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Commentaire de Reinette

sur Le « Nouveau parti anticapitaliste » ou le retour vers un passé qui ne passe pas


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Reinette Reinette 11 mars 2009 11:22



JOURNALISTE DOCILE

QUAND LIBÉ S’OFFRE À L’ÉPOUSE DU CHEF DE L’ÉTAT



LE SAMEDI 21 JUIN 2008, le quotidien Libération a consacré six pages (dont la une) à l’épouse du chef de l’État français. Il ne s’agit bien sûr pas d’une « opération de communication au profit » de l’épouse du chef de l’État français, comme le craignait la Société civile des personnels de Libération (qui voit le mal partout), mais d’une « idée journalistique et intéressante » – comme l’explique sans rire Laurent Joffrin (qui ose absolument tout).

De fait : Libération fait ce jour-là, auprès de l’épouse du chef de l’État français, une lourde moisson de scoops interplanétaires. Elle serait ainsi : « Épidermiquement de gauche ». Ça veut dire qu’elle est, politiquement, un peu nunuche : de gauche, parce qu’il faut bien vivre, mais sans réfléchir. Elle-même, d’ailleurs, le confesse bien volontiers : elle est, pour le coup, « ignorante ». Mais à bien y regarder, cette sympathique simplicité lui permet de justifier, posément, l’injustifiable. (Tu vas voir, c’est assez gonflé.)

Invitée à donner son avis sur une photo qui montre, justement, une famille de sanspapiers, (Noirs, il va de soi.) elle trémole, d’abord : « J’aimerais qu’on les traite de façon humaine ». Puis elle réfléchit un peu, dominant son épiderme gauchiste. Et elle ajoute : « En même temps, je comprends que sur un problème aussi énorme, on soit obligé de généraliser ». Je suppose que tu as compris le double message ? Un : les sans-papiers sont un (gigantesque) « problème » – ainsi que l’a maintes et maintes fois proclamé (crânement) le chef de l’État français. Deux : si on se laisse aveugler par trop de sentimentalisme, on a pour eux de la sympathie, mais dès qu’on y pense un peu sérieusement, on réalise que le régime est bien « obligé » de « généraliser » la solution de ce « problème » – par la reconduction massive des clandos émouvants.

C’est pas difficile à comprendre, et d’ailleurs, elle te le répète, pour le cas où tu n’aurais pas bien saisi : elle « pense que c’est tragique d’être reconduit à la frontière lorsqu’on cherche une terre d’asile », mais, tout de suite après, elle « pense », également, « que c’est extrêmement complexe de légiférer sur l’immigration ». (N’en déplaise aux tristes sots qui pensent que non, ça ne doit pas être si « complexe » puisque le chef de l’État français, depuis quelques années, ne fait pratiquement que ça.)

Du coup, l’épouse du chef de l’État français peut glisser qu’elle « aime beaucoup » Brice Hortefeux, « en tant que personne », mais que, « en tant que ministre », elle « ne le jugera pas ». Naturellement, il y a, là encore, sous l’apparence de la désinvolture, un message éminemment politique : Brice Hortefeux est deux. Brice est carrément sympa. Hortefeux planifie cependant une chasse inédite contre un gibier humain dont la seule faute est de n’être pas né au bon endroit. Mais on ne va pas le juger pour si peu (surtout quand on est ignorante).

Quand Libération s’offre à l’épouse du chef de l’État français ? C’est du travail de pro. Et même : de propagande.

Libééé, bééé, bééé


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