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Accueil du site > Tribune Libre > Education nationale : un recteur avoue !

Education nationale : un recteur avoue !

14 février 2009, sur le plateau de l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché (France 2), Eric Zemmour débattait avec Jack Lang de l’état du système éducatif. L’ancien ministre de l’Education nationale a bien évidemment prétendu que ce dernier était encore l’un des meilleurs du Monde, appuyant ses dires sur la cote des écoles françaises à l’étranger et sur les fameux « 80 % d’une classe d’âge au Bac ». Le chroniqueur lui a alors opposé que les chiffres étaient biaisés, puisque tout était mis en oeuvre sur le terrain pour inciter les correcteurs à surévaluer le travail des candidats.

Depuis la publication d’ouvrages tels que ceux de Maurice T. Maschino, Jean-Paul Brighelli ou Natacha Polony, on sait que les résultats présentés par l’institution scolaire doivent être pris avec... circonspection. Quand des élèves, après quinze ans de scolarité, ne maîtrisent pas plus de trois cents mots, ne soupçonnent pas ce qui a pu se passer avant leur date de naissance, ou ignorent tout bonnement le sens du mot « démocratie », alors que certains sont en âge de voter, il existe effectivement un problème.
Aussi André Moreau peut-il constater, dans mes Dernières nouvelles du front* :
 
« Les programmes officiels affirmaient, à la suite d’une longue tradition héritée des Lumières, que le français et l’histoire-géographie en Lycée Professionnel avaient pour but de former un citoyen disposant du bagage suffisant pour s’intégrer dans la Cité et pour appréhender les enjeux du monde dans lequel il vivait. Mais les notes distribuées lors des matinées de juin ne garantissaient en rien que de tels objectifs avaient été atteints. Elles ne servaient qu’à maintenir les illusions chères à une société qui préférait définitivement la fiction à la réalité.
Comme dans le conte d’Andersen, le correcteur n’en finissait pas de s’extasier sur les merveilleuses étoffes qui habillaient des copies vides. [...] » (Dernières nouvelles du front, pp. 205-206.)
 
Et voilà qu’un recteur avoue !
Il faut replacer les choses dans leur contexte. L’académie de Corse se trouve dans la tourmente depuis l’automne dernier. Cinq personnes (dont le secrétaire général de l’académie et deux enseignants) sont mises en examen dans le cadre d’une enquête sur une affaire de fraude au concours de recrutement des professeurs des écoles en 2007, à laquelle est venu s’ajouter un soupçon sur le Bac 2008. Les écoutes téléphoniques dont le rectorat a fait l’objet plusieurs mois durant révèleraient que des notes auraient été remontées sur commande, afin de privilégier certaines familles. Clanisme ? Clientélisme ? Une accusation que les syndicats d’enseignants insulaires, qui soutiennent leurs collègues mis en cause, rejettent catégoriquement. Pour eux, la seconde affaire devrait être dissociée de la première, et ne relèverait que d’une méprise quant à une banale procédure d’harmonisation des notes. Le 15 avril, avec l’appui d’associations de parents d’élèves, ils ont dès lors appelé les correcteurs, afin d’éviter tout malentendu et risque de poursuite, à ne pas harmoniser les notes cette année. D’où l’embarras des autorités académiques. Et cet article paru dans Corse-Matin le 18 avril, dans lequel Michel Barat, recteur de l’académie de Corse, affirme :
 
« Le risque, c’est une baisse significative du nombre de reçus, en fonction d’une note brute qui n’aura pas été harmonisée en fonction du livret scolaire. Peut-être 20 %, peut-être plus. »
 
Sans une retouche des résultats, pour le moins douteuse, le nombre des diplômés serait donc bien moins important. Et il ajoute aussitôt :
 
« Et dans ce cas, comment pourra-t-on gérer la prochaine rentrée scolaire ? Des difficultés pratiques se poseront. Où va-t-on inscrire tous les recalés ? »
 
Ce qui est une manière à peine voilée d’admettre que, dans un enseignement de masse, qui voit le système fonctionner comme une immense gare de triage, le but n’est pas tant de vérifier si les savoirs sont transmis, mais plus prosaïquement de gérer des effectifs. C’est ce qu’a pressenti Michel Foucault dès les années 70, notamment dans son Surveiller et punir. La raison d’être du système, bien plus que l’instruction, est de savoir en permanence où se trouvent les jeunes en âge d’être scolarisés. Pour ce faire, il faut classer, discriminer, mettre chacun à sa place. A l’issue du collège dit « unique », on envoie ainsi les élèves des classes moyennes dans les lycées généraux, tandis que les élèves issus des milieux populaires, le plus souvent en situation d’échec scolaire, se retrouvent dans les Lycées Professionnels. Ces derniers, quoi qu’on affirme pour les valoriser, demeurent des voies de garage où l’on canalise les éléments dits « difficiles » en attendant qu’ils rejoignent tant bien que mal le monde du travail, l’ANPE ou… la prison. Dans les établissements de ce type tout particulièrement, on n’attend pas de l’enseignant qu’il enseigne, mais qu’il garde.
 
La formation du citoyen ? Le socle commun des connaissances ? Ils cèdent la place à une simple préoccupation comptable. Les récents incidents de Bastia sont pourtant venus rappeler combien le coût pour la société pouvait être élevé lorsque l’instruction n’était pas assurée ; parce que lorsque l’on ne possède pas les mots, on recourt aux maux.
 
L’Education nationale n’est qu’une machinerie administrative qui fait illusion en vendant régulièrement à l’opinion le chiffre magique des 80 % ; car derrière lui, il faut comprendre « 80 % d’obtention d’un diplôme à 40 vitesses ». Le correcteur subit tellement de pressions pour baisser son niveau d’exigences qu’un élève de Bac Pro. peut fort bien l’avoir en étant incapable de situer le texte sur lequel il a travaillé à l’épreuve de français ou avoir compris le sens du mot « laïcité », terme pourtant essentiel pour saisir certains débats qui traversent aujourd’hui la société française.
 
80 % ? Voilà le mur qu’il faut faire tomber afin que Jack Lang, Philippe Meirieu et assimilés ne puissent plus servir leurs boniments à des heures de grande écoute. Les enseignants, et pas seulement en Corse, devraient aller plus loin : noter les copies pour ce qu’elles valent vraiment, quitte à faire tomber le taux de réussite à 20 ou 30 %. L’ampleur de la catastrophe scolaire pourrait alors être constatée par tous, et on pourrait se remettre à parler sérieusement d’école.
 
Ironie du sort, Michel Barat avait publié en 1999 La Fin des Lumières**, ouvrage incendiaire dans lequel il stigmatisait la dérive pédagogiste de « l’élève au centre du système ». Il est regrettable qu’il soit lui-même devenu entre temps l’un des auteurs de cette fin des Lumières qu’il prétendait dénoncer.
 
Daniel Arnaud
 
 
 
* L’Harmattan, 2008.
** Michel Lafon, 1999.

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49 réactions à cet article    


  • Rage Rage 22 avril 2009 12:08

    Jack Lang...

    N’est-ce pas le traitre prêt à tout pour le pouvoir qui ne sait jamais reconnaître quand il a tort et qui hante les antres du pouvoir depuis plus de 30 ans ?

    Jack Lang vit avec une image de l’école d’il ya 30 ans, avec des chiffres biaisés, des problèmes occultés et des élèves qui subissent des cours toujours plus décalés chaque jour de la réalité.

    On met les profs au centre des débats alors que ce devrait être les élèves et plus encore les contenus qu’on leur dispense pour d’une part les former à des connaissances vitales pour la vie (du CP à la 5ème) et d’autre part les former à une compétence professionnelle qu’ils pourront vendre sur le marché de l’emploi (après la 5ème).

    Difficile d’écouter encore des gens hors du temps faire la morale alors que sur le terrain c’est le merdier permanent même si les bonnes volontés ne manquent pas.


