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Commentaire de Daniel Arnaud

sur Le président Obama interdit la torture mais exonère les tortionnaires de toute responsabilité


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Daniel Arnaud Daniel Arnaud 21 avril 2009 01:39


« « Ce qui signifie que dans un pays civilisé, démocratique et libéral, les deux tiers de la population sont capables d’exécuter n’importe quel ordre provenant d’une autorité supérieure… »
L’expérience visible dans le film [...] est basée sur celles qui ont été réalisées par Stanley Milgram, et qui montrent effectivement que des gens ordinaires peuvent facilement se transformer en bourreaux, du fait qu’ils se soumettent à ce qu’il considèrent être une autorité, et qu’ils abandonnent à cette occasion leur propre conscience.
L’extermination des Juifs par les nazis reste l’exemple paroxysmique d’une action abominable accomplie au nom de l’obéissance. On en revient toujours à Auschwitz, rendu possible par le conducteur de locomotive qui conduit, par l’aiguilleur qui aiguille, chaque acteur se contentant juste de faire ce qu’on lui dit.
Ce qu’il faut bien saisir cependant, c’est que les expériences de Milgram portent non pas sur les maux infligés eux-mêmes, mais précisément sur l’obéissance qui conduit un individu à les provoquer.
Le principe de soumission se reproduit à cet égard constamment, à des degrés divers, y compris dans des situations dont on ne perçoit pas au premier abord le caractère intolérable.
Certes, nul n’ordonnait au professeur persuadé d’accomplir une mission de service public dans l’Education nationale de recourir à une quelconque méthode d’apprentissage de la mémoire « par la douleur ».
Pourtant, comme le « maître » des expériences de Milgram, il n’était en réalité qu’un rouage prenant part à des mécanismes qui auraient dû heurter ce qui lui restait de conscience. Au nom du respect des consignes, au nom de l’autorité du proviseur, de celle de l’inspecteur, de celle du recteur, et sous couvert de « valorisation de l’élève au centre du système » bien sûr, il en arrivait effectivement à cautionner une série de dérives confortant au bout du compte le tyran, son ignorance et sa violence, au détriment de toute instruction digne de ce nom.
Lorsque j’entends le mot « culture », je sors mon revolver : tel était désormais le mot d’ordre auquel il était insidieusement sommé de se conformer. »

Daniel Arnaud, Dernières nouvelles du front, choses vues dans un système éducatif à la dérive, L’Harmattan, 2008.


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