http://westdemian.blogspot.com/2008/10/y-t-il-un-journal-dans-agoravox.html
Friday, October 17, 2008
Il y a peu, on disait "Qui ne connaît pas Agoravox ?" en exagérant la notoriété du site et conformément aux comportements des start up et des bulles informatiques. Aujourd’hui, on se contente de regarder l’effet de traîne de ce qui semble une esthétique de la disparition de ce journal, qui vire à la collection de pensées marginales et ésotériques, qu’il faut bien reconnaître assez délirantes.
Mais pas sur le mode des fanzines des années 70 ou underground, non ! il s’agit manifestement d’une sorte de dérive, qui était déjà perceptible dès le dispositif de création du journal en 2005. Car, il faut cesser de rêver, ce sont tous des robots qui gèrent ce journal au jour la journée.
C’est clair ! il suffit de s’inscrire comme rédacteur avec une adresse e-mail, tout ce qu’il y a de plus bidonske, et vous voilà inscrit rédacteur et commentateur, sans aucune vérification de vos compétences de jardinier ou du docteur ès bricolage nucléaire pour bien-discuter de couture, par exemple.
En fait, vous êtes prêt à verser à grandes louches d’épicier de la grande distribution votre journal personnel et intime balancé au lecteur qui croit y lire le fameux journalisme nouveau. Quand c’est de la feuille de chou sortie recta par le trou personnel et que souvent elle ne sent pas bon. Il suffit de lire pour s’en rendre compte des traces brunes des chemises qui s’y expriment genre Stalina qui a fait un beau voyage dans les Allemaignes des années 30.
Jugez-en ! depuis ses débuts, on s’y bat dans ses forums autour de l’islam et des choses de curetons de choc laïc, et sans laisser depuis des années qui sont une véritable guerre de tranchée, qui n’a pas bougé d’un pouce moussu. Tout simplement, parce que ceux qui s’adonnent à ces joutes férocement excessives viennent pour ça, et qu’ils sont heureux que ça ne change pas. Ils viennent pour la baston, dirait le joueur de hockey qui aime outrement décompter les tombales du score au tableau d’honneur des mortesmédailles.
Et, pour gérer ces équipes, il n’est d’utile que quelques robots informatiques qui laissent ronfler ces luttes d’intestin. Et pour attirer le passant vers les encarts publicitaires, qui doivent rapporter peu en matière d’infos citoyennes. On me le concèdera aisément.
Les mêmes robots décident aussi de la censure programmée. Car il suffit qu’un auteur ciblé par les programmes apparaisse, et aussitôt il se voit amputé de tous ses membres de commentaires et son compte rédacteur vitement détranché, puis il est interdit de site, ce qui est un achèvement de politesse webique. Ce que tous et même ses contradicteurs finissent forcément par le voir, et ce qui réconcilie tout le monde contre ces robots-mêmes qui ne voient toujours rien d’humain, même 40 ans après "2001 Space Odissey" et son sémillant Karl à la voix chaude de parrain de l’espace, et pour cause...
C’est un dispositif tellement bête ou robotique, qu’il suffit à l’interdit bientôt dissident du journalisme citoyen —ce qui la fiche mal au salon d’Edwige— qu’il aille vers son compte e-mail orange pour créer une nouvelle adresse au nom de
[email protected]r pour tenter à nouveau d’être rédacteur sur Agoravox et ça marche fissa, comme une lettre au pote robot, qui n’y voit que poudre odieuse qui le zappe par toutes ses narines bluffées à la coke de Gstaad.
Mais auparavant, il y faut bien virer ses cookies de sa machine à troller, certes.
C’est là qu’on se rend bien compte, que le proprio du site est dépassé par sa machine-même. Tiens ! on dirait un titre d’une oeuvre dada de Marcel de la famille Duchamp, de très bon lieu.
Car le proprio n’est pas un robot, il doit se reposer, faire ses courses, visiter ses familles recomposées et post-divorcées etc. Il doit aussi surveiller ses employés qui doivent bien rester insensibles ou aveugles face à la censure qu’ils diffusent et qu’ils la couvent pour sauvegarder la boutique du magasin et toutes apparences de journal.
Il reste que la critique littéraire et artistique, encore libre en France, nous autorise vastement et largement à dire qu’il n’est plus beaucoup de susbstance de journalisme dans cette Agora-là. Puisqu’il ne fût jamais de coutume en France que le journalisme ou la libre pensée fussent cadrés par des robots dictés ou programmés vers la pensée unique et première. C’est-à-dire vers une pensée mécanisée sans raison seconde ou sans jugement moral ou éthique, qui saurait finalement corriger l’impression première et trop brutale.
Quand le journalisme ne porte plus la nuance, c’est qu’il a disparu.
Demian West