  • appoline appoline 26 avril 2009 14:36

    @ Actias,
    Si vous voyiez comme cela se passe dans certains instituts de formation infirmier, là aussi, c’est une grande escroquerie. Je me suis aperçue que les copies d’examens étaient décachetées avant correction. Les formatrices, pas très fines, apposaient leur note près du nom. Il faut savoir que bon nombre d’aides-soignantes, lassées de leur boulot de merde, essaient à toute fin de décrocher une formation d’infirmières, leurs études étant payées par l’hospital et l’hospital faisant partie du conseil d’administration, inutile de dire que les directives vont bon train. Mais comme on ne fait pas d’un âne, un cheval de course, la compétence laisse souvent à désirer.


  • morice morice 21 avril 2009 12:34

    le discours sur l’orthographe et sa maîtrise est un faux discours. Recruter des personnes sur ces seuls critères une aberration. Combien de PATRONS ne savent plus écrire une seule page sans faire 15 fautes eux-mêmes ???? visitez les entreprises, vous le constaterez. Votre raisonnement ne tient donc pas. La catastrophe scolaire n’est pas là où vous la situez : elle est sur les CONTENUS. Vous avez déjà VU un cours d’informatique en collège ? Le seul qui ne sache rien, dans la classe sur le sujet, c’est le prof. La disparité est trop grande entre ce qui est demandé réellement et ce qu’on demande en concours ou en examen. Depuis quand n’utilisez-vous plus qu’un clavier pour écrire ? Et vous allez juger les gens sur leurs pleins et leurs déliés ? Ne serait-ce que ça déjà, vous DEMONTRE que c’est un peu plus compliqué que votre simplification abusive du jour.


    • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 21 avril 2009 13:07

      Comme à votre habitude vous vous etes precipité pour commenter un article sans l’avoir reelement assimilé.
      Ce n’est pas l’orthographe qui est en question mais bien le bagage culturel de l’eleve qui n’est plus à meme d’en faire un citoyen eclairé et c’est un danger enorme pour nos democratie.
      Personnellement j’y voit la main des ploutocrate de plus en plus dependant pour leur securité de l’idiocratie televisuelle.

      Quand a l’orthographe , faire des fautes en quantité raisonable n’est pas un mal mais n’avoir qu’une tres faible connaissance orthographique met un frein à la comprehension des textes et plus tard des informations.
      Je me demande bien comment un professeur d’histoire peut nier cette evidence ou alors nous avons peut etre là la cause de la defaillance de l’education nationale.
      je precise que la derniere phrase est une boutade,je ne permettrais pas de juger votre travail sans y avoir asisté.


    • Vinrouge 21 avril 2009 13:48

      Les ploutocrates : personnes que l’on retrouve derrière toutes les vacheries de la société contemporaine. Vous êtes vraiment obsédé !
      Les gens dans le métro qui lisent Télé Star plutôt qu’un bouquin, c’est sûr, c’est la faute des « ploutocrates » !
      Les bacheliers qui année après année délaissent de plus en plus les études les plus difficiles, ça aussi, c’est sûr c’est les « ploutocrates » !
      Les succès des Nouvelle Star, Star’Ac ou autre daubes de TV alors que de superbes émissions de France 5 ou d’Arte plafonnent à 1% d’audience ? Encore les « ploutocrates » !
      Les experts et les intellectuels conspués à longueur de blog ? Les « ploutocrates » vous dis-je !


    • appoline appoline 21 avril 2009 14:00

      @ Morice,
      Je pense que les lacunes du système sont générales ; organisation, contenu de l’enseignement, rien ne va.
      Effectivement, si l’on faisait plancher les bacheliers d’aujourd’hui avec les copies d’il y a 20 ou 25 ans, 80 % se feraient étaler à plate couture.
      Donc, on a beau retourner le problème dans tous les sens, il s’agit bien d’une volonté délibérée de faire baisser le niveau. Pourquoi ? Comme d’habitude, un idiot pense moins.


    • Neris 26 avril 2009 17:22

      @Morice

      Que les patrons ne savent pas écrire sans faire 15 fautes d’orthographe, ça ne date pas d’aujourd’hui. Et est-ce qu’on demande à un patron d’avoir une orthographe irréprochable ? non, car ce n’est pas lui qui rédige ses notes et ses courriers.

      Mais que sa secrétaire ou assistante ne peut pas écrire une page sans faire 15 fautes d’orthographe, oui, là, il y a problème.

      Et croyez-moi, la maîtrise du français et de l’orthographe pour ces métiers est primordiale et est bel et bien un critère de sélection au recrutement.

      Et clavier ou crayon, quand on ne maîtrise ni l’orthographe, ni la grammaire ni la syntaxe, n’a guère de différence.

      Moi, j’ai vu des cours de bureautique pour lycéens, qui ne sont même pas capables d’assimiler un Word ou un Excel et que leurs recherches sur Internet pour exposé se limitent à copier/coller des sites sans même en corriger les fautes ou en modifier la ponctuation. Ah mais pour télécharger ou mettre en ligne leurs photos, musique et vidéos, là, effectivement, ils sont champions.

       


    • nevenael nevenael 30 septembre 2009 20:58

      quel rapport entre l’orthographe d’une part, les pleins et les déliés de l’autre ?
      Quant à l’utilité de l’orthographe, quand on ne fait plus la différence entre le -é du participe passé (voix passive) et le -er de l’infinitif (voix active), bonjour les dégâts...


    • T-bow 21 avril 2009 14:54

      Article intéressant mais il est vrai aucun scoop.
       
      Je me permet de réagir sur cette histoire de vouvoiement (si cher à notre ministre) alors qu’il n’en a été fait aucune allusion ailleurs (tout comme les problèmes de maîtrise d’orthographe... et de syntaxe, etc...).
      Certes le vouvoiement est toujours d’usage en France pour les personnes que l’on ne connaît pas mais considérez-vous vraiment que des élèves soient des inconnus pour leur professeur ?
      Personnellement, j’ai toujours apprécié que mes profs me tutoient et je les ai toujours vouvoyé. Question de point de vue. Mais je ne pense pas que le vouvoiement soit la bouée de sauvetage de l’EN et de la société.

      Vouvoyer les gens pour rester poli est une chose mais les considérer comme des abrutis est bien plus insultant à mon goût. Et qu’est-ce que ça veut dire de parler d’élèves en tant que « racailles » ? Et avec ceci un p’tit coup de karcher ?
      Il est également intéressant de voir dans la même phrase que les profs deviennent des « éducateurs », il me semble que le véritable problème dans le corps enseignant n’est pas cette histoire de vouvoiement mais tiens plus du fait que les profs de nos jours doivent justement devenir des éducateurs et des psychologues (à défaut d’être psychorigide) et même des parents.
      Le tutoiement vulgaire ? Laissez moi rire et venez faire un petit tour en REP, là vous aurez de la vraie vulgarité. Le jour où on n’aura plus à se préoccuper que du tutoiement des élèves, croyez moi qu’on sera déjà pas mal sorti d’affaire.

      Cordialement


    • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 21 avril 2009 13:23

      @ Morice

      L’article initial ne s’intéresse pas qu’à l’orthographe, aussi je ne comprends pas bien votre commentaire. Cependant, deux éléments.

      Concernant les entreprises, j’ai l’occasion de les visiter souvent, puisque j’enseigne également le français en Lycée Professionnel. Les élèves de CAP, de BEP et de Bac Pro. ont une période de stage obligatoire qui va de trois à cinq semaines. Les patrons que je rencontre se plaignent tous de la même chose : les stagiaires ne maîtrisent pas le français, ne comprennent pas les consignes qui leur sont données, et ne peuvent donc pas exécuter correctement les tâches qui leur sont confiées.

      Quant à l’informatique, il ne sert à rien sans maîtrise du français ni culture générale. En effet, beaucoup d’élèves savent se servir d’un clavier, mais ne comprennent pas les documents qu’ils trouvent par exemple sur Internet (parce qu’ils manquent de mots). Scène courante dans les collèges de France en 2009 : l’élève qui vient lire deux ou trois pages imprimées à partir d’un site d’information en guise d’exposé, et se révèle incapable d’expliquer le texte qu’il a sous les yeux à la classe ; parce qu’il ne possède pas les fondamentaux.


