Vous avez tout à fait raison de souligner cette différence. La fraternité selon Debray est largement une fraternité de combat, même si bien sûr elle va de pair avec une ouverture vers l’autre.
La vision de la fraternité selon Bayrou est influencée par deux éléments : sa vision chrétienne, pour qui tout homme est votre frère, et l’expérience de Gandhi, dans le dépassement des castes. Cela explique son idéal humaniste à vocation universelle, et aussi sa vision politique : pour lui, la France, et l’Europe, ont une vocation, au moins culturelle, universelle.
Ceci dit, l’idéal est par définition inatteignable, mais le chemin proposé est certainement différent. C’est ainsi que l’on pouvait voir lors de cette émission la fracture entre la vision du clivage droite-gauche, dfendue par Nicolas Sarkozy lors des élections européennes de 1999, et celle du dépassement de ce clivage chez Bayrou lors de ces élections, une séquence très révélatrice.
Ce clivage très intéressant était souligné par Olivier Duhamel notamment : comment remporter une élection sans s’appuyer sur un corps électoral qui vous est acquis (votre camp). La réponse de Bayrou à cette question illustrait bien sa vision universaliste. Reste bien sûr à savoir si cela demeure du domaine de l’utopie...