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Commentaire de J. GRAU

sur Le « Nouveau parti anticapitaliste » ou le retour vers un passé qui ne passe pas


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Jordi Grau J. GRAU 10 mars 2009 13:02

Bonjour.

Il faut évidemment être très prudent à l’égard de tout parti politique, qu’il soit révolutionnaire ou non. Je tiens d’ailleurs à préciser que je n’appartiens à aucun parti. Mais l’analyse de M. Quatremer ne me satisfait pas entièrement. . D’abord, il me semble faire parfois un procès d’intention au NPA. Par exemple, il écrit :

Donc, il faut « en finir avec l’exploitation, donc avec la propriété privée des principaux moyens de production, d’échange et de communication, qui en constitue la base. Le système financier, les services essentiels à la vie, les grandes entreprises devront passer sous le contrôle des salariés et de la population ». Par la population, cela veut dire par l’État, évidemment. Et dans une société de services comme la nôtre, cette nationalisation ira forcément très loin puisque le secteur secondaire n’est plus dominant comme au début du siècle dernier.

La lecture que fait M. Quatremer du programme du NPA est réductrice, puisqu’il ne parle que de nationalisations, alors que le NPA parle aussi et d’abord de faire passer les grandes entreprises "sous le contrôle des salariés". Entre l’étatisation et la propriété privée des moyens de production, il est toute une gamme d’appropriation sociale des entreprises...

Autre exemple :

De toute façon, l’État NPA sera totalitaire puisqu’il s’agit de faire le bien du peuple. La liberté de pensée n’a qu’à bien se tenir : «  une critique radicale du système capitaliste, sérieuse et cohérente, ne peut se faire sans critique radicale de la culture, de l’art et des médias puisqu’ils sont les verrous de l’idéologie dominante et, par conséquent, un obstacle important à l’émancipation de toutes et tous. La société libérée du capitalisme garantira l’accès de tous les individus à ces productions et mettra fin à leur marchandisation. La réappropriation démocratique de la culture, de l’art, des médias est un enjeu de premier ordre ».

Là où le programme du NPA parle de "réappropriation démocratique", M. Quatremer parle de totalitarisme. Peut-être a-t-il raison. On sait bien que les politiciens (révolutionnaires ou non, encore une fois) disent souvent le contraire de ce qu’ils ont en tête. Il n’empêche que la lecture de M. Quatremer est une interprétation fort contestable. Vouloir changer radicalement l’économie des média et des biens culturels n’est pas forcément vouloir un recul des libertés. Force est de constater que le système actuel n’est que très partiellement démocratique. Un exemple mille fois cité mais significatif : la manière dont la plupart des media (y compris France Culture) a fait une propagande massive pour le traité constitutionnel européen en 2005. On a bien vu à cette occasion à quel point les journalistes influents (chroniqueurs, rédacteurs en chef...) étaient déconnectés de la population et tentaient de la manipuler grossièrement.

Dernière remarque : il est facile de ridiculiser des idées inhabituelles, cela ne veut pas dire qu’elles sont totalement sottes. Exemple :

Par quoi serait donc remplacée l’Union européenne ? Par un miracle digne de la multiplication des pains, « toute victoire anticapitaliste en France ou dans un pays voisin aurait immédiatement vocation à s’étendre en Europe et plus largement dans le monde ».

L’analyse du NPA est peut-être un peu naïve, mais elle n’a rien à voir avec la croyance en la multiplication des pains. Si je l’ai bien comprise, elle part d’un constat sur lequel M. Quatremer lui-même semble d’accord : à moins de transformer la France en une nouvelle Corée du Nord, il est impossible d’y produire un changement durable sans modifier profondément les institutions et la politique européennes. C’est pourquoi le NPA espère - peut-être à tort - une contagion des idées révolutionnaires. Or, il n’est pas ridicule d’espérer une telle contagion. Les exemples historiques abondent : 1848, 1917, 1968... Face une crise grave - comme celle que nous vivons actuellement - il suffit souvent qu’une révolution ou un grand mouvement social survienne dans un pays pour susciter de l’espoir et de la combativité dans d’autres pays. Maintenant, que de tels bouleversements aboutissent nécessairement à un progrès social et démocratique, rien n’est moins sûr ! Mais cela est un autre problème...


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