      • Sinbuck Sinbuck 21 avril 2009 14:06

        C’est vrai qu’un chiffre de 80% de réussite au bac ne peut pas être un critère d’efficacité de l’enseignement en France.
        Tout est fait pour faciliter l’accès au bac, dans les corrections et les épreuves finales. Pour simplifier de manière humoristique, les profs s’identifient à des plombiers qui ouvrent et ferment des vannes pour seulement gérer un « débit d’élèves ». En effet, une statistique a peu près constante (80% ou autre) permet d’anticiper l’organisation scolaire, salles, profs, orientation... Cela est lamentable car il faut se confronter à l’incertitude des résultats et des sections choisies par les élèves. Le système manque de souplesse, c’est une évidence !

        Mais ce pas seulement le problème, l’échec du système éducatif prend ses racines dans le manque d’autorité (et aux moyens donner au prof pour cela) et aux contenus des disciplines à enseigner. Pour mettre cela en place, le DIALOGUE est essentiel,..., mais il n’existe pas actuellement. Ce qui décident des méthodes à employer (autorité, contenus...), ne sont pas en face des élèves toute la journée, c’est un comble ! Et il ne faut pas compter sur les syndicats pour jouer les intermédiaires entre le haut et la bas...

        Ensuite, il y a de « l’incohérence fonctionnelle » entre le concours (son programme dans chaque discipline) et le métier d’enseignant proprement dit. L’enseignant est forcément un psychologue, dans tous les cas. Comment se fait-il, à l’heure actuelle du développement des sciences humaines, que la psychologie ne rentre pas en compte dans l’accès au concours ?

        Enfin, la société est responsable de sa nature et de l’exemple qu’elle présente aux jeunes. Guerres, racisme, inégalités sociales et internationales, corruption politique, seuls les profits financiers comptent... Souvent lorsque l’on demande aux élèves ce qu’ils souhaitent faire plus tard : « Gagner de l’argent » ; ils n’ont que ça en tête. La société n’a-t-elle rien d’autre à proposer ?


        • Senatus populusque (Courouve) Courouve 21 avril 2009 14:27

          Un des critères du déclin du savoir est la baisse de niveau scolaire. Cette baisse était ressentie par 71 % des jeunes profs, selon un sondage SNES-SOFRES de mars 2001. Le nombre croissant de lycéens (généraux et professionnels) et de bacheliers ne peut être à lui seul un argument en faveur d’une élévation de niveau de connaissances ; encore faudrait-il faire le bilan de ce que l’on comprend, de ce que l’apprend, et de ce que l’on en retient comme savoir et comme savoir-faire.

           « Contrairement aux idées reçues, ils calculent aussi bien qu’il y a vingt ans, d’autant plus que la population des élèves concernés par le collège aujourd’hui est beaucoup plus large qu’alors » (Barrier et Robin, 1985).

          Ce d’autant plus évoque irrésistiblement le boulanger d’une des questions d’une échelle d’intelligence (la N.E.M.I.), commerçant qui « perd sur chaque petit pain, mais se rattrape sur la quantité ». Il y aurait eu, entre 1964 et 1982, « progrès en algèbre, sauf les inéquations ; recul en géométrie ; stagnation en arithmétique et statistiques ». Les données « n’autorisent pas une conclusion défavorable quand au niveau des élèves actuels par rapport à ceux de 1964 » ; mais elles ne permettent pas davantage la conclusion favorable que Roger Girod en avait tiré : « leur score moyen s’est légèrement amélioré ».

          Deux autres études donnent une idée plus précise de la situation. D’abord le rapport Chervel, qui compare des dictées de 1873 à celles de 1987 ; on y lit, p. 161 : « Presque la moitié de l’effectif du XIXe siècle commet moins de cinq fautes, alors que pour le XXe siècle, c’est seulement le tiers de l’échantillon qui obtient ce résultat ».

          L’échantillon de 1987 avait été soigneusement déterminé de façon à pouvoir être comparé à celui de 1873 ; mais les auteurs ont cependant « redressé », à la fois les scores de 1873 et ceux de 1987 pour aboutir, tout à fait à la Bourdieu [Voir Philippe Bénéton, Le Fléau du bien, Paris : R. Laffont, 1983, pp. 48-55, la « méthode Bourdieu »], à la conclusion souhaitée : « le niveau actuel en orthographe est donc incontestablement supérieur » (Rapport, p. 164), affirmation figurant dans le dernier chapitre, sobrement intitulé « CONCLUSION. Comparaison du niveau en orthographe entre 1873-1877 et 1986-1987 ».

           Cette retenue ne se trouve plus dans La Dictée, ouvrage destiné au grand public, où le chapitre VI est intitulé : VI « Supériorité des élèves de 1987 ». On y lit cependant qu’il y a « victoire aux points du corpus du XIXe siècle sur celui du XXe siècle » (La Dictée, p. 182) ; comprenne qui pourra ...

          Le graphique de la p. 163 du Rapport montre qu’en 1873, plus d’élèves (par rapport à 1987) font moins de fautes, et qu’en 1987, plus d’élèves (par rapport à 1873) font plus de fautes.

          Pp. 14-15 de La Dictée, on lit encore ceci :

          « Il importe peu, aujourd’hui, que le niveau général en latin ait (probablement) baissé puisque dans le même temps le niveau général en mathématiques n’a cessé de s’élever. »

          Dans La Dictée, p. 260, figurait déjà cette remarque : « le niveau des classes de sixième [n’est] plus ce qu’il était il y a trente ans. » Dans cette question d’évaluation d’un niveau, il faudrait pouvoir prendre en considération les connaissances structurées réellement acquises par les élèves, qui sont autres choses que des informations ou de simples recettes (en maths : « on fait delta » ou « on fait la dérivée », et encore, quand l’énoncé n’en supprime pas l’initiative …) et, en ce qui concerne l’examen du bac, les formes nouvelles des épreuves.

          On n’a pas amené 80 % des jeunes au niveau du bac (objectif à dix ans de l’art. 3 de la loi 89-486 du 10 juillet 1989, dite « loi Jospin ») mais seulement le bac (et l’accès à l’Université) au niveau du « fameux magma des 80 % de bacheliers », (Christian Combaz (Égaux et nigauds, janvier 2001).

           


          • Yannick Harrel Yannick Harrel 21 avril 2009 14:41

            Bonjour,

            Qui croit-on encore berner 2009 avec ces soit-disants 80% de réussite au baccalauréat ? Déjà d’office pas les employeurs ni les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) je puis vous l’affirmer !

            J’avais publié l’été dernier sur Agoravox un billet sur le sujet qui conserve toute son actualité. Tout le monde peut constater la baisse du niveau scolaire : s’extasier sur des chiffres ne masque pas la réalité brute des faits. De plus les chiffres en eux-mêmes sont sujets à débat, car il y a volonté politique justement non de hausser le niveau d’une classe d’âge mais d’abaisser le niveau des examens pour atteindre les objectifs visés. Evidemment on ne s’en vante pas...

            Cordialement


            • pallas 21 avril 2009 14:48

              De toute la maniere la Jeunesse est totalement abrutisé.

              Au dela de l’ecole, les marchands de reves, vend le football, maintenant le jeux video comme une culture.

              Ils sont dans la perpetuel illusion d’une existence superficiel et artificiel vendu a tout 4 vents.

              L’ecole a sa part de responsabilité, elle n’apprend, elle ingurgite des informations auquel a la sortie de l’ecole, le gamin ne se souviendra meme pas de 1%, parcontre il sera formaté.

              La jeunesse est sous morphine permanente et constemment, la plupart ne s’interesse a rien au dela de ce que montre la television.

              Le probleme il est la, donc les entreprises comme Mosanto, les grosses multinationales vendant tout et n’importe quoi n’ont rien a craindre, ils ont a faire a de bon consommateur.
              J’ai 30 ans, il suffit deja de voir ma generation, alors imaginé les autres qui arrivent.

