Un des critères du déclin du savoir est la baisse de niveau scolaire. Cette baisse était ressentie par 71 % des jeunes profs, selon un sondage SNES-SOFRES de mars 2001. Le nombre croissant de lycéens (généraux et professionnels) et de bacheliers ne peut être à lui seul un argument en faveur d’une élévation de niveau de connaissances ; encore faudrait-il faire le bilan de ce que l’on comprend, de ce que l’apprend, et de ce que l’on en retient comme savoir et comme savoir-faire.
« Contrairement aux idées reçues, ils calculent aussi bien qu’il y a vingt ans, d’autant plus que la population des élèves concernés par le collège aujourd’hui est beaucoup plus large qu’alors » (Barrier et Robin, 1985).
Ce d’autant plus évoque irrésistiblement le boulanger d’une des questions d’une échelle d’intelligence (la N.E.M.I.), commerçant qui « perd sur chaque petit pain, mais se rattrape sur la quantité ». Il y aurait eu, entre 1964 et 1982, « progrès en algèbre, sauf les inéquations ; recul en géométrie ; stagnation en arithmétique et statistiques ». Les données « n’autorisent pas une conclusion défavorable quand au niveau des élèves actuels par rapport à ceux de 1964 » ; mais elles ne permettent pas davantage la conclusion favorable que Roger Girod en avait tiré : « leur score moyen s’est légèrement amélioré ».
Deux autres études donnent une idée plus précise de la situation. D’abord le rapport Chervel, qui compare des dictées de 1873 à celles de 1987 ; on y lit, p. 161 : « Presque la moitié de l’effectif du XIXe siècle commet moins de cinq fautes, alors que pour le XXe siècle, c’est seulement le tiers de l’échantillon qui obtient ce résultat ».
L’échantillon de 1987 avait été soigneusement déterminé de façon à pouvoir être comparé à celui de 1873 ; mais les auteurs ont cependant « redressé », à la fois les scores de 1873 et ceux de 1987 pour aboutir, tout à fait à la Bourdieu [Voir Philippe Bénéton, Le Fléau du bien, Paris : R. Laffont, 1983, pp. 48-55, la « méthode Bourdieu »], à la conclusion souhaitée : « le niveau actuel en orthographe est donc incontestablement supérieur » (Rapport, p. 164), affirmation figurant dans le dernier chapitre, sobrement intitulé « CONCLUSION. Comparaison du niveau en orthographe entre 1873-1877 et 1986-1987 ».
Cette retenue ne se trouve plus dans La Dictée, ouvrage destiné au grand public, où le chapitre VI est intitulé : VI « Supériorité des élèves de 1987 ». On y lit cependant qu’il y a « victoire aux points du corpus du XIXe siècle sur celui du XXe siècle » (La Dictée, p. 182) ; comprenne qui pourra ...
Le graphique de la p. 163 du Rapport montre qu’en 1873, plus d’élèves (par rapport à 1987) font moins de fautes, et qu’en 1987, plus d’élèves (par rapport à 1873) font plus de fautes.
Pp. 14-15 de La Dictée, on lit encore ceci :
« Il importe peu, aujourd’hui, que le niveau général en latin ait (probablement) baissé puisque dans le même temps le niveau général en mathématiques n’a cessé de s’élever. »
Dans La Dictée, p. 260, figurait déjà cette remarque : « le niveau des classes de sixième [n’est] plus ce qu’il était il y a trente ans. » Dans cette question d’évaluation d’un niveau, il faudrait pouvoir prendre en considération les connaissances structurées réellement acquises par les élèves, qui sont autres choses que des informations ou de simples recettes (en maths : « on fait delta » ou « on fait la dérivée », et encore, quand l’énoncé n’en supprime pas l’initiative …) et, en ce qui concerne l’examen du bac, les formes nouvelles des épreuves.
On n’a pas amené 80 % des jeunes au niveau du bac (objectif à dix ans de l’art. 3 de la loi 89-486 du 10 juillet 1989, dite « loi Jospin ») mais seulement le bac (et l’accès à l’Université) au niveau du « fameux magma des 80 % de bacheliers », (Christian Combaz (Égaux et nigauds, janvier 2001).
30/09 20:58 - nevenael
quel rapport entre l’orthographe d’une part, les pleins et les déliés de (...)
27/04 11:16 - karg se
T’a qu’a les former, prend des stagiaires et embauche les une fois qu’ils ont (...)
26/04 19:41 - savouret
krokodilo evoque un aspect important qui est celui de la subjectivité de la notation en effet, (...)
26/04 17:40 - Neris
Mais comment noter ce que l’on ne comprend pas ? J’ai une amie, qui était prof de (...)
26/04 17:22 - Neris
@Morice Que les patrons ne savent pas écrire sans faire 15 fautes d’orthographe, ça ne (...)
26/04 15:40 - lerian
Les enseignants sont les mieux placés pour juger ou pas de la pertinence des réformes imposées (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération