Ce reproche revient régulièrement. Pourquoi SR n’a-t-elle rien dit sur l’adhésion de la Turquie ? Voici une tentative de réponse.
Ségolène Royal n’est pas une simple femme politique en ce moment. Tout ce qu’elle dit, fait le tour du monde. Sur une question comme celle de l’adhésion de la Turquie, il faut être très prudent, à ce stade, notamment si l’on se met dans la peau du futur chef d’Etat français. Car, même si le Conseil européen a décidé le 3 octobre 2005 l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie, la finalisation de l’adhésion dépendra du résultat du référendum français à ce sujet. La France a modifié sa Constitution en février 2005, justement pour faire barrage à un élargissement sans fin (article 88-5). Le nouvel article ne concernera pas l’adhésion de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Croatie, mais il est applicable à la Turquie.
À propos, quelle est la position de Fabius et de DSK sur ce sujet aujourd’hui ? En 2004, Fabius était farouchement opposé à l’entrée de la Turquie, et DSK était pour. Le PS était clairement pour, dans le passé, mais, depuis la modification de la Constitution (et le Non à la Constitution européenne ?), il semble être beaucoup plus prudent à ce sujet. Dans son programme pour 2007, on peut lire ceci : « L’élargissement doit dans un premier temps se limiter à l’examen des candidatures actuelles dans le respect des critères exigés, qu’ils soient démocratiques, économiques ou sociaux ».
Madame Royal sait très bien qu’une fois élue Présidente de la République, elle ne pourra pas contourner le référendum sur la Turquie. Et elle peut, de ce fait, ne rien dire aujourd’hui à ce sujet. Sinon on pourra le moment venu lui reprocher d’avoir influencé la consultation populaire.