La parodie n’est pas du côté que l’on pense.
Des sociétés n’ont pas attendu le décret d’application pour pratiquer l’anonymisation des CV dont voici quelques exemples :
Claude BEBEAR, fort des ses convictions, a instauré fin janvier 2005 chez AXA, de rendre anonyme les CV qui seront saisis sur leur site Internet dédié au recrutement pour les postes de commerciaux (500 recrutement par an). Les candidats qui postulent pour ce poste remplissent un formulaire de candidature en ligne qui grâce à un traitement informatique supprime automatiquement les mentions relatives aux nom, prénom, âge, adresse, e-mail. Les CV arrivent épurés au service de recrutement.Bilan après un an : Davantage de femmes, de séniors et de noms étrangers dans les candidatures sélectionnées. Antoinette PROST, Responsable des études chez AXA France, témoigne dans Liaisons Sociales de février 2006, et note « une augmentation des candidatures sur le site et une hausse sensible des embauches des femmes et des séniors ».
Depuis février 2006, chez NORSYS (SSII) le CV anonyme fait partie de son processus de recrutement, cette société supprime outre les mentions citées ci-dessus toutes les expériences professionnelles datant de plus de 15 ans limitant ainsi la discrimination des séniors. Cette société rend les CV anonymes manuellement. Le Président, Sylvain BREUZARD, estime « qu’il faut entre 15 et 20 secondes pour rendre anonyme un CV, la personne qui les réceptionne ne consacre pas plus de 2 minutes 30 de sa journée à les traiter ». (Le Journal du Management - 08/02/2006).
Bilan après neuf mois : NORSYS aurait embauché, « 5 % de femmes en plus et davantage de salariés issus de l’immigration. La moyenne d’âge aurait augmenté alors que les séniors sont habituellement les mal-aimés des entreprises d’informatiques » (Libération 06/09/2006)
Alain GAVAND, Président d’un Cabinet de recrutement et de conseil en management, a investi dans un logiciel élaboré part la société E-manation et il déclare le 13/03/2006 dans un article de Entreprise.com : « le CV anonyme a cela d’intéressant qu’il permet une remise en cause globale des pratiques de recrutement en vigueur dans l’entreprise. Lorsqu’une PME dit c’est trop cher et trop compliqué à mettre en place, c’est faux. Elle n’a juste pas envie de changer ses habitudes de travail ».