoo.com/69/20090212/tbs-du-harcelment-moral-stratgique-pour-5b84afe.html
-www.sauvonslarecherche.fr/
-www.snesup.fr

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14 réactions à cet article    


  • Mouche-zélée 2 mars 2009 13:07

    Hors sujet mais autant vous en faire profiter  smiley

    Personnellement j’ai une solution à la crise mondiale allant exactement dans le sens de nos élites : Pour qu’un pays se porte bien il faut consommer à ce qu’il parait.

    Hé bien commençons par TOUT casser comme si c’était la guerre, les morts en moins, à partir de ce moment nous relancerons la consommation et les liquidités sur le marché .

    Cela peut sembler ridicule ou extrême, mais c’est la démonstration la plus évidente que la croissance infinie est un sport de Junky.
    Là dessus nous pouvons créer nous même le plein emploi, les liquidités sur le marché et tout ce qui fait qu’un pays fonctionne .

    Ce n’est pas compliqué, cassons tout ce qui est possible il faudra bien reconstruire et acheter de nouveau pour continuer à vivre .

    Une sorte de révolution douce avec les gens mais dure avec le matériel .
    Totalement en adéquation avec la loi du marché, pour dire, ce serai même un acte civique en ces temps de crise !
    La véritable relance de la consommation.

    Casser quoi et ce qui appartiens à qui ?
    C’est très simple, nous connaissons les entreprises qui abusent du système et délocalisent même en faisant des bénéfices de nababs, commençons par celles-là !

    Commençons par tout ce que possède le PDG de Renault, il délocalise la sous traitance actuellement, ce avec les aides financières de l’état Français .
    Ce Monsieur Carlos ghosn ne touche qu’un modeste salaire de 1 400 années de SMIC en un an .
    (En un an il gagne de quoi faire vivre 20 personnes pendant 70 ans)

    Je pense qui ce Monsieur perdait nombre de ses biens matériels par accident, il pourrai les renouveler rapidement et sans peine.
    Car ce type là ne consomme pas 4200 repas par jour que je sache, donc son niveau de salaire de la honte n’est pas réinjecté dans l’économie réelle .

    Voilà une solution pour une révolte pacifiste qui bénéficierai au plus grand nombre.
    Aux citoyens pour l’activité et l’emploi, aux entreprises pour produire encore, et aux états parce qu’ils auraient moins d’aides sociales à fournir .

    Nous voilà au bout de LEUR logique de la croissance infinie.
    A force de grossir, non pas pour être bien mais juste pour grossir, on finit par attraper des maladies cardio-vasculaires et par en crever .

    J’ai bien appris ma leçon d’économie contemporaine non ?
    Ha ha ha

    L’exemple est ironique pour dénoncer ce système débile dans lequel les plus pourris, aveugles et cyniques tentent de nous maintenir en disant : "il n’y a pas de solution de rechange" .

    Décroissance ne signifie en rien cesser de produire et de consommer, il ne faut pas faire d’amagames .
    La recherche et l’éducation se financeraient exatement comme maintenant.

    Si nous ne créons pas de nouveaux besoins inutiles nous ne créons pas de baisse du pouvoir d’achat, si le pouvoir d’achat stagne les prix se stabilisent et la consommation également .

    Décroissance ne veut pas dire ne plus faire de bénéfices mais signifie faire un bénéfice constant et fiable en opposition au bénéfice exponnentiel d’une année à l’autre, on ne sait même plus pourquoi .

    La croissance signifie faire plus de fric que l’année précédente, la décroissance signifie faire un bénéfice raisonné avec des vues sur le long terme et en tenant compte de la qualité de vie, des conditions de travail, de la qualité de produits, de l’environnement et de la santé .

    La croissance exponentielle agit sur tous les postes précités, ils ne sont pas pris en compte dans la globalité de la croissance et truquent totalement le ratio bénéfices / conséquences en plombant le budget de l’état, qui lui, paye les conséquences sanitaires et sociales .


    Si nous relativisions les jolis chiffres de la croissance des entreprises par rapport aux conséquences sur le social, la santé, la qualité de vie, l’environnement, le travail, l’alimentation, il est fort à parier qu’au final la croissance infinie nous coûte bien plus cher que ce qu’elle nous rapporte .

