• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Christophe

sur La légitimité dévaluée des assemblées générales étudiantes


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christophe Christophe 16 avril 2009 17:29

@L’auteur,

Sans pour autant adhérer aux blocages des fac, ni d’ailleurs adhérer au principe de représentativité appliqué actuellement dans les AG estudiantines, votre article souffre des mêmes maux que ceux reprochés.

En effet, un étudiant ne s’inscrit pas à l’Université pour ne pas suivre les cours. On n’achète pas un billet de train pour ne pas voyager et on ne va pas voir un médecin pour ne pas être soigné.

Argument plus que tiré par les cheveux. Si il est vrai qu’un étudiant ne s’inscrit pas à l’université pour ne pas suivre les cours, un salarié ne signe pas un contrat de travail pour faire grève ni un marin pêcheur ne monte son affaire pour bloquer les ports (pour faire référence à l’actualité). Restons dans des comparaisons au moins similaires.

Et à aucun moment, par aucun biais légal ou réglementaire, l’étudiant qui s’inscrit à l’Université se doit d’adhérer à des mécanismes décisionnaires flous, aptes à s’opposer au projet qui lui tient à cœur. Une telle absurdité ne peut traverser les esprits.

Vision totalement individuelle qui ne prend aucunement en considération que certains puissent penser à autre chose que leurs propres intérêts individuels. Cette hypothèse est une hypothèse falacieuse. Dans ce contexte, comment expliquez-vous l’existence d’associations caritatives où les adhérents donnent sans aucun retour individuel ? Les choix de sociétés ne se limitent pas qu’à une vision à courte vue en fonction de ses objectifs individuels ; bienvenu dans le monde réel ! Cela n’a strictement rien à voir avec les mécanismes décisionnaires par ailleurs, mais concerne un positionnement individuel sur des mesures proposées, voir imposées parfois.

Les assemblées générales qui se pratiquent dans d’autres domaines fonctionnent tout autrement. Une assemblée de copropriétaires est un organisme qui se pose sur une inscription et une adhésion franche de tous ses membres. Il en découle une transparence démocratique remarquable. De même, une assemblée générale de grève dans une usine s’inscrit dans le cadre du code du travail. La qualité des décisions prises découle d’une obligation citoyenne claire et partagée.

Vous faites là totalement fausse route en ce qui concerne le droit de grève. Si pour une assemblée de copropriétaires, il existe un quorum (limite minimale du nombre de votant en proportion du nombre d’inscrits), ce n’est pas du tout le cas des associations ni des AG de grévistes. C’est même pire pour les grèves car elles fonctionnent généralement exactement comme les AG estudiantines. Pour la reconduction d’un mouvement de grève, même bloquant, ce sont les grévistes qui votent, pas les non grévistes.

Pour les associations, lorsqu’une décision doit être prise en AG, tous les membres sont convoqués avec un délai de prévenance suffisant, en effet. Cependant, ceux qui ne se présentent pas et qui sont souvent largement majoritaires n’ont aucun droit de critiquer la décision prise en leur absence. Si ils avaient des arguments à faire valoir, c’est durant l’AG, avant le vote qu’il fallait le faire valoir, après c’est trop tard. J’ai été longuement président d’associations (dont certaines avaient plus de 600 membres) et il n’a jamais été question de reporter aux calendes grecs des décisions qui devaient être prises.

Je vais maintenant prendre dans le désordre.

Pourquoi donc la grande majorité des étudiants ne viennent-ils pas aux assemblées générales dont les décisions les nuisent ? Ils ne considèrent pas que l’assemblée générale soit illégitime puisqu’ils ne se donnent pas non plus le mal de voter par internet. Ils considèrent, tout simplement, qu’ils ne sont pas là POUR ÇA. Qu’ils ne se sont pas inscrits à l’Université pour dépenser leur énergie à œuvrer contre leurs propres intérêts ou pour se consacrer au lourd et pénible travail que suppose contester efficacement les obstinations des assemblées...

Encore une fois, vous bottez en touche afin d’éviter de dire que les étudiants ne vont pas dans ces AG parce qu’ils ne savent pas assumer leurs différences par rapport au groupe présent. Je ne dis pas que c’est facile ; c’est votre argumentation qui l’est. Vous ramenez tout à une vision égocentrique de la politique, ce qui est contradictoire avec la notion même de politique. Qu’ils ne soient pas là pour faire grève, nous sommes d’accord, mais cela n’empêche pas des jeunes adultes d’avoir une pensée politique qui ne se conjugue qu’avec un groupe social déterminé et non pas individuellement.

Les actuelles assemblées générales étudiantes posent un double problème de droit : d’une part, elles éludent la question de la représentativité, et d’autre part, elles s’arrogent le droit d’opérer CONTRE la décision prise par l’étudiant au moment de l’inscription aux études : l’engagement sur la base du programme des cours.

Sur les bases de vos arguments qui ne tiennent pas vous en arrivez à cette conclusion. Quoi d’étonnant ? La question qui se pose, enfin pour ma part, est donc de savoir si réellement vous avez la moindre conscience politique. A priori, oui, sinon vous ne viendriez pas écrire ce billet sur ce site. Par contre, pourquoi ne pas mettre en action cette conscience pour que la majorité écrasante, selon vos dires, puisse s’exprimer en respect des critères que vous jugez ne pas atteindre un niveau de satisfaction suffisant dans le cas que vous critiquez ?

Je reste quand même sceptique quant à votre conscience politique qui ne semble se résumer qu’à vos objectifs personnels ; désolé, mais c’est ce que je perçois dans votre discours. Autant dire que ce type de conscience n’a rien de politique. Il reste donc comme une ambiguité entre le fait de tout ramener à soi (à ses objectifs) et le désir afficher de partager des points de vue dans une discussion avec autrui (ce que vous faite par l’édition de votre article).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès