Je crains que ce que nous décrit Martin de Bruxelles ne risque plutôt de ressembler à une MEDIOCRATIE, tant il nourrit l’opinion qu’une démocratie consiste à attribuer un pouvoir le plus direct possible au citoyen apte à décider de tout, comme si tout un chacun avait en lui la lumière suffisante et la technicité nécessaire à la diversité des domaines qui de nos jours ont une incidence sur notre vie. Et ajoutons à cela la superposition des nombreux échelons de décision, depuis la commune jusqu’à la communauté de Nations que forme l’Europe.
Le système représentatif qui consiste à déléguer à quelqu’un jugé – à tord ou à raison - de plus qualifié, s’il n’est pas parfait s’accommode en tout cas au mieux de cette indispensable nécessité de divisions des tâches inhérente à une société moderne à la fois complexe et techniquement très évoluée.
La vie ne s’organise pas selon un tel schéma arithmétique où la raison serait l’apanage du plus grand nombre, mais plutôt suivant un compromis d’équilibre, dans une dynamique de forces à la fois concordantes et centrifuges, qui se traduit politiquement par l’adhésion autour d’un leader capable de formuler et de porter le plus haut possible les valeurs du groupe, déclinées ensuite en actes plus concrets.
Si la totalisation d’une grande somme d’opinions subjectives a des chances de tomber juste pour la désignation (souvent intuitive) d’un représentant charismatique, cela sera plus difficile si chacun doit décider non plus d’une stratégie d’ensemble mais des diverses tactiques au coup par coup.
C’est bien de vouloir lutter contre les vices cachés de nos démocraties qui trop souvent sont kidnappées par des oligarchies de privilégiés, et réduites à des luttes de pouvoirs entre différents lobbies, etc.... et il est intéressant d’avoir souligné qu’il n’y a pas de liberté sans règles - et on voit bien à quel point trop de lois tue la loi et donc tue la démocratie. Mais la solution idéale ne consistera pas pour autant à remplacer l’aveuglement de la minorité des plus puissants par une autre myopie pire encore, celle de la majorité des plus nombreux.
Je dirais pour faire court que la démocratie pourrait se résumer ainsi : se fixer cet objectif
"un pour TOUS et tous pour UN ".
Mais il y a encore du pain sur la planche.