              Le soucis il est la, et pire encore, car ces gamins n’ont aucunes connaissance du monde qui nous entourent, n’y de son evolution, ils ne sont absolument pas preparé a la degradation de la planete, ainsi que le monde s’en va en guerre.


              • Lapa Lapa 22 avril 2009 12:46

                votre billet est intéressant car représentatif des lacunes terrifiantes d’un trentenaire en langage : orthographe, conjugaison et grammaire.

                c’est beau de vomir sur les jeunes de maintenant mais j’en connais pas mal qui vous mettraient une pâtée en rédaction...

                maintenant il est vrai que si vous êtes prof, on a de quoi s’inquiéter...

                mention spéciale pour « abrutisé »


              • Daerel Daerel 21 avril 2009 15:23

                Sans parler du baccalauréat, je donnerai mon expérience en tant que correcteur du DNB (diplôme national du brevet si ça n’a pas encore changé de nom depuis le temps que je n’ai pas lu les circulaires au format atroce qu’on me fournit tous les jours dans mon casier).

                En histoire-géographie, les notes corrections indiquent qu’il faut « VALORISER » les réponses où les mots attendus étaient présents. Cela m’a marqué, c’était en 2007, car le sens de la phrase des notes de corrections indiquait que si la phrase était mal faite ou incompréhensible, il fallait valoriser les éléments de réponses corrects sans tenir compte des difficultés de construction de phrase. Cela a fait mal à mon petit coeur d’amoureux du français.

                Dans la même veine, le décompte conseillé des points est tel qu’il est quasiment impossible de ne pas avoir la moyenne au brevet d’histoire géographie.

                Un exemple de mémoire pour l’exercice du paragraphe argumenté (exercice aberrant jouant entre la dissertation et le commentaire de document, impossible pour les gamins à concilier sans une bonne dose d’exercices pratiques et de mantras à leur faire apprendre par coeur sans comprendre).

                La paragraphe argumenté a plusieurs exigences :
                - L’élève a 3 documents sur lesquels des questions ont été posées (donnant 8 points). Il peut utiliser ces documents pour illustrer ou argumenter son propos dans le paragraphe argumenté (sur 10 points) sans toutefois n’utiliser qu’eux ou faire de paraphrase.
                - L’élève doit construire son paragraphe avec une introduction, un développement en 2 ou 3 parties et une conclusion.
                - L’élève doit fournir des connaissances personnelles pour argumenter son propos.
                - Il faut évidemment répondre à la question en 20 lignes environ.

                Mes conseils de correction (donnés gentiment avec mes copies dans les grandes salles remplies de professeurs) sont souvent :
                - si l’élève a tenté de structurer son propos avec des parties : 1 point.
                - Si l’élève a utilisé les documents : 2 à 4 points.
                - Si l’élève a fait une introduction : 1 point.
                - Si l’élève a fait une conclusion : 1 point.
                - Si l’élève a utilisé des connaissances personnelles : 1 à 2 points.
                - Si l’élève s’est exprimé clairement : 1 point.

                C’est un exemple fictif mais cela démontre bien l’esprit de ces corrections avant HARMONISATION. Un élève qui ne sait rien et rabache les documents et fait un vague plan a déjà 4 à 6 points... Aucun commentaire de ma part, cela fait longtemps que j’explique cyniquement à mes élèves comment arriver à avoir son brevet sans souci en histoire.

                Après, évidemment, il y a l’harmonisation... qui peut monter les notes de 2-3 points (si votre moyenne de notes est inférieure à celle de votre centre de correction, harmonisation, si la moyenne du centre est inférieure au département, on monte, si la moyenne de département est inférieure à l’académique, on monte et si l’académique est inférieure à la nationale, on monte.... résultat une copie notée 9 peut se retrouver à 12). Et je ne vous parle pas des directeurs de centre de correction qui demandent à des collègues de renoter les copies de collègues connus pour être sévère (vu qu’une fois cependant, ça m’a fait halluciner).

                En bref, chaque année, je me dis : je mets 12 à toutes mes copies, ça revient au même... ET chaque année, je me dis : soyons pro, et je note en fonction des qualités réelles des copies en mettant des annotations d’aide qui ne seront jamais lues.

                Je devrais mettre 1Z à toutes mes copies moi... mais j’y arrive pas, trop de remords de pas bien faire mon boulot !


                • Neris 26 avril 2009 17:40

                  Mais comment noter ce que l’on ne comprend pas ?

                  J’ai une amie, qui était prof de français et qui a lâché le métier justement à cause de ce que vous expliquez. Elle m’a montré des copies de Bac (photocopies bien sûr) qu’elle n’avait pas réussi à noter parce qu’elle n’y comprenait rien.

                  Je n’ai pas plus compris. Outre l’orthographe non maîtrisée, la conjugaison en dépit du bon sens, un langage quasi phonique avec des perles comme « croivent » ou l’abominable « comme même » voire texto, en plus aucune structure du texte, aucune organisation dans la rédaction.

                  On lui a renvoyé ses copies avec obligation de noter ! sans relire et avec un mélange de fatalisme et d’écoeurement, elle leur a donné la note minimale qu’elle avait donné aux autres copies.

                  Depuis, d’après ses anciens collègues, ce genre de copies n’a fait qu’augmenter et comme vous, les professeurs sont pris au piège avec des conseils de correction aberrants.

                  Valoriser ce qu’on ne peut même pas décrypter ! j’avais un prof qui ne mettait jamais de « 0 », il mettait « 2 » ou « 3 » pour avoir fait l’effort d’écrire et ne pas avoir rendu une copie blanche.



                  • Reinette Reinette 21 avril 2009 15:48

                    Lettre ouverte des représentants de parents de l’école Dondaines – Dupleix de Lille à
                    Nicolas SARKOZY, Président de la République Française
                    Xavier DARCOS, Ministre de l’Education Nationale
                    Mesdames et Messieurs les Rectrices et Recteurs d’Académie


                    MERCI pour la suppression de 13500 postes d’enseignants à la rentrée prochaine. Il est temps d’alléger la masse salariale bien inutile que représentent les fonctionnaires de l’Education Nationale et tant pis si le service d’éducation dû à nos enfants n’est plus correctement assuré.

                    MERCI d’avoir changé les programmes. Comme vous le dites si bien, Monsieur le Président de la République Française, le monde change et évolue, il était donc primordial d’imposer à tous les élèves français des programmes rétrogrades.

                    Non, Monsieur le Président de la République Française, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, Mesdames et Messieurs les Rectrices et Recteurs d’Académie, ne rougissez pas !

                    Oh mais peut-être rougissez vous parce qu’en fait vos réformes ne sont que de la poudre de perlimpinpin : des réformes pour vous occuper, pour nous tromper, pour faire croire que la France avance à grand pas. Alors NON MERCI car des enfants incorrectement formés ne donneront comme seul résultat qu’une France à la traîne, incapable de devancer ou même tout simplement de suivre l’évolution du monde.

                    Lille, le 7 février 2009

                    Les représentants de parents de l’école Dondaines – Dupleix de Lille
                    http://lesparentsdesdondaines.blospot.com/


                    • lerian 26 avril 2009 15:40

                      Les enseignants sont les mieux placés pour juger ou pas de la pertinence des réformes imposées par le gouvernement. Alors, j’ai tendance à pense que leurs objections sont légitimes.

                      Ce qui m’ennuie, en revanche, c’est que face au constat évident selon lequel l’école produit de moins en moins de bons résultats, ces mêmes enseignants n’arrivent pas à se faire entendre lorsqu’ils font la critique objective (s’il la font) de leur travail et du système éducatif.

                      Que je sache, depuis 20 ans bientôt, chaque fois que l’on propose de changer quelque chose à l’école, une partie du corps enseignant s’offusque immédiatement. Alors, à force, on ne les prend plus au sérieux.



                      • Topaloff Topaloff 21 avril 2009 15:53
                        Malgré les 4 mois de grève l’année dernière où les élèves de la filière générale n’ont pas pu étudier un programme déjà bien chargé en temps normal (je suis passé par là), les résultats des bacheliers sont encore en augmentation par rapport à 2007 (87,8% contre 87,6%).

