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Commentaire de epicure de samos

sur Une bougie pour Yvan Colonna


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epicure de samos 9 avril 2009 14:53

Cher Philippe Antonetti,

Ma « prétendue démonstration » comme vous dites ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit et mon commentaire est simplement l’expression de l’idée que je me fais de cette affaire.

Vous affirmez que le jour de l’assassinat du préfet, « Colonna est simultanément en deux endroits distants de 50 km » ce qui est faux.
Trois hommes (Maranelli, Ferrandi et Alessandri) et une femme (l’épouse de Ferrandi) affirment que Colonna était bien avec eux le soir de l’assassinat, affirmations qui ne leur ont pas été extorquées sous la torture et qu’ils ont maintenues pendant 18 longs mois avant de changer — miraculeusement ? — de version…
Sans doute le délai de réflexion nécessaire à la manifestation d’une vérité… fluctuante.

Si vous lisez bien mon commentaire précédent, je ne passe pas sous silence les mensonges des enquêteurs et je vous concède volontiers que le sémillant Marion n’est pas ce que l’on pourrait appeler un homme de confiance et que les flics de la DNAT ne sont pas des enfants de chœur…
Cependant, et pardon de me répéter, les aveux circonstanciés de Maranelli, Ferrandi et Alessandri sont là et bien là.
Et ils accusent tous Colonna d’être le tueur du préfet…
 
Je ne sais pas où vous avez déniché que la juge Le Vert remet « en cause la version officielle des 3 tueurs » mais elle le fait si bien que les avocats de Colonna — sans doute pour s’en faire une alliée — portent plainte contre elle ( et contre Bruguière et Thiel) au motif que ces trois juges chargés de l’instruction de l’affaire Erignac, auraient fait obstacle à la manifestation de la vérité en ne versant pas au dossier des écoutes favorables à leur client… Les avocats de Colonna leur reprochent d’avoir « détruit, soustrait, recelé ou altéré des documents publics de nature à permettre la manifestation de la vérité ».
Versées aux débats après la désertion de Colonna et de ses cinq avocats, ces écoutes, réalisées entre décembre 1998 et mai 1999, démontreraient que contrairement à la version que donne le très antipathique Marion ( « Colonna n’était pas une priorité pour moi »), les enquêteurs avaient connaissance de contacts fréquents entre Colonna et plusieurs membres du commando avant leur interpellation…
Etranges comportements pour des hommes qui s’en veulent à mort au point qu’ils accuseront bientôt Colonna de faits dont il serait innocent.

Vous écrivez que « les témoignages des gendarmes de Pietrosella démontrent la présence de conjurés supplémentaires » ce qui est peut-être vrai dans l’affaire de l’attaque de cette gendarmerie et dans le vol de l’arme qui servira à tuer le préfet mais ne prouve rien quant à l’innocence de Colonna concernant l’assassinat proprement dit.

Contrairement à ce que vous écrivez, je ne prends pas pour argent comptant la version de l’accusation mais je me contente de fonder mes réflexions sur l’existence (et, jusqu’à preuve du contraire, la véracité) des aveux de Maranelli, Ferrandi et Alessandri.

Vous estimez que je « dénigre » Marie Ange Contard mais je renvoie seulement aux propos qu’elle a tenus dans ses premières dépositions et qui ont bien changées comme démontré dans le commentaire que j’ai posté précédemment.
J’ajoute que l’histoire judiciaire de la Corse (et pas seulement celle du nationalisme) est pleine d’exemples de faux témoignages, de subornations de témoins et de rétractations inexpliquées.

Concernant le témoignage à la barre d’Alessandri, je ne rejette pas la responsabilité de sa non exploitation sur les défenseurs de Colonna mais je renvoie une fois de plus aux multiples variations des déclarations d’Alessandri…
Pour rappel : en 1999, placé en garde à vue, Alessandri accuse Colonna… Il l’accuse pendant 18 mois y compris devant les juges d’instruction… En 2000, il le dédouane… En juillet 2003, pendant le premier procès des assassins d’Erignac, ce n’est plus seulement Alessandri qui jure ses grands dieux que Colonna n’était pas là le soir de l’assassinat mais tous les membres du commando… En octobre, désormais condamné, Alessandri s’accuse d’être le tueur… En 2009, il explique qu’il a accusé Colonna par esprit de vengeance, chose qu’il n’avait jamais dite auparavant…
Ça fait beaucoup de variations pour un seul homme ne trouvez-vous pas ?
Et la question se pose de savoir quel sens Alessandri donne au mot « vérité ».

Je n’élude pas soigneusement « l’ersatz de complément d’information » ordonné suite au témoignage de Vinolas mais j’en donne la seule explication qui vaille à savoir que les avocats de Colonna n’ont pas voulu entendre les deux militants nationalistes mis en cause par Vinolas parce qu’ils savaient pertinemment que rien de favorable ne sortirait de leur audition.

Quant au refus d’une reconstitution que vous mettez au débit de la cour, dois-je vous rappeler que jusqu’à son procès en appel, Colonna a toujours refusé de se prêter au jeu de la reconstitution car, comme il l’expliquait noir sur blanc dans sa fameuse lettre envoyée au RIBOMBU, il ne reconnaissait aucune légitimité à une justice dite « coloniale ».
Sachant parfaitement que Colonna ne s’y soumettrait pas et que de toutes façons, ils ne l’obtiendraient pas, la gesticulation des défenseurs autour de cette demande de reconstitution était donc purement tactique.
 
Pour finir et pour répondre très directement à la critique que vous me faites de mettre mon poids dans le mauvais plateau de la balance, je pense que depuis 30 ans qu’il se manifeste au nom d’un peuple qui ne le suit pas, le nationalisme corse a donné, bien plus que mes modestes et inoffensives réflexions, une singulière image de la justice en n’hésitant jamais à utiliser pour faire valoir ses « idées » , le chantage, la terreur et souvent, très souvent, le meurtre sans jugement préalable.

Cher Philippe Antonetti, comme beaucoup des soutiens de Colonna, vous avez des indignations sélectives.


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