    Le concept de croissance infinie c’est l’asservissement d’une majorité pour le bonheur d’une minorité, qui je vous rassure, reste bien à l’abri des conséquences .
    Cette minorité ne mange pas d’industriel et n’achète pas ses meubles en kit chez "pas cher"
    Le but n’est pas d’avoir plus et de moins bonne qualité, mais assez et de bonne qualité

    Il existe un juste milieu, tuer ses vaches ou détruire sa production pour consolider le prix du marché est ce que je connais de plus stupide .


    • Yannick Comenge Yannick Comenge 2 mars 2009 13:57

      Les deux textes témoignages sont surtout des prises de date. Bien souvent les jeunes chercheurs sont pris dans les galères et se croient seuls au monde. Ce n’est pas le cas. Aussi, en multipliant les ecrits sur la précarité et son abus dans les laboratoires, il sera possible un jour d’éviter qu’on construise les CV de poulains locaux. C’est important pour l’éthique, la recherche et le bon fonctionnement d’une science bien mal en point.

      Dans le meme registre, on pourrait traiter des positions d’Obama dans le domaine des médicaments et de la FDA. Celui-ci dénonce les conflits d’interets entre FDA, experts et firmes. Il y voit les risques pour l’avenir de la santé, de la science et veut une révolution dans les mentalités. A l’inverse, l’EMEA en Europe continue ses petites mesures pro-lobby sous les yeux respectueux d’experts très vénaux. Mais si on réfléchit à ce qui a permis à ces experts de fonctionner à l’EMEA ou la FDA... c’est l’absence d’éthique dans un système soit disant de sélection des meilleurs... ces experts ont été avant des "poulains dociles" dont on a construit les CV au détriment de gens plus courageux.


      • Yannick Comenge Yannick Comenge 2 mars 2009 14:00

        Dans la meme rubirque, j’ai récemment écrit publier un article qui fut en Une de Rue89 le 17 fevrier Dernier.

        Il est consultable aisément :

        http://www.rue89.com/2009/02/17/harcelement-precarite-et-solitude-les-affres-dun-chercheur

        Je remercie Chloe, journaliste à Rue89 pour la mise en page du témoignage.


        • Polemikvictor Polemikvictor 2 mars 2009 14:02

          Un chercheur est quelqu’un d’une haute compétence au mieux de ses capacités. Cet etat est necessairement limité dans le tempsd’ou une précarité qui n’est pas forcément contre nature.

          C’est un peu comme un champion de foot. On verrais mal Zidane etre avant centre à vie de l’équipe de France , de meme, je trouve normal que l’activité d’un chercheur soit limitée dans le temps. les grandes découvertes sont généralement le fait d’hommes jeunes. La continuation de la carriere devant etre réalisée d’une autre façon : developpement, enseignement, encadrement de chercheurs....


          • Yannick Comenge Yannick Comenge 2 mars 2009 14:15

            Vous avez raison et tord à la fois. J’ai vu des chercheurs qui étaient Has been à trente ans puis devenir géniaux à 45 et finir nazze à 50 au fil de leur carriere.

            Il faut peut etre changer les mentalités de sélection... voir l’éthique des chercheurs, leur engagement, leur dynamique perso... A quoi bon nier le fait qu’ils doivent avoir des "chocs de vie" qui peuvent faire perdre du temps... un chercheur ne peut pas etre genial une vie entiere et inversement. Par contre le localisme et l’endogamie des unités de recherche est un phénomène qui fausse tout.


            • Epeire 2 mars 2009 14:37

              Déjà que votre première partie est vraiment glaçante, celle-ci continue sur la même lancée. J’avoue que le sujet m’intéresse d’autant plus que je serais peut-être moi aussi concernée dans quatre ou cinq ans. ça me rapelle une enseignante qui nous a dit que les vocations de doctorants ont chuté ces dernières années (d’après elle toujours, c’est beaucoup plus inquiétant que la fuite des cerveaux en Amérique).

              Comment percevez-vous les réformes proposées par le gouvernement et les levées de boucliers chez les enseignants chercheurs ?


