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Commentaire de docdory

sur La culpabilisation des esprits, cette stratégie multiséculaire de l'Église catholique, mise en échec


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docdory docdory 30 mars 2009 16:22

 Cher Paul Villach

Il faut avant tout considérer les religions , quelles qu’elles soient , comme des entreprises commerciales . En effet, elles vendent toutes un produit, doté d’un mode d’emploi, dont le non respect entraîne une exclusion de garantie, produit qui leur rapporte de l’argent et en coûte aux utilisateurs, et, par ailleurs , les religions veulent toutes conquérir des parts de marché .
Toute entreprise commerciale a trois rêves :

- 1°) avoir des " clients captifs " . L’exemple type est celui de l’acheteur d’une cafetière à dosettes genre " Nespresso " : il se retrouve obligé , pour rentabiliser son coûteux achat , d’avoir recours exclusivement à du café de la marque Nestlé , puisque, faute de standardisation, les dosettes d’autres marques, ou le simple café moulu du torréfacteur de sa ville, ne fonctionnent pas avec sa cafetière. Une autre façon d’avoir des " clients captifs " , c’est de vendre un produit fortement générateur d’accoutumance ( exemple : les clients des cigarettiers , ou le toxico et son dealer ).

- 2°) avoir un produit nécessitant obligatoirement le recours régulier au service après-vente, mais ne présentant aucun risque de recours contentieux liés à la non-exécution des obligations de résultat du fabricant .

- 3°) Mais le véritable Graal de l’entreprise commerciale , c’est d’avoir des " clients légalement contraints " : l’exemple type , c’est la victoire éclatante obtenue par les fabricants de gilets jaunes réfléchissants et de triangles de présignalisation, qui ont vus leurs chiffres de vente ventes multipliés par cent ou mille dès lors que ces accessoires inutiles sont devenus une obligation légale .

Quel est ce produit que vendent les religions ? Il s’appelle " la vie éternelle " . En effet , la plupart des êtres humains détestent par dessus tout l’idée d’avoir à mourir un jour. Par conséquent, ils sont très demandeurs de tout ce qui pourrait prolonger leur existence ou leur aspect jeune, et encore plus intéressés par l’idée de ne pas mourir du tout , ou de revivre après la mort. Autant dire que le nombre des clients potentiels des religions est pratiquement égal au nombre d’êtres humains sur cette planète !
Pour bénéficier du produit " vie éternelle " , il convient de suivre un " mode d’emploi" , qui se trouve non pas sur un dépliant , mais dans des " livres sacrés " . Ce mode d’emploi consiste à suivre un certain nombre de règles plus ou moins arbitraires et contraignantes, en particulier dans les domaines alimentaires , vestimentaires et sexuels, règles pouvant aller jusqu’à d’horribles mutilations rituelles ( circoncision, excision ) , dont le suivi intégral et scrupuleux conditionne le résultat final ( l’obtention du produit " vie éternelle " ). Les actions respectant le mode d’emploi étant qualifiées de " bonnes " et les autres étant qualifiées de " mauvaises " ou de " péchés " ( au choix ). Le client d’une religion devient rapidement un " client captif " : en effet , les préconisations des " livres saints " ( mode d’emploi ) sont de se rendre régulièrement service après vente ( les offices religieux ) afin de bénéficier des services d’un technicien de maintenance ( appelé prêtre ) , service qui sera, on s’en doute, régulièrement facturé ( denier du culte, taxes religieuses en cas de religion d’Etat, etc... ) .
 Bien entendu , les morts ne pouvant pas porter plainte pour inexécution du contrat ( c’est à dire l’absence de vie éternelle ), et celle-ci étant invérifiable par les vivants, le service contentieux est superflu ! 
 Mais pour qu’un client de religion soit réellement captif, il faut qu’il soit dépendant d’une religion en particulier ( de la même façon que , pour le cigarettier , le client ne devient intéressant que lorsqu’il devient consommateur exclusif de la marque de cigarettes du fabricant ) .
 Pour une religion , le " croyant " qui croit simplement que " dieu " est une espèce d’énergie cosmique à l’origine de l’univers est un client sans intérêt : en effet , ce client ne se rendra pas aux offices, sauf pour les mariages et enterrements , n’adoptera dans les règles religieuses que celles qu’il approuve, et ne verra pas d’objection à ce que sa progéniture soit athée ou épouse quelqu’un d’une autre religion, d’où non renouvellement de la clientèle. 
Par contre , ce qui intéresse au plus haut point une religion, c’est le fidèle intégriste. Pour celui-ci , la crainte de ne pas respecter le mode d’emploi devient une véritable névrose obsessionnelle : il ne ratera jamais, de peur de louper la vie éternelle, au choix , une messe ou une prière à la mosquée , demandera à l’Etat des " accommodements raisonnables " qui l’empêcheront de se mélanger au reste de la population ( vêtements spéciaux , menus spéciaux pour les enfants à la cantine ), tyrannisera sa famille pour que celle-ci observe tous les rites, interdira à ses enfants des " mariages mixtes " sources de dilution de la religion, donnera beaucoup au denier du culte ( on ne sait jamais , ça peut augmenter les chances de vie éternelle ) et passera son temps à demander des conseils au prêtre, auquel il aura recours pour diverses cérémonies lucratives ( baptêmes , communions ,mariages , enterrements etc ..
Pour une religion , les fidèles intégristes constituent un précieux noyau dur . Pour s’assurer qu’un tel noyau soit effectivement dur, rien de tel que de donner des consignes difficiles à suivre . Pour certains patients , les " remèdes " sont d’autant plus efficaces que la potion est amère ou les comprimés de mauvais goût . Pour les intégristes , plus les contraintes à suivre sont importantes , plus le produit " vie éternelle " leur paraît assuré ! 

 Mais les religions ont également un deuxième client potentiel , c’est l’Etat . Rien n’intéresse plus un gouvernement , surtout ci celui-ci est autoritaire , que des citoyens dociles et disciplinés . Par exemple , faire respecter l’ordre dans les banlieues sensibles en le sous-traitant par des imams et en y favorisant financièrement , au mépris de la loi, l’implantation de mosquées, coûte moins cher que d’y tenter de rétablir le fonctionnement républicain normal par une éducation digne de ce nom et une police de proximité efficace . C’est l’éternelle alliance du politique et du religieux que Sarkozy a essayé de renouer à Riyad et Latran , en ébranlant l’édifice de la laïcité . C’est pour cela qu’il y a un intense lobbying religieux pour que soit enseigné le prétendu " fait religieux " dans les collèges ( si possible en obtenant la sous-traitance de cet enseignement par des " intervenants extérieurs " religieux ! ) . C’est pour cela également qu’il y a un intense lobbying de toutes les religions pour que soit établi, à l’échelle planétaire , un délit de diffamation des religions ( le grand projet de la conférence onusienne de Durban 2 ) .
 Pour une religion , le rêve est évidemment de devenir religion officielle, ou religion d’Etat, et , encore mieux , de devenir religion obligatoire avec police religieuse et persécution des contrevenants comme en terre d’islam.
La grossière erreur stratégique des autorités catholiques, dans leur évidente tentative actuelle de reconquête d’une clientèle et de privilèges perdus, est d’avoir préconisé des " méthodes " clairement opposées , sur la question du préservatif, aux intérêts de l’Etat , lesquels sont d’éviter la fort coûteuse propagation de l’épidémie de SIDA ! C’est pourquoi l’Etat a réagi beaucoup plus violemment à l’histoire des préservatifs " inefficaces " qu’à celle de l’excommunication ...


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