                        Soit les élèves français sont des surdoués, soit il y a 4 mois de programmes qui ne servent à rien... A moins que la vérité soit ailleurs...

                        • LE CHAT LE CHAT 21 avril 2009 16:02

                          il est temps de toiletter le mammouth avec un rateau !


                          • Stéphane Bouleaux 21 avril 2009 16:06

                            excellent article.

                            Cette situation dure depuis bien longtemps mais chaque année gouvernement et lycées se gargarisent des 80% de reussite (lol).

                            Pour avoir parfois des stagiaires au niveau bac+ 3, je suis horrifié par leur niveau en expression orale, comprehension de probleme, prise d’initative, serieux.

                            à croire qu’on ne diplome pas les meilleurs, mais les moins pires !


                            • karg se 21 avril 2009 17:09

                              Je suis toujours amusés par ces articles répétant sans cesse la même litanie : l’EN va mal, le bac ne vaut plus rien, c’était mieux avant. Vous idéalisez le passé, à raconter que le bac d’aujourd’hui vaut le certif des années 50. On peut donner des exercices avec des équations différentielles appliqué à l’électronique et de la génétique à des éléves de 1950 juste pour voir.

                              Oui ils harmonisent les notes, et heuresement, tous ceux qui sont allés a l’école un jour savent que d’un correcteur à l’autre, les variations peuvent être considérable, avec les coefficiants, ça se rattrape pas. Sans doute n’est pas scandaleux de donner le bac a des élèves sérieux, ayant la moyenne sur l’année, a qui il manque quelques points. Ca évite de leur faire perdre un an avec un redoublement inutile et dispendieux.

                              Ca vous étonnes d’arriver à 80% au bac dans une classe d’age ? La Japon y arrivent, ça veut dire que leur bac vaut rien ou que les français sont intellectuellement inaptes ? 80% des inscrits y arrivent, vous trouvez anormal que des gens qui se préparent depuis trois a un exam, qui sont triés en cours de route, y arrivent ? Ca serai un comble si après trois ans de bachotage, voir 4 ou 5 pour les redoublants, qu’ils réussissent à échouer.


                              • pallas 21 avril 2009 17:10

                                N’attendez pas a ce que les momes ecrivent correctement.

                                Moi par exemple, mon orthographe est pitoyable, je le sais, pourtant j’avais de tres bonne note en Française. Voila ou amene le semi global

                                J’ai le courage de montrer mon ecrit tel qu’elle sans correcteur orthographique, j’essai de corriger comme je peut avec mon petit cerveau, point.

                                La facilité du Français est amplifié par l’informatique, auquel l’individu ne se donne plus l’effort de ce relire et d’essayer d’ecrire tel qu’elle. Moi j’essai et sa foire, tant pis, j’ai pas honte.

                                Pour les mathematiques, maintenant c’est des vrais Micro Ordinateurs, donc la triche est devenu legal.

                                L’ecole est devenu n’importe quoi


                                • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 21 avril 2009 17:53

                                  @ Stéphane Bouleaux

                                  « Cette situation dure depuis bien longtemps mais chaque année gouvernement et lycées se gargarisent des 80% de reussite (lol). »

                                  En effet.
                                  Mais je crois qu’il ne faut pas oublier la part de responsabilité des professeurs eux-mêmes dans le phénomène. Le jour des corrections, après tout, ce sont eux qui relaient les consignes ministérielles et académiques de manière servile... alors même qu’ils sont censés apprendre à leurs élèves à faire preuve d’esprit critique. Plutôt paradoxal.
                                  Le jour où les syndicats d’enseignants, qui n’ont jusque là fait qu’accompagner la baisse du niveau, auront pour mot d’ordre « Désobéissez, et notez les copies à leur vraie valeur. », alors nous assisterons à une révolution digne de la chute du mur de Berlin, voilà vingt ans. En faisant tomber les « 80 % », on priverait effectivement les officiels de la caution qui leur permet d’affirmer que le système ne va pas si mal. Tout ce qui se passe derrière les murs pourrait alors être mis à plat. La baisse du niveau bien sûr, la violence aussi, sans même avoir besoin de visionner La Journée de la jupe...

                                  @ karg se

                                  Je trouve cette façon de réduire ceux qui dénoncent la crise de l’école à des nostalgiques des années 50 quelque peu... lassante. Les vrais réacs, ce sont les gens comme vous, qui cautionnent une dérive du système qui ne fait q’amplifier les inégalités sociales et qui, de fait, nous renvoie à l’Ancien Régime. Car il faut être concret : l’élève issu d’un milieu modeste, qui fait sa scolarité avec trois cents mots, ne peut pas prendre l’ascenseur social. Quand on ne sait pas ce qu’est un « syndicat » ou le « code du travail », on risque fort d’être jeté sur les routes de la précarité, sans disposer des moyens de se défendre face à un patron, par exemple, qui pratique certains abus. Comme François Bégaudeau, et sans mauvais jeu de mots, vous me faites à cet égard l’impression d’être un ennemi de... classe.


                                  • karg se 21 avril 2009 19:35

                                    Les ingalités sociales amplifiés par le collège unique et la démocratisation du Bac ? Vous avez vraiment étudiez les résultats des test PISA ? Plus l’enseignement commun est long, plus les élèves on un niveau moyen élevé et homogène. Lisez La nouvelle question scolaire, ou si vous avez un bon niveau en anglais, The race between education and technologie.

                                    Je parle pas dans le vide, je connais très bien ce sujet. La massification des études est le meilleur générateur de croissance et réducteur des inégalités. Le problème de la France c’est pas d’avoir un objectif de 80% aux bacs, mais de ne pas y arriver, et de ne pas réussir à avoir 60% avec au moins une formation courte post bacs. Le monde évolu vite, les exigeances de performance mettent sur la carreau ceux qui n’arrivent pas à avoir le bagage intellectuel nécessaire.

                                    La journée de la Juppe référence du docu sur l’éducation national ? Je nie absolument pas la violence, mais avoir dans la même classe un auteur de tournante, sa victime, un raquetté, une victime du GIA, ça fait beaucoup non ?


                                  • La Luciole 21 avril 2009 19:52

                                    Cherchons pas à accuser les individus quand c’est le système qui est malade, mais faudrait pas non plus les faire passer pour des saints ces enseignants qui au prétexte de ne pas perdre une place qu’ils pensent avoir acquis à vie, se font complices du système pour la bonne raison qu’il les nourrit. Qu’ils soient très dévoués pour la plupart, personne n’en doute, mais on ne peut être à la fois victime et complice quand on ne peut ignorer que plus rien ne va. Et de toute façon le meilleur enseignant qui soit verra son efficacité réduite à néant dans un système qui ne fonctionne plus.


                                  • karg se 21 avril 2009 21:44

                                    Tien le thème de l’autorité, c’est marrant, j’ai une amie qui bosse dans une école privé catholique. Mise à pied parce qu’elle a dit a ses élèves « arrêtez de faire les zouaves, on est pas au zoo ». Auparavant un élève avait été attrapé en train de mordre jusqu’au sang un autre élève, les parents ont niés qu’il puisse être l’auteur de l’agression. Ce constat dépasse l’EN, c’est tout une génération qui n’a pas été élevé.


                                  • La Luciole 21 avril 2009 19:18

                                    @L’auteur,

                                    Bravo pour cet article objectif et lucide. Instructif exemple corse qui n’est qu’un cas caricatural de ce qui se passe partout en France de façon plus soft. A vrai dire les sonnettes d’alarmes ont été tirées depuis longtemps mais rien ne bouge vu que l’EN (propriété de la FEN) est un bastion gauchiste imprenable qui prend notre jeunesse française en otage.

                                    En tout cas ça nous change un peu de la majorité des parutions d’agoravox qui se limitent le plus souvent à de la propagande gauchiste à tendance obsessionnelle anti sarkosiste, fort applaudie d’ailleurs par les habitués du site. Faudra donc pas s’attendre à trop de succès avec ce type d’article par ici vu que l’Education nationale est l’une des valeurs sacrées de leur chère Eglise étatiste sous les ailes de laquelle ils espèrent tant se mettre à l’abri des risques économiques, préférant ignorer que le bateau prend l’eau. 

