Bien vu
Cette virtualité ne serait-elle pas le pendant d’une élection, puis d’une présidence bâtie comme une campagne permanente, se fondant essentiellement sur la communication, destinée à construire l’image d’une action, sans que celle-ci soit nécessairement corrélée à une réalité effective. Action nulle justifiée par des chiffres, le plus souvent manipulés, et des discours fermes et simplistes que ne semble relayer aucune volonté concrète, comme s’il suffisait d’affirmer pour « assurer » : ainsi par exemple l’échec total d’une politique de traitement de la délinquance basée principalement sur la répression, qui voit croître continûment le nombre d’atteintes aux personnes.
Derrière le président virtuel se cache un homme d’image pour lequel cette image de lui paraît n’être pas qu’un moyen, comme il est désormais de mise dans la politique spectacle, mais une fin en soi. L’image d’un homme important qui fréquente les grands de ce monde, mais tojoursen quête de leur reconnaissance (comme un écolier de sa génération pouvait convoiter une image : troublante scène surprise au G20 du petit Nicolas fort contrarié d’être ignoré par le « maître d’école » Obama).
Cet homme semble vouloir croire par dessus tout à cette image de lui, et que l’image que l’on peut donner de soi suffit pour exister et pour convaincre autrui qu’on existe. Il semble en permanence s’atteler d’abord à construire cette image, à la renforcer lorsqu’elle s’effrite, et courir éperdument après ce mirage fuyant. Dans un théâtre vide, parce que vidé d’un public qui n’est déjà plus dupe, il donne à voir une représentation dont il reste le seul spectateur. Hélas, jusqu’à quel point le sait-il ?