Blue templar vous m’avez très mal lu ou avec des idées préconçues
- ma théorie ne repose pas comme vous voulez le faire croire sur l’image de pente glissante ou sur le factuel, chose que je déteste. Il y a des faits, mais il y a dabord des constats et des comportements dont on peut tirer des conclusions. L’une des première est qu’il faut trouver un moyen, sans atteindre aux libertés individuelles, de lever le sentiment d’impunité qui transforme internet en un espace incivique. L’incivilité n’est pas un espace de liberté, elle est au contraire un espace de dictature où règne la loi du plus fort, du plus violent, du plus gueulard, de celui qui saura mettre le plus la pression sur l’autre. Internet est aussi dangereux pour cela, c’est que vous exprimez vos idées devant tout le monde avec le phénomène traditionnel de suivisme des plus grandes gueules. Le piratage via P2P c est de la contrefaçon ordinaire, comme certains font du racisme ordinaire. On nous fait croire que ce n’est pas grave, alors que c’est la mise en place d’une logique. Qui aboutit au texte d’aujourd’hui, notamment. Quand une logique de fraude supplante une logique de respect de la loi, c’est que la logique est devenu le paradigme principal. Si l’on réinstaure la conscience de la fraude et que l’on tempère la barrière de l’anonymat (qui n’a jamais été une liberté individuelle, sauf à considérer que toute activité individuelle rentre dans la sphère de la vie privée, soit dit en passant) on change les repères et les fondements de la pensée axiomatique. En d’autres termes, on remet les pendules à l’heure, c’est ce qui arrive quand elles sont franchement déréglées. Si vous ne voulez pas de police, ne la rendez pas nécessaire par vos actes.
Egalement ce ne sont pas les distributeurs qui sont intéressants dans le cadre du livre, mais bien les editeurs. S’affranchir des libraires, quel intérêt ? Ce ne sont pas eux qui "font obstacle" la diversité des oeuvres. Par contre, faîtes bien attention à la différence entre "première mise en circulation" et le reste : la première mise en circulation ne peut être faîte que par les titulaires de droit. En revanche, la revente des supports matériels écrits est autorisée. Cela ne peut en aucun cas être assimilé à ce que font les éditeurs ou les distributeurs.
Pour le reste je ne peux rien pour vous si vous n’avez pas la possibilité de tirer des déductions en fonction des faits qui vous sont présentés. Mais je vais reprendre ma reflexion avec des mots simples pour que vous puissiez la suivre et ainsi me donner votre très estimable avis.
Logique 1.A.
disparition des droits de PI = disparition des revenus pour les auteurs
disparition des revenus pour les auteurs = disparition des auteurs professionnels, experts, philosophes, penseurs
disparition des auteurs professionnels (etc...) = disparition des livres d’expertise, de réflexion, de philosophie, de pensée dans leur diversité
Logique 1.B.
augmentation des oeuvres collectivistes participatives = augmentation des compromis
augmentation des compromis = recul des individualités du fait du regroupement d’auteurs des mêmes spécialités (ou pire de non experts)
recul des individualités = recul de la diversité des voix et donc du débat et donc des zones d’achoppement et de réflexion
= élaboration progressive d’une "vérité issue de la creation collectiviste participative" (du parti ?)
Logique 2.
Disparition des droits d’auteur = disparition des rémunérations suffisantes pour les auteurs
= disparition des auteurs sans moyen (écrire est un investissement)
= dissolution dans la masse indistincte des productions non contrôlées (puisqu’on a fait sauter les editeurs qui forcément ne s’y retrouvent plus financièrement et ont donc fermé boutique)
= nivellement par le bas de la production artistique et intellectuelle par l’absence de filtrage, d’originalité, de perception d’auteurs de référence ou d’autorités dans les domaines considérés (puisque les professionnels qui n’ont pas de retour sur investissement sont partis)
= seuls ceux qui ont de l’argent et qui ont un intérêt personnel écrivent des bouquins parcequ’ils savent qu’ils peuvent en assurer la promotion et qu’en plus ils pourront tirer profit des conséquences politiques provoquées par la diffusion de cette pensée.
En gros, la fin des droits d’auteur provoquera la situation suivante : un raz de marée d’oeuvres médiocres qui submergeront les ouvrages de qualité prisonniers des torrents boueux. Une obligation à l’auto promotion des textes qui se fera dabord au service du pouvoir ou de ceux qui auront un intérêt idéologique et politique. La baisse sensible de la qualité des ouvrages et de leur expertise au profit d’un "savoir universel" collectiviste et médiocre qui ne permettra jamais un degré de connaissance suffisant à ceux qui souhaitent se lancer dans la recherche. En bref, ce sera la fin de la culture comme nous la connaissons au profit d’un savoir minimum basique et vain sauf pour les soirées mondaines.
A ce titre, j’ai donc très bien compris le texte. C’est juste que je vais un peu plus vite que vous, c’est tout.