              • L'intello du dessous L’intello du dessous 2 mars 2009 14:58

                Je ne m’étonne pas que les vocations de chercheurs aient diminué, ne serait-ce que parce qu’en école d’ingénieurs (en tout cas dans celle dont je suis sortie en 2002) on décourage les élèves de poursuivre sur des thèses, même s’ils ont passé une DEA en cours de dernière année. Les débouchés ne seraient pas au rendez-vous, et les employeurs verraient d’un mauvais oeil les jeunes qui s’accrochent trop longtemps aux bancs de la fac (eh oui, c’est comme ça qu’ils voient les chercheurs : des gens qui s’accrochent aux bancs de la fac par peur du monde professionnel... no comment !)


              • Peepo 2 mars 2009 15:37

                Le seul chercheur que je connaisse peut témoigner des mêmes choses. Un monde de fous ces labos... Après avoir survécu en déposant des journaux gratuits dans les boites aux lettres, il est parti aux Etats-Unis, ce n’a pas été facile mais ça va un peu mieux maintenant.


                • Gabriel Gabriel 2 mars 2009 15:39
                  Bonjour,

                  La politique de culbuto étant entièrement fondée sur l’intérêt financier à court terme, il gère donc toutes nos institutions de manière purement comptable. Une colonne débit et une colonne crédit. Le saint graal à ces yeux étant le rapport économique immédiat de toutes actions. Partant de ce postulat simpliste, les fondamentaux d’une société tel que la recherche, l’éducation, la santé et la solidarité n’ont à ces yeux aucune valeur. Voila pourquoi, je pense, que notre savoir, notre science et notre culture sont, avec un guignol pareil, condamnés à court terme.
                   

                  • Avallis Avallis 2 mars 2009 16:35

                    Je confirme l’article.

                    Pourtant quand j’ai quitte l’universite il y a un dixaine d’annees les doctorants etaient deja sujet a la blague que leur employeur principale etait McDonalds.

                    Un de mes meilleurs collegue de l’epoque a justement fait un DEA pour continuer mais j’ai prefere faire le DESS malgre l’appel presigieux de Dr Moi ! Au total, apres ses 3 annes supplementaires de recherche il a mis presque 3 ans en plus a trouver un boulot digne de ce nom. Pendant ce temps j’etais deja en train de revendre mes connaissances a l’etranger et j’y suis reste.
                    Certes avec le temps il a enfin trouve un bon boulot mais au bout du compte ce ne vaud pas la mise de depart.

                    La meilleur chose a faire est de partir. Si tu as moins de 30, l’Australie est toute grande ouverte. Il n’y a que le premier pas qui coute.


                    • faxtronic faxtronic 3 mars 2009 10:25

                      oui il faut partir. En france la recherche est pourri jus qu a l os. Le mandarinat, le fils-a-papa-tisme, etc le pourri


                      • Ronny Ronny 3 mars 2009 12:36

                        Article intéressant que j’ai "plussé", et qui décrit un certain nombre de dérives qui existent au sein du système de recherche français. Soyons clairs, les abus que vous décrivez et les manquements flagrants à l’éthique sont de mon point de vue inadmissibles. Un chercheur "honnête" ne peut se comporter de la sorte....

                        Il me faut, en revanche, moduler vos propos. Il se trouve que, sans vouloir donner trop de détails pour ne pas être "identifié", j’ai siégé dans divers comités scientifiques de programmes de recherche (ACI par exemple), que j’ai siégé dans des jurys de recrutement ITA pour le CNRS, l’INRA, l’IRD, IATOS pour la fac, chercheurs pour l’INRA, que j’ai siégé également dans des jurys de sélection de projets portés par des jeunes chercheurs de type ATIP CNRS, jurys de bourses de thèse, etc. Parmi tous ces jurys, certains comportaient d’ailleurs un nombre de personnalités entrangères importants (ATIP, bourse de thèses) permettant d’éviter un effet de "consanguinité" auqeul je suis sensible par ailleurs !

                        Sur la centaine de réunions auxquelles j’ai participé, je n’ai constaté qu’en une seule occasion une dérive indamissible, où le président d’un des comités s’est opposé aux décisions de ce comité pour favoriser un laboratoire précis. La guerre a duré trois heures, avec des menaces sur les membres, et elle s’est terminée par un match nul sur un "consensus" peu satisfaisant. Le président a cepedant été viré l’année suivante, suite aux protestations des membres (dont la mienne) ! Tout cela pour vous dire que bon nombre de chercheurs, et la très grande majorité de ceux ci, sont particulièrement honnêtes. Les évaluations - en tous cas la centaine à laquelle j’ai participée - sont conduites avec âme et conscience, en toute sérénité et avece une égalité de chances accordés aux pétitionaires, en prenant en compte des critères avant tout scientifiques... Vous pouvez y voir - si vous le souhaitez - un propos d’un "mandarin", ce que je ne suis pas d’ailleurs, toute mon activité dans la recherche (autre que mes travaux) ayant visé à promouvoir l’éclosion de jeunes talents, y compris au sein de mon unité.

