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Commentaire de

sur Le Groenland perd cent milliards de tonnes de glace par an


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(---.---.107.66) 27 octobre 2006 14:49

Cédric,

N’ayez crainte, vous ne m’avez pas blessé, tout simplement parce que je n’ai pas ressenti d’animosité ni de mépris de votre part dans vos messages précédents adressés à mon attention. C’est justement suffisamment rare pour que j’aie eu envie de le signaler et de souhaiter que cela continue ainsi, dans la même phrase, ce qui vous a conduit à comprendre le contraire de ce que je voulais dire... Pas grave.

La longueur de votre message fait qu’il est difficile pour moi d’y répondre de façon complète. D’autant plus que la cohérence de l’ensemble m’échappe un peu. Je suis assez d’accord avec l’ensemble des points évoqués. Le climat est régi par des cycles « long termes » d’ordre astronomique, à l’intérieur desquels on trouve une forte variabilité de période plus petite, du « court terme », avec en plus une grande variabilité géographique. Donc les observations à un seul endroit sur seulement 2 ans ne peuvent être représentatives du cas général sur le long terme : le réchauffement global. Votre conclusion est donc que la fonte drastique des glaces de l’Arctique entre 2003 et 2005 ne constitue pas une preuve du réchauffement climatique. C’est vrai et l’article de Luc ne dit pas le contraire (il l’insinue un peu cependant). Ce n’est pas une preuve mais c’est en accord avec ce à quoi on peut s’attendre dans ce scénario de réchauffement climatique.

Pour les climatologues et autres scientifiques qui sont convaincus, dans leur majorité, du changement climatique et de son origine anthropique, ces observations sont une manière efficace d’illustrer le problème (et non de le prouver, ils disposent pour cela d’autres données moins compréhensibles au commun des mortels) et de susciter des réactions, non seulement au niveau du public mais aussi au niveau des décideurs, politiques et autres. Le problème est que le discours « vulgarisé » exige une simplification qui enlève la rigueur nécessaire à la démarche scientifique. Cette rigueur est là à la base, dans les travaux des scientifiques, mais n’est guère accessible au grand public qui ne va pas lire les 500 pages du rapport du GIEC et les publications qui y sont citées.

Je comprends votre besoin de rectifier les articles de Luc par exemple, car en tant que scientifique, vous ne supportez pas que l’on dise des choses qui ne soient pas strictement exactes, mais à trop prendre des pincettes pour dire les choses exactes, on arrive à un discours qui ne touche plus personne, car il donne un sentiment d’incertitude. C’est cela notamment qui explique l’inaction folle des gouvernements jusqu’ici et l’indifférence répandue dans la population (du moins jusqu’au film d’Al Gore qui semble un peu changer les choses) vis-à-vis des problèmes environnementaux, notamment climatiques. C’est tout le travail du GIEC d’essayer de réduire la frontière entre scientifiques et décideurs (afin que la science serve à quelque chose à la fin !), en publiant des recommandations aux décideurs et en simplifiant son argumentation in fine pour que celle-ci soit compréhensible.

Mais des gens comme Claude Allègre cassent toute cette dynamique par leurs déclarations, en mettant en avant la rigueur scientifique absolue, le droit au doute, etc. Ce droit au doute est légitime dans un cadre scientifique mais n’a pas lieu d’être dans la polémique publique, à mon sens. Or c’est dans la sphère médiatique grand public que Claude Allègre évolue ces temps-ci, ce que je trouve irresponsable et déplorable. Je suis en complet désaccord avec sa démarche, qu’il justifie en disant que l’alarmisme incite les gens à ne rien faire. Il oublie que c’est le doute qu’il sème ainsi dans l’esprit des gens qui ne sont pas des scientifiques (professionnels, j’entends) qui est la base même de l’inaction. J’ai bien dévié du sujet initial, désolé.


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