C’est assez amusant de voir comment un collectiviste coercitif comme Sisyphe traite la question de la "propriété intellectuelle". On le dirait tout à coup converti à une forme étrange du droit de propriété, droit qu’il a généralement tendance à nier quand il concerne les ressources matérielles, ressources rares.
Pour ces dernières, on s’accorde le pus souvent à penser que le droit de propriété est la bonne manière de résoudre les conflits.
Mais une idée (je généralise) est-elle une ressource rare ? Autrement dit, si tant qu’elle n’est pas divulguée elle est bien la propriété de son inventeur, que se passe-t-il lors de sa diffusion ? Instruit par une idée, puis-je me l’ôter du crâne ? Le fait que je la connaisse ôte-t-elle quelque chose à son inventeur ? Non, et non. L’inventeur est bien le propriétaire de l’objet qui incorpore l’idée, mais plus de l’idée elle-même. D’ailleurs pour en être propriétaire il faudrait qu’il puisse rendre la connaissance qui a permis l’émergence de cette idée. Proposition farfelue à l’évidence.
Il ne s’agit pas d’exproprier l’inventeur, mais plutôt d’empêcher l’expropriation de la société, qui dans son héritage possède tous les éléments utilisés pour réaliser les inventions. Une idée est réellement un bien de la société.
Une autre approche de cette question consiste à s’apercevoir que le propriétaire d’une chose est le seul responsable de la manière dont il la protège, et que le droit doit se borner à le soutenir dans ce but pour peu qu’il ait pris des mesures effectives pour se protéger.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les intérêts contradictoires de l’auteur et de son éditeur, sur le monopole temporaire que donne le fait d’avoir eu une idée, sur la morale du souci d’originalité et de sa prétention, etc.....
Droits d’auteur, brevets, sont en fait le résultat d’une demande de rente par ceux qui sont les mieux placés auprès de l’Etat dispensateur de faveurs, et chacun lutte pied à pied pour ne pas avoir à subir la concurrence.