                        J’ajoute qu’aux différents niveaux où j’interviens, je tente de limiter la casse imposée aux plus jeunes d’entre nous qui naviguent à courte vue de contrats en contrats. Je ne suis pas seul dans ce cas, bon nombre de responsable d’équipes ou de directeurs d’unité font de même. En effet, si la situation contractuelle est tolérable pendant 2 ou 3 ans, elle devient insupportable passé 35 ans, lorsque l’on a charge d’enfants par exemple. Mais dans ce système de fous, il faut aussi reconnaître que le scientifique est pris entre le marteau et l’enclume. On connait le "publish or perish"... On est pris par la chasse au contrat permanente tout comme l’est l’évaluation (en dépit des dires minables du président de la Républilque, qui lui n’est evalué qu’une fois en 5 ans !) et il faut "produire". En ce sens, je trouve qu’il manque ici une réflexion collective sur notre "activité", son sens, ses buts, que l’on doit penser au regard de l’épistémiologie, pas au regard des indices nasdac ou cac 40... 

                        J’en viens maintenant et pour conclure au défaut de votre papier, et il est majeur à mon avis. La situation n’est pas aussi noire que vous la décrivez, loin de là. En ce sens, l’article manque d’équilibre et donne une vision biaisée de ce monde certes "difficile". Or en tant que scientifique, vous vous devez d’une présentation aussi "objective" que possible des faits. Ne tombez donc pas dans le travers que vous reprochez - à juste titre - à certains autres.


                        • Yannick Comenge Yannick Comenge 3 mars 2009 13:50

                          Je trouve votre propos constructif. Je comprends votre anonymat et le soutien. Je voudrai seulement réagir sur un point. Dans certaines instances de décision on fait venir des personnalités étrangères. J’ai eu vent et j’ai constaté au fil de certaines sélections sur le pavé parisien que ces étrangers souvent tres bien coté ne pouvaient pas voir le localisme car le plus souvent on camoufle les choses.

                          Ainsi, j’ai connu un jeune chercheur qui était officiellement sur le papier en postdoctorat en Belgique puis en Angleterre, mais en réel il ne passait qu’une semaine tous les trois mois à l’étranger mais lors de son concours la commission ne vit que ces apparitions à l’etranger... et dans les faits tout semblait correct.

                          Il existe aussi dans les commissions de l’AERES par exemple des moyens d’influencer un jury aisément. Il suffit de connaitre amicalement deux membres du jury et apres il s’agit de psychologie sociale de base... le jury sans le savoir est poussé à donner la "décision locale".

                          Il y a quelques jours, je suis passé dans un endroit sur Paris, j’ai été amusé de voir que les deux anciens doctorants qui avait foiré leur postdoc à l’étranger avait fini par avoir un poste dans leur premier labo d’accueil (de thèse)... là encore la commission a du trouver de bonnes raisons.

                          A Toulouse, j’ai une amie postdoc. Sa force a été d’aller faire un postdoc (vrai) aux USA mais sur le meme sujet que celui de sa thèse. Elle est revenu à Toulouse dans son cocon... elle n’aura vu qu’une seule thématique... la problématique des postdoc est elle une mobilité pour apprendre l’anglais ou une mobilité thématique...

                          Enfin, je considere vraiment votre propos. J’y ajoute quelques éléments qui font que de bonne fois on peut etre amené à prendre une décision qui finalement adopte le localisme comme toile de fond... C’est une plaie pour tous ceux qui comme vous essayez avec les syndicats de faire les choses biens.

                          Suite à mon propos, je sais que les portes de la recherche seront probablement closes en France mais ouvertes à l’international... dans une autre thématique...


                          • Christoff_M Christoff_M 5 mars 2009 07:42

                             on ne veut pas de chercheurs c’est dangereux !!

                            on veut des gestionnaires, des avocats conseils et des coachs de la forme pour travailler plus !!
                            voila qui est productif !!

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