MSF et AMI sont effectivement en train de payer pour les autres. MSF a constamment réitéré sa position de neutralité, position abandonnée par bon nombre d’organisations humanitaires, dont la proximité avec le ou les pouvoirs leur permet d’influencer les politiques. L’ironie est le fait que MSF ait reçu le prix Nobel de la paix, puisque l’organisation refuse absolument de se laisser embarquer dans la dérive de la construction ou du maintien de la paix, qui oblige à se positionner par rapport à une des parties. Sans vouloir trahir des tractations secrètes qui pourraient mettre éventuellemenet en danger les quelques humanitaires restés sur le terrain, certaines ONG anglo-saxonnes sont activement et secrètement intervenues pour négocier le mandat d’arrêt contre Bashir. Les autres en payent le prix, sans parler de toute la population du Darfour.
Il faudrait revenir à une version assainie de l’action humanitaire qui englobe aujourd’hui tout et n’importe quoi et en redéfinir l’impératif, car aujourd’hui on met tout dans le même panier humanitaire : le plaidoyer, l’éducation, la construction de la paix etc. tout cela sur le même plan que l’action humanitaire censée sauver des vies, qui devient de plus en plus subordonnée à des objectifs de développement.
Si l’on peut reprocher à l ’Arche de Zoé sa naïveté, on ne peut que déplorer la politisation croissante de l’action humanitaire par des ONG qui n’ont pas l’excuse de l’ignorance.