En fait, le cas de violences policières s’avère très particulier : car a priori, quoiqu’on en pense, elles font partie de l’arsenal légitime de l’usage de la force, à condition que celui-ci reste « proportionné » aux circonstances. Donc effectivement, comme le souligne implicitement l’auteur (dont je ne partage pas, au demeurant, le point de vue général exposé dans cet article, même s’il est fort intéressant, comme son blog POLICEtc
ce cas d’espèce ne serait, en principe, pas punissable, sauf à démontrer d’abord que les violences commises ont été non seulement disproportionnées, donc illégitimes, mais relevant d’un excès qui permet de les condamner pénalement... ce que les tribunaux hésitent généralement à faire (quoiqu’on en pense).
Donc on peut sans grande crainte continuer à exercer sa responsabilité de citoyen en filmant les dérapages sauvages de matraques au cours des manifestations (voire alentours, lorsqu’elles rencontrent malencontreusement sur un quai de gare des collégiens en goguette avec leur professeur).
On peut aussi, certes plus courageusement, intervenir quand quelqu’un se fait agresser devant soi, ne serait-ce, a minima, qu’en utilisant son téléphone pour appeler les secours plutôt que de s’en servir de manière cyniquement voyeuse pour filmer.
D’ailleurs la non assistance à personne en danger est déjà punissable en soi. Mais ce que vise la loi, c’est sans doute à proscrire la promotion médiatique de la violence, sa banalisation par l’image. A bon droit, me semble-t-il, croyant à des valeurs comme celle du devoir de respect mutuel.
Quand aux sujet des « snuff movies », images montrant des scènes de crime prolongées, telles des scènes de viol, d’actes de torture ou de barbarie, il me semble que la question de la nécessaire complicité du voyeur ne fait même pas débat.