                                    Mais ce qu’ils en défendent ce n’est pas tant la qualité du service rendu (faudrait être aveugle pour ne pas voir à quel point le niveau se dégrade dans ce système obsolète) mais la fausse gratuité de cet enseignement (en réalité ruineux pour le contribuable)  et surtout la sécurité de l’emploi public qu’ils espèrent y conserver par trouille du chômage.


                                    • val 21 avril 2009 21:15

                                      A la Luciole,
                                      La FEN n’existe plus depuis très longtemps.
                                      Ce ne sont pas les syndicats qui décident du programme ni de leur évaluation.
                                      A tous les autres,
                                      Je suis sidérée par votre approche totalement élitiste et franchouillarde de l’instruction.
                                      En effet, les pays qui réussissent le mieux dans les épreuves PISA sont ceux qui ne pratiquent pas le redoublement, qui ne donnent pas de notes aux élèves avant qu’ils n’aient 14 à 15 ans, rien à voir avec les positions de Brighelli et ses histoires d’orientation précoce. Facile de laisser toute une population de côté parce que ça emmerde les profs (dont je fais partie) d’avoir des élèves empêcheurs d’enseigner en rond.


                                    • val 21 avril 2009 21:23

                                      En fin de compte, si nous acceptions, en France, d’avoir des classes de compétences et non des classes d’âge, une partie du problème serait résolu.
                                      Tout le monde n’est pas capable d’apprendre à lire à 7 ans, certains y parviennent à 4 et demi, d’autres à 8. C’est juste histoires de maturité et de maturation...
                                      A partir d’une base de savoirs, on peut en construire d’autres.


                                      • Anarchasis 21 avril 2009 22:26

                                        Face à cet échec de l’école, échec pour ce qui concerne l’instruction, réussite pour ce qui concerne la « garderie » et le « contrôle », ce serait bien que les parents sachent que en France l’école n’est pas obligatoire, contrairement à ce que l’EN et les autorités le font croire - en partie - à travers l’instruction qu’elles dispensent justement. Bien entendu, tout le monde n’a pas les moyens, la volonté, le souhait... de prendre en charge l’instruction de ses enfants... Mais pour ceux qui le souhaitent et le peuvent, cela est possible. Encore faut-il que l’EN ne cache pas cette possibilité à travers des mensonges. Les résultats montrent que les enfants qui grandissent ainsi, loin du système d’endoctrinement de l’école, réussissent très bien au bac (qu’ils passent en candidat libre) et dans leur vie.


                                        • Atlantis Atlantis 21 avril 2009 23:30

                                          S’appuyer sur le « siècle des lumières » en exemple à suivre, quelle réflexion !
                                          Si on creuse bien, cet artéfact créé de toute pièce par les historiens (afin d’influer sur le présent) n’est qu’une imposture. Alors dénoncer l’imposture de l’EN (qui porte mal son nom, puisque d’éducation il n’est jamais question, à la limite enseignement et encore) en s’appuyant sur les « lumières », quel sens de l’humour, vraiment ...


                                          • vouillants 21 avril 2009 23:45

                                            L’article et la plupart des réactions ne sont que le rabâchage de l’idéologie intello-populiste distillée à longueur de temps par les nostalgiques d’un âge d’or n’ayant jamais existé dont JP Brighelli et N. Polony sont deux représentants emblématiques.
                                            Expliquez-moi donc pourquoi un des plus illustres produits de ce système que vous regrettez tant, Agrégé de lettres classiques à la fin des années soixante, Docteur de troisième cycle es lettres et sciences humaines , devenu ministre de l’éducation nationale, est incapable de résoudre une règle de trois et ne connait pas l’usage du passé antérieur.
                                            J’imagine ce que les anti-pédagogues pourraient faire comme commentaires, s’il était issu du système scolaire actuel !


                                            • ilken 21 avril 2009 23:59

                                              Tout à fait d’accord avec Morice. Un peuple inculte est un peuple manipulable. Voir TF1 et les cerveaux libres pour C.C.
                                              C’est cela que l’on nous prépare. A nous de préparer nos enfants pour qu’eux puissent échapper et surtout éduquer les autres.
                                              Le combat ne sera gagner que par la culture et le savoir.


                                              • pierrot123 22 avril 2009 09:44


                                                L’abaissement de l’école accompagne la victoire (provisoire ?) des « néo-libéraux », pour qui les masses doivent être abruties le plus possible...

                                                Quant aux « bonnes places », vous faites pas d’illusion, elles sont dès le départ réservées aux enfants des classes dirigeantes, grâce aux soi-disant « grandes écoles pour les élites »...(où toutes les places, ou presque, sont achetées.)

                                                Et alors tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes,le monde néo-libéral , avec :
                                                Zéro école (sauf si on peut payer...)
                                                Zéro couverture sociale (sauf si on peut payer...)
                                                Zéro retraite (sauf si on peut payer...)
                                                Zéro considération ( « t’es rien qu’ un pauvre, tu peux pas payer, barre-toi ! » )
                                                (Pour mémoire : « Néo-libéral » c’est juste un mot pour dire « résevé aux riches ».)

                                                C’est un plan bien réfléchi, et qui a commencé il y un bout de temps (dès les années 70)...
                                                Pour vous en convaincre, écoutez donc :
                                                http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1669


                                                • Paul Villach Paul Villach 22 avril 2009 10:45

                                                  @ Daniel Arnaud

                                                  Comment ne pas souscrire à ce que vous écrivez ?
                                                  Voici ce que j’ai moi-même écrit dans « Les infortunes du Savoir sous la cravache du Pouvoir  : une tragicomédie jouée et mise en scène par l’Éducation nationale », parue en 2003

                                                  « 5- Une délivrance de diplômes indexée sur des statistiques
                                                    La délivrance des diplômes dont (l’Éducation nationale) a l’exclusivité, ne montre pas plus de considération à l’égard du savoir. Tout professeur qui a participé à un jury de Brevet ou de Bac, par exemple, sait d’expérience que ce n’est pas un minimum de savoir qui est requis pour réussir à ces examens, mais un souci statistique : combien a-t-on de reçus si l’on place la barre à 10 - 9,5 - 9 ou 8 sur 20 ? Le ministère a besoin de résultats présentables pour prouver d’abord son efficacité : il ne peut donc pas raisonnablement afficher 40 % de reçus au Brevet ou au Bac, si tels sont les résultats mécaniques des corrections. On crierait au scandale ! Un autre artifice ne laisse pas de trace non plus : sur la courtoise mais insistante recommandation du président de jury à qui on a prescrit des statistiques à respecter, les correcteurs sont invités à augmenter telle ou telle note d’une ou de plusieurs disciplines : ainsi se livre-t-on entre correcteurs, en jouant avec les coefficients des diciplines, à un marchandage pour que les heureux élus atteignent le 10 sur 20 de la réussite qui permettra d’améliorer les statistiques préalablement fixées. Cette indexation des résultats d’examens sur des normes statistiques laisse peu de place à la considération due au savoir qui doit s’incliner devant une politique que guident d’autres intérêts plus puissants.
                                                    Les concours ne s’embarrassent même pas de ces considérations. Tant de places sont offertes et et tant pis si la masse des candidats se situe au-dessous d’un minimum intellectuel souhaité : les premiers sur la liste seront recrutés. Le comique est que, si l’Education nationale a besoin de pourvoir quelques centaines de postes nouveaux, elle n’hésitera pas à puiser dans la liste complémentaire des collés !
                                                    On conviendra qu’une telle méthode est acceptable quand il s’agit de concours très attractifs et prestigieux où ce sont les meilleurs qui se portent candidats : quelle différence existe-t-il donc entre le dernier reçu à 9,52 et celui qui le suit immédiatement sur la liste supplémentaire avec 9,49 ou même 9. Mais peut-on soutenir que tous les concours de recrutement d’enseignants entrent dans cette catégorie ? »

                                                  « L’Education nationale est d’autant plus encouragée à faire peu de cas du savoir que ses usagers n’en font pas davantage. Depuis longtemps, parents et élèves ont l’oeil rivé sur la note ou la moyenne, indépendamment du savoir qu’elles sont censées traduire. Avoir une moyenne de 10 sur 20 ou plus, tel est l’objectif unanime. Les professeurs sont parfois priés de relever leurs notes par leur chef d’établissement qui, lui, compare fébrilement les résultats de son bahut aux examens avec ceux des autres , quand y entre un pourcentage de contrôle continu. Il y va de la réputation de son établissement et de la sienne, et non de la qualité du savoir dispensé.

