Re-bonjour l’Inconnu(e),
Première chose sur la forme... Je n’ai jamais eu ni animosité ni mépris envers vous, c’est plutôt vous qui en avez eu envers Météo Rance en disant que c’était un troll (ce que je ne pense pas, et je me suis expliqué là dessus). J’en ai juste pour les créateurs de films à sensation, ceux qui en font les honneurs, et les journalistes scientifiques et collègues qui parlent de la Chose en en faisant un gagne-pain terriblement mal-sain pour se vendre (ce qui n’est pas le cas de Luc, qui l’a montré au cours de ses divers articles et interventions, et que je lis toujours avec attention). J’appelle juste à parler des choses dont nous pouvons parler, c’est à dire ici de la science et du raisonnement que nous devons en faire.
Désolé donc si je vous ai blessé, ce n’était point du tout mon intention (je ne suis pas forcément diplomate !).
Deuxième chose, toujours sur la forme et qui découle de ce premier paragraphe... On ne peut ici parler que de faits et d’observables, certes très inquiétants (au passage, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) mais qui n’inquiètent que nous... Malheureusement ! On ne parle aussi que d’expériences à très court terme (comparaison certes notable sur... deux ans !).
Maintenant, sur le fond de mon intervention. Je parle de l’échelle temporelle et de ses conséquences lorsqu’elle est mal appliquée (ma principale critique envers les articles de Luc). Le temps en géologie (au sens large) est un concept particulièrement difficile à cerner, car il est différent d’une étude à l’autre. Ainsi, si je parle par exemple de l’ouverture de l’Atlantique (un de mes dadas !), j’emploierai l’unité relative du million d’années. Si je parle de déformation active (séismes (un autre de mes dadas !), volcanologie, rebond isostatique, etc.), j’emploierai la seconde, l’année, le siècle, le millier d’années ou le million d’années... Ce qui dépend de l’objet étudié (propagations de failles par exemple, construction des édifices volcaniques, éruption lambda, etc...).
En climatologie, c’est un peu pareil. Et c’est là le risque très important ; il faut en conséquence savoir de quoi nous parlons ici : un observable, duquel est issue une estimation. L’observable est la fonte de la calotte polaire septentrionale, l’estimation est ce chiffre particulièrement énorme... Cent milliards de tonnes de glace fondue par an au Groenland.
Si j’ai bien compris, l’estimation a été faite sur deux ans, par comparaison notamment d’images et mesures satellitaires. Nous savons aussi que depuis deux ans, l’atmosphère de l’hémisphère nord s’est GLOBALEMENT réchauffée. Admettons... Mais aussi, nous parlons de deux ans, comme nous faisons de telles mesures fiables depuis 30 ans. Il s’agit donc d’une échelle à très court terme.
L’étude de la fonte de la calotte glaciaire ne peut se faire à l’échelle de l’année mais au minimum de la centaine d’années. Il en ai de même des conséquences (remonté du niveau marin, modification des courants, modification du climat, etc., etc.). Le Dernier Maximum Glaciaire (souvent appelé DMG) était il y a environ 15 000 ans et s’est terminé vers 7.500 ka BP environ. Depuis, il y a eu beaucoup de mini-glaciations et mini-réchauffements (échelle de temps de 1, 10 ou 30 ans par exemple). Appliquons donc un raisonnement très simple : on parle d’été chaud chaque année, soit trois à quatre mois de l’année plus chauds qu’une normale saisonnière définie sur une moyenne de températures mesurée sur une période de 10 à 15 ans tout au plus. Or, sur l’Holocène (les 10 derniers milliers d’années), ce sont donc 10 000 étés différents, certains plus chauds, certains plus froids. Il y a donc eu plusieurs périodes globalement plus chaudes et plusieurs périodes globalement plus froides. Par exemple, le Petit Age Glaciaire, cause de grandes famines et maladies en Europe et la canicule de 1976.
En d’autres termes, l’échelle temporelle est extrêmement importante pour définire la science sur laquelle nous travaillons. Et la reconstitution du climat passé, ainsi que sa compréhension n’est pas une chose facile, car bien trop de gens oublient ce facteur temps... faussant du coup l’honnêteté scientifique et de l’observable, et de la mesure.
A plus long terme (10 000 ans)... Le climat évolue de façon cyclique. Ce phénomène est dû notamment à l’irrégularité de la rotation de la Terre, donc l’axe change de quelques dixièmes de degrés. Ceci implique un angle d’incidence des rayons solaires différent, impliquant un réchauffement ou un refroidissement notable (autours de un à deux degrés en moyenne) et donc un déplacement plus ou moins important des calottes polaires, de leur fonte ou de leur reformation. Ainsi, l’histoire de la Terre est rythmée par des périodes de glaciations et déglaciations sur le long terme, mais les études géologiques ont montré qu’à l’échelle d’une même période, il y a de courtes périodes de réchauffement et refroidissement. Autrement dit, rien sur Terre n’évolue de façon continue et fixe. Ainsi, et sauf si je me trompe, nous devrions de nouveau rentrer en période de glaciation dans l’hémisphère nord (ce qui ne veux pas forcément dire que nous pourrons faire du ski sur les dunes du Sahara dans quelques centaines d’années... Blague nulle, je le conçois !).
