Chère Salima,
Il n’est pas question pour moi de vouloir réformer l’islam. Mais on constate qu’il existe plusieurs visions de cette religion : l’une modérée et tolérante que défendent des personnes comme Soheib Bencheikh et Abdelawab Meddeb (voir par exemple Ripostes, France 5, 12/02/2006), et d’autres plus rigoristes (avec des degrés différents qui peuvent parfois amener au terrorisme).
Et c’est bien cette première lecture du Coran qui est compatible avec la démocratie : une approche qui reconnaît à la femme les mêmes droits qu’à l’homme, qui lui permet de s’habiller comme elle souhaite, qui refuse les hidjab intégraux ou les burkas destinés à transformer les femmes en fantômes (comme il existe des cas à Sarcelles ou à Trappes), qui admet la critique et la dérision.
Je ne peux concevoir qu’au nom de l’islam, certains fassent pression pour obtenir l’interdiction d’une pièce de théatre de Voltaire (1741) intitulée « Le fanatisme ou Mahomet le Prophète » (comme cela est arrivé à Genève et dans un village du Jura il y a quelques mois). Voltaire s’est battu contre les abus de toutes les religions, le traiter d’islamophobe aujourd’hui c’est faire du révisionnisme.
Permettez-moi d’ajouter que votre argument « et puis on vous a rien demandé occuppez vous de vos problèmes », est un peu faible. Tout démocrate est concerné par le fait que puisse se développer en Europe une vision fondamentaliste du Coran, qui aboutirait un jour à la remise en cause de notre société libérale (au sens politique du terme), celle-là même qui vous permet de ne pas être d’accord avec moi et de l’exprimer librement : je note au passage que si je tenais mes propos dans un pays du Moyent-Orient, je serais déjà égorgé ; alors ne boudons notre plaisir de vivre dans une société démocratique.
Comme tout autre Français ou Européen, héritier de l’histoire de mon pays et de mon continent, j’ai le droit de m’inquiéter de l’intolérance religieuse que peut produire l’islam. C’est parce que nos pays occidentaux ont vécu des siècles sous cette intolérance de l’Eglise que nous ne voulons pas que l’histoire se reproduise : la Saint Barthélémy, l’Inquisition...
Je ne vois pas au nom de quoi on aurait le droit de critiquer toutes les religions, sauf l’islam.
En conclusion, les musulmams sont les bienvenus (et cela depuis longtemps), les islamistes sont priés de retourner en Iran ou en Arabie Saoudite. La tradition d’accueil des pays européens est destinée aux individus qui ont soif de liberté, comme Ayaan Hirsi Ali ou Chadohrtt Djavann. Elle ne doit pas bénéficier des personnes qui ne pensent qu’à enfermer les femmes loin du regard d’autrui.