                                                  - La tentation de la notation démagogique
                                                   Le petit Diplôme National du Brevet, que toute une classe d’âge est censée présenter, se délivre ainsi sur deux notes : l’une de contrôle continu (de 4ème et de 3ème), l’autre sur la moyenne de trois épreuves (Français - Mathématiques - Histoire et Géographie). Un principal sonne le tocsin quand le nombre de reçus de son établissement est inférieur à la moyenne du département : “La moyenne départementale, s’écrie-t-il, est à 75 % et nous n’avons que 68 % de reçus ! Il faut faire quelque chose !” Oui, certes ! Mais quoi ? Car, il se peut qu’au contrôle continu, la moyenne départementale des élèves qui ont 10 et plus, soit de 82 %, et que l’établissement se situe à 72 %, mais qu’en revanche, aux trois épreuves jugées en anonymat par des correcteurs inconnus des élèves, l’établissement obtienne 50 % d’élèves à 10 et plus, tandis que la moyenne départementale descende à 40 % ! On voit tout de suite le remède : augmenter la note de contrôle continu de l’établissement ? Comment ? Eh bien ! comme on le fait dans les autres bahuts du département, en gonflant les notes par démagogie ! Ce cas de figure s’est produit en 2002 dans le Gard ! » Paul Villach


                                                  • Jiache 22 avril 2009 10:45

                                                    Je ne conteste ni l’absurdité des 80% de réussite au bac, ni l’inadéquation de certains programmes. Cependant, je pose la question à tous les parents qui gueulent contre l’éducation nationale :
                                                    Combien d’enfant aujourd’hui ont la télé et/ou l’ordinateur et/ou la console de jeux dans leur chambre ? Pensez vous que ce soit normal ? Pensez vous que ce soit propice aux études ?


                                                    • cathy30 cathy30 22 avril 2009 12:22

                                                      à l’auteur
                                                      pourquoi dites vous que les lycées professionnels sont des voies de garage ? Avez vous des chiffres pour étayer votre affirmation ?


                                                      • barbouse, KECK Mickaël barbouse 22 avril 2009 12:59

                                                        bonjour,

                                                        alors que faut il faire pour sauver l’éducation nationale ?

                                                        virer les pédagogistes, les tenant de la méthode globale, semi globale, et tout ce qui de prêt ou de loin veut négocier le savoir avec l’enfant comme si son opinion d’ignorant compte.

                                                        imposer 50% d’effectif masculin a l’école, et imposer une réelle laicité, c’est a dire considérer que le féminisme et autres groupement de pensée clivant et sectaire imposant une morale clientélisée au détriment d’un autrui qui lui se doit d’être culpabilisé fonctionne comme des religions sans avouer de culte et doivent d’être exclue de la sphère scolaire.

                                                        imposer le licenciements des mauvais profs, dont l’évaluation doit être annuelle et dorénavant passé par une entité extérieur a l’éducation nationale, parce qu’elle prouve depuis des années que sa domination et son statut de juge et partie sur la réalité du savoir qu’elle transmet la rend propice a l’abus de faiblesse sur les enfants, se contentant de valoriser leur égo, et a l’abus de confiance des parents, véritable clients captifs d’une entreprise de paupérisation intellectuelle de masse.

                                                        Imposer chaque année un examen simultanée a l’ensemble des enfants d’une même classe, et pour chaque classe, corrigé par ce même organisme externe, afin d’évaluer rapidement où, qui, et pourquoi dans certain endroits de France le niveau est plus faible, afin d’harmoniser par le haut sur de véritable critère en matière d’acquis de savoir par les enfants.

                                                        Imposer une échelle de notation qui ne prend uniquement en compte que le rendu de l’effort intellectuelle de l’enfant, autant aux professeurs qu’aux élèves, afin de rendre la note non négociable sur des critères et des suspicions d’ordre ethnique, religieux, social, ou d’appartenance a tel ou tel réseaux capable de faire négocier une note.

                                                        Il faut casser la logique de l’excuse et du « coup de pouce » parce que vous comprenez sa situation familiale, etc... pour replacer la valeur de l’effort intellectuel au centre de la pédagogie, et redonner sens au savoir formel.

                                                        la gestion des mauvais élèves a partir d’une évaluation saine redeviens a adaptée sociologiquement et politiquement, mais pas avant, par ce que comme on le fait maintenant, on a véritablement une école qui majoritairement exclus du savoir, et les acquis formels sont une catastrophe en sortie scolaire.

                                                        même pour les écoles en dehors des zep malgré ce que les médias veulent nous faire croire, ce n’est qu’un problème d’immigrés et de bandes en banlieue, mais pas du tout,

                                                        si vous prenez une matière comme la grammaire, faite évaluez les professeurs de Français en activité, vous vous rendrez compte qu’ils sont une majorité a ne pouvoir enseigner ce qu’ils ignorent.

                                                        tant que l’on a pas une règle du jeu claire et cohérente pour tous dans une école réellement laique, elle n’est pas républicaine, de celle où l’élève brillant d’un quartier difficile a sa chance de s’en sortir par la qualité de son travail sur une grille d’appréciation réellement commune aux français.

                                                        Mais cette école, personne n’en veut, surtout pas les profs, elle sous entend sortir du rôle de la gentille maitresse des excuses du cœur plein la bouche, pour être capable d’assumer son savoir et le transmettre pour faire évoluer les citoyens vers une vie d’adulte, conscient, avec un esprit critique en état de marche, et non des consommateurs impulsifs et infantilisée, sans recours a la raison pour maitriser leur émotions.

                                                        amicalement, barbouse


                                                        • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 22 avril 2009 15:46

                                                          « Pourquoi dites vous que les lycées professionnels sont des voies de garage ? Avez vous des chiffres pour étayer votre affirmation ? », m’interroge Cathy30.

                                                          A partir d’un article qui met en cause la fiabilité des chiffres, je ne répondrai pas par d’autres chiffres, mais parlerai d’expérience.
                                                          J’ai enseigné en Lycée Professionnel dans différentes académies, et partout j’ai fait le même constat. Les élèves y sont orientés par défaut, en fonction des lacunes qui ne leur donnent pas accès au lycée général. Et dans un système qui reproduit les inégalités sociales, il s’agit le plus souvent des plus modestes. Il arrive que la situation soit caricaturale. Senlis, dans l’Oise, est une ville bourgeoise. Son Lycée Professionnel n’accueille que les déshérités des cités alentour (Creil, notamment) ; les senlisiens, eux, vont au lycée général. Même constat en Franche-Comté ou en Corse. J’en profite pour dire que les problèmes liés à l’échec scolaire ne se rencontrent pas qu’en banlieue parisienne, contrairement à une idée reçue. La différence se situe plus au niveau des types d’établissements et des types de filières. Il existe dans le Val-de-Marne (94) une cité scolaire qui juxtapose un lycée général et un Lycée Professionnel. Le premier ressemble à n’importe quel lycée général de province, le second est classé ZEP et comprenait en novembre 2005 quelques incendiaires. Nicolas Sarkozy y a fait une visite « surprise » voilà quelques jours. Evidemment, le chef d’établissement lui a présenté les élèves « présentables » du côté général, pas les autres...
                                                          Ne voyez du reste aucun mépris de ma part concernant les élèves qui se trouvent en CAP, en BEP ou en Bac Pro (je ne leur consacrerais pas une partie de mon temps sinon). C’est un simple constat. Un regret aussi : le fait que des démagogues comme Karg Se (plus haut) se servent du leurre du collège dit « unique » pour faire comme si tous les élèves étaient amenés au même niveau. C’est complètement faux : les inégalités sociales perdurent, et la sélection est faite par discrimination entre orientation en lycée général et pseudo-orientation en Lycée Professionnel.