Et enfin, si nous raisonnons à l’échelle du million d’années (primordiale pour l’étude du mouvement des plaques par exemple)... Ce sont des milliers de cycles dont nous devons parler.
Autrement dit... Ce que présente l’article de Luc est un phénomène à très court terme, et qui n’est pas forcément irréversible à l’échelle de la planète. L’étude de ces phénomènes implique une seule et unique chose : de quoi avons-nous peur ? Si c’est de l’extinction de l’humanité, alors je pense qu’il faut dors et déjà y penser, et je ne serais pas franchement d’une nature optimiste là dessus. Comme vous le soulignez très justement, c’est sur le court terme que l’homme a largement influencé le climat et là où est la bonne chose, c’est que la nature reprendra tôt ou tard ses droits. Dans quelques centaines ou milliers d’années, le temps de changer progressivement le climat.
Et encore une fois, les « dérèglements » climatiques ne sont pas forcément les fruits d’un hasard, si bien que le facteur anthropique est particulièrement important. D’un côté, on nous parle de tempêtes catastrophiques, d’ouragans, d’inondations ou je ne sais quoi, mais les enregistrements ne se sont fait que sur quelques années (on ne parle d’automnes à ouragans sur la côtes des Etats Unis que depuis 5 ans tout au plus).
Il faut aussi prendre en compte le facteur tampon de la Terre. C’est par exemple le cas pour les méga-éruptions volcaniques, qui engendrent une baisse de températures notable sur quelques mois, le temps que les particules rocheuses aient sédimentées. C’est aussi le cas de la fonte des glaciers ici qui peut-être résorbée ailleurs. Et enfin, c’est le cas de l’effet de balance interactionnelle atmosphère-océan. Ceci peut empêcher l’interruption d’un réchauffement global (c’est à dire aux quatre coins du Globe) ou, si vous préférez, n’implique pas de voir un réchauffement global à l’échelle de la planète : il fera plus chaud ici et plus froid là. En quelque sorte, cela revient à définir l’objet d’étude en lui même (c’est à dire sa taille).
Un exemple... Il faut une augmentation de 1°C ou 2°C seulement pour engendrer un modification significative du climat, mais sur une échelle de temps de plusieurs centaines voire milliers d’années. Ainsi, les grandes crises d’extinctions en partie dûes à un changement climatique (dont la cause peut-être une méga-éruption volcanique ou un impact météoritique par exemple) sont en fin de compte relativement progressive : il y a l’extinction dûe à l’accident lui même et l’extinction progressive qui suit derrière (voir par exemple les travails faits sur la transition Permo-Trias).
Pour résumer... Attention aux observables, leur implications et les objets étudiés. Il faut rester objectif dans l’histoire et les scénarios catastrophes sont seulement bons pour les mangeurs de hamburgers et les pue-la-morts qui osent se faire du fric là dessus. Qui dit objectivité, dit Science. Pour l’instant, je me garderais donc de tirer une conclusion trop hâtive, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas étudier, comprendre et envisager le pire (à court terme)...
Et bien sur arrêter de polluer à tout va !
Et pour conclure... Ce qui me fait peur dans l’histoire, c’est une fonte des glaces suffisamment importante pour que des pays entiers se retrouvent sous les eaux. Je pense par exemple au Bengladesh qui vit sous cette menace. Il y aura donc des conséquences humaines très importantes et personne n’en parle (parce que c’est le Bengladesh, j’imagine). Et à plus court terme, c’est que certaines personnes (dont moi) alarment les gouvernements des pays dit développés ainsi que ceux dit en voie de développement et le répondant n’est pas là. Il y a donc un réel problème auquel il faut faire face, et je dois dire que pour l’instant, le meilleur répondant vient des pays en voie de développement (qui n’ont pas forcément cette culture de domination du monde).
Bien à vous, Cédric
30/12 22:18 -
30/12 22:12 - alex
Tout à fait d’ accord avec méteo rance, notre vie n’ est pas à l’ échelle (...)
24/12 13:02 - Rodek
La terre est un organisme vivant au même titre que le corps humain est un organisme vivant. (...)
19/11 23:44 - Roland
19/11 23:44 - Roland
décidémment c’est la nouvelle mode qu’il faut mettre les liens deux fois pour (...)
19/11 23:42 - Roland
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