@Alcodu,
Ce sont les libéraux qui ont aboli l’esclavage par deux fois, avant et après Napoléon.
Si les libéraux ont aboli l’esclavage c’est justement à cause du droit de propriété (Droit de l’Homme) qui rend l’homme seul et unique propriétaire de son corps et des fruits de son travail.
Dois-je vous renvoyer au cercle des économistes pré-révolutionnaires et leur doctrine ? Doctrine reprise par nombre de libéraux. Relisez Le Mercier de La Rivière, Turgot, ... enfin tous ceux que vous considérez comme des libéraux si vous le voulez. Ces gens là n’ont jamais voulu abolir l’esclavage, ils étaient favorables à l’arrêt de la traite des noirs car acheter un esclave en moyenne tous les 4 ans leur coûtait très très cher. En fait, historiquement, nous constatons qu’il s’agissait de substituer au marché des captifs africains un élevage d’esclaves sur place, dans les colonies. Cette doctrine fût reprise par le parti colonial qui appuya la ré-instauration de l’esclavage. Revoyez l’histoire des colonies françaises.
Les Droits de l’Homme tiennent à la Nature Humaine qui est une donnée comme une autre. Cette donnée ne présuppose aucune croyance (ou non croyance) particulière. Cette donnée peut bien sûr évoluer mais cela prend un temps considérable - évolution de l’espèce -
Peu-être est-ce ce que vous pensez, je ne conteste pas que vous puissiez le penser, je conteste que les droits de l’homme (dans leur intégralité) tiennent de la nature humaine. La définition même de nature humaine dépend des schémas mentaux que chacun de nous possède, nous sommes donc dans le domaine de la croyance ; non pas sur la nature des valeurs, mais sur leur poids et leurs limites.
Les libéraux économiques, en 1789 ? il n’y a jamais eu, surtout à l’époque, de distinction entre libéralisme économique et politique. Cette distinction est une invention récente des adversaires du libéralisme. Jamais aucun philosophe libéral n’a souhaité établir une telle séparation, bien au contraire.
Allez expliquer cela à Rousseau ou à Mably. Mais même dans les faits, la grande jacquerie de 1789 avait effrayé les proprétaires, nobles comme roturiers et, le 4 Août 1789, l’Assemblée constituante déclara la destruction du régime féodal mais posa la contingence du rachat des droits féodaux, les paysans, pour se libérer des redevances issues des censives, devaient indemniser le seigneur ; il fallut quatre ans de guerre civile et deux de révolutions pour faire changer cette législation. La déclaration des droits de l’Homme comme base constitutionnelle fût votée le 26 Août. C’est pour ce vote que se créa le côté droit et le côté gauche de l’Assemblée. Le côté gauche optait pour une application des principes, le côté droit cherchait à les éluder.
Je vous rappelerais, par ailleurs, que les physiocrates étaient des libéraux économiques prônant un système politique totalitaire. Il fallut le génie de Sieyes pour donner à la doctrine d’origine physiocratique un masque politique admissible, fondant, selon le philologue allemand Reinhard Bach, des principes politiques émanant de Rousseau, de son contrat social.
L’argument de l’invention récente est une propagante des pseudolibéraux qui font certes référence à l’aspect politique mais uniquement pour le contraindre aux intérêts économiques.
Les révolutionnaires de 1789 ont très peu remis en cause les « titres de propriété » comme vous dites. Ils n’ont jamais demandé le partage des biens. Ils demandaient la fin des privilèges et des corporations, c’est à dire le Droit de travailler sans exclusive.
Je ne peux que vous conseiller, dans ce cas, de lire La Grande Peur de 1789 de Georges Lefebvre (1932), un historien spécialiste de cette période. Pour vous donner un ordre d’idée, durant la Grande Peur, plusieurs centaines de demeures seigneuriales furent visitées, les titres de propriété brûlés, quelques châteaux furent démontés, parfois incendiés, mais il n’y eut pas de violence contre les seigneurs ou leurs domestiques.
Votre citation d’Habermas, me fait penser à celle de Coluche : « ce n’est pas parce que beaucoup de personnes se trompent qu’elles ont raison ».
Autrement dit même si l’humanité entière est persuadée que la terre est plate, il suffit d’une seule personne qui démontre le contraire, et c’est lui qui aura raison.
Disons qu’entre le philosophe Habermas et Coluche, il y a un monde d’écart, même si je respecte Coluche. Quant à votre exemple, il est symptomatique de votre aveuglement. L’universalisme applicable aux hommes, à tous les hommes, ne peut être admis que par tous les hommes. Ce n’est pas de la science exacte, la philosophie n’a pas cette prétention ; ce n’est qu’une approximation admise mais elle n’est ni immuable ni intemporelle.
Disons que je dis n’importe quoi, mais j’aimerai que vous sachiez argumenter sur des sources et non sur des certitudes discutables tellement elles ne reposent sur aucun fondement ni historique, ni philosophique.