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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Luc Ferry ou la recherche d'un nouvel humanisme


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 avril 2009 16:33

Merci de ce résumé de la thèse de L. Ferry.
Votre pessimisme terminal, en forme de critique partielle, me semble trouver sa source dans la thèse de l’auteur : l’optimisme de Luc Férry relève, à mon sens, d’une double difficulté  :

1) celle qui prétend fonder l’amour universel de l’homme-dieu, le prochain, sur un sentiment qui ne relèverait d’aucune révélation divine transcendante, d’aucune foi dans un principe sur-humain, alors même que cet amour n’a de sens précisément humain que dans la particularité : personne ne peut humainement aimer identiquement tous les hommes, sans distinction : aimer c’est toujours distinguer les amis des non-amis. Kant le savait qui distinguer une amour idéalement purement rationnel (universel) d’un amour réellement toujours pathologoqie (affectif) et particularisant

2) Or cette distinction pour Kant, est au fondement de la justice et du droit. Etre juste ce n’est pas aimer, mais c’est reconnaître et respecter des droits identiques chez qui on aime et chez qui on n’aime pas, voire chez qui, affectivement, on déteste ! Il est curieux de constater que L. Ferry, grand lecteur de Kant, semble en oublier cette distinction et prétende fonder la politique c’est à dire la justice sur l’amour pathologique, sans même avoir recours au surhumain pour cela, comme si tout homme pouvait sans la grâce divine accéder à la sainteté.

La position de Benoit XVI à propos du préservatif et de l’abstinence est moins irrationnelle, car lui croit pouvoir affirmer, au contraire d’Augustin, que tous les hommes peuvent recevoir la capacité par la grâce divine d’ advenir à la sainteté, au point de ne plus pécher ici-bas, à condition de croire suffisament dans le cadre d’une raison éclairée par la foi en Dieu et non pas seulement en l’homme, fusse-t-il appelé homme-dieu !

De deux chose l’une :

- soit on croit en un dieu surhumain, voire inhumain, et on peut croire en la possibilité d’un amour universel et donc juste ici-bas (et encore cette position peut être chrétiennement discutée, cf Pascal)

- soit on refuse ce recours à un Dieu surhumain et alors il faut distinguer, voire opposer, amour et justice.
Lire Amour et justice
Relire le texte de Kant : "La religion dans les limites de la simple raison."


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