                                                          Je salue au passage Paul Villach pour sa contribution, et ne peux que recommander la lecture de ses articles, tous d’une grande qualité.


                                                          • savouret 22 avril 2009 22:47

                                                            cet article a le mérite de mettre en exergue l ’hypocrisie des ministres successifs de l ’éducation nationale et plus globalement du systéme éducatif. celle ci se caractérise par le déni reccurent de certaines réalités patentes, telles que l ’affaiblissement du niveau d ’exigences au bac ou encore les différences réélles de niveau de comptétences selon les filiéres qui traduisent une hiérarchie des diplomes qui est fort prégnante et bien éloignée de l’égalitarisme proclamé.

                                                            cependant, je déplore tout de meme que cet article, ainsi que les réactions à celui ci cédent à des généralisations abusives et sont dépourvus d ’une mise en perspective historique écessaire afin d ’appéhender les mutations de l ’école

                                                            je m’explique,l ’idée qui est exprimée par les différents locuteurs consiste à affirmer que le niveau scolaire s ’effondre, et que la culture des éléves est de plus en plus indigente.
                                                            or, faut il rappeller, que cette thématique de la baisse du niveau est permanente depuis plus d ’un siécle, puisque au début du 20 ème siécle, certains correcteurs stigmatisaient déja l ’ignorance des nouveaux étudiants.il me semble donc que cette vision des choses meme si elle n est peut etre pas totalement infondée résulte en partie d ’un tendance qu ’a l ’homme à idéaliser le passé.

                                                            de plus, certes, le niveau moyen des candidats à un diplome, tel le bacest peut etre plus faible qu’il y a 30 ans, mais n ’est ce pas logique en raison de la massification de l’enseignement secondaire ?si l’on compare ce qui est comparable, c ’est à dire si l’on évalue les bacheliers généraux par rapport à leurs homologues des années 70 , l ’affaiblissement du niveau est il si patent ?

                                                            il me semble surtout que les qualités attendues d ’un bachelier général se sont transformées, et que si aujourd’hui la maitrise de la langue et le niveau culturel global tendent à décroitre par rapport à ses prédecesseurs, on exige de sa part des faculés de conceptualisaton et de problématisation plus approfondies .une majorité de bacheliers généraux sont pourvus d ’aptitudes de réflexion satisfaisantes et ne sont nullement incultes.toutefois, je l’ admets , comme je l’évoquais dans mon introduction, une minorité de titulaires de ce dipome l ’obtiennent grace a la mansuétude des correcteurs, mais je ne crois pas qu ’il s ’agisse d’une majorité comme ce qui est suggére dans plusieurs articles.

                                                            enfin, il me semble que la perception des éléves de lycée professionnel est un peu trop n égative et occulte l ’hétérogénéite qui les caractérise

                                                            certes, une majorité de ces élèves sont orientés en raison de leurs lacunes dans l’enseignement général et bien qu’ils obtiennent leurs diplomes, leur maitrise de la langue francaise et leurs bases culturelles demeurent insuffisantes à la fin de leur cursus pour en faire des « citoyens éclairés ».toutefois, une minorié non négligeable d ’entre eux possédent de réelles aptitudes pour accéder à l’abstraction, et pour cette categorie l’orientation en lycée pro résulte de leurs choix personnels ou d ’une orientation contestable.en effet, il est illusoire de penser que les décisions en matiére d ’orientation scolare reflétent objectivement le niveua scolaire des élèves.

                                                            ainsi, comme l’ont démontré des sociologues de l’éducation, à niveau scolaire égal, des élèves moyens peuvent avoir des différences de moyenne significative, en raison de différents paramétres.or cette différence qui est le fruit de la subjectivité de l ’évaluation a des répercussion majeures sur la trajectoire scolaire.ainsi, une proportion significative d ’éléves moyens se retrouvent orientés en bep car ils sont sous estimés par leurs enseignants et l’inverse se produit également fréquemment.il ne faut donc pas éluder la dimension arbitraire de l’orientation a la fin du collége ,et il est donc simpliste d ’associer lycée professionnel a échec scolaire systématique .


                                                            • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 26 avril 2009 00:08

                                                              L’école échoue même dans ses rôle de nivellement et de garderie pour adolescents. A revoir entièrement. 



                                                               Pierre JC Allard

                                                              • Krokodilo Krokodilo 26 avril 2009 14:14

                                                                Pour nuancer ce vieux refrain, je demanderai combien d’élèves de 1950 savaient ce qu’est un traitement de texte, un tableur, un lien hypertexte, un avatar, un copier-coller ? Zéro, ça n’existait pas, à la rigueur l’avatar.
                                                                En d’autres termes, peut-on réellement se baser sur les matières traditionnelles français-maths pour arguer d’une dramatique baisse de niveau globale ? 
                                                                N’oublie-t-on pas aussi la baisse de niveau chez certains enseignants, notamment les PDE, dont le niveau de français n’est pas toujours celui de leurs aînés sortis des écoles normales ? Si les heures qu’ils consacrent à valider une langue à un petit niveau, le souvent l’anglais, étaient consacrées à réviser grammaire et orthographe, peut-être reverrions-nous des instits à la Topaze. 
                                                                Et les heures que les primaires consacrent à l’anglais sont autant en moins qu’ils auraient pu consacrer au français.

                                                                Val, les classes de compétence que vous souhaitez commencent à se mettre en place, essentiellement dans les langues étrangères, où la distinction LV1 et LV2 est en passe d’être abandonnée, abandon officiellement recommandé par les instructions et déjà essayé dans divers établissements pilotes.

                                                                Vous rappelez justement que la Finlande, excellents résultats à l’étude PISA, n’a quasiment pas de maternelle (1 an facultatif), ne pratique pas le redoublement, ne note pas avant 14 ans. Le primaire pourrait fort bien fonctionner avec ABCDE, et je n’ai cessé de m’étonner en voyant mes enfants et leur notation au dixième de point, parfois au centième du fait des moyennes ! Brighelli, que vous citez pour son souhait d’orientation précoce, est tout de même très nuancé, il soutient l’égalité des droits (autre nom de l’égalité des chances), et rappelle je crois quelque part dans son blogue que dans cette même Finlande, on soutient bien plus que nous les élèves en difficulté dans le cursus général, car chaque prof doit consacrer une partie de l’après-midi au soutien individuel (ils ont globalement moins d’heures). Ce n’est qu’après 14 ou 15 ans que se différencient les formations, les choix, car à un moment ou à un autre une forme d’orientation et/ou de sélection doit se faire, là-bas comme ici.

                                                                Beaucoup de messages parlent des copies qui ne seraient pas notées à leur vraie valeur, mais personne ne se penche sur la définition de ce que devrait être un devoir moyen dans tel cursus à tel âge, exigence ou norme qui est loin d’être facile à fixer. Car elle dépend en outre des programmes réels, pas de l’épaisseur et de la qualité du manuel, du nombre d’heures, des objectifs assignés. 

                                                                Bon, mon message est assez décousu, mais ce débat sur le niveau scolaire est débattu depuis longtemps, je voulais simplement pointer quelques aspects pas si évidents qu’on le dit.


                                                                • 9thermidor 26 avril 2009 15:30

                                                                  mon témoignage de petit patron :

                                                                  pour différents motifs j’ ai faire du recrutement en 2008 dans ma société ( gestion immobilière dans le 94)

                                                                  résutat : l’’ horreur , et un coût excessif pour ma petite entreprise

                                                                  je reçois des jeunes avec de faux diplômes
                                                                  ou pire : des vrais diplômes présentés par de vrais nuls

                                                                  beaucoup avec bac +3 sont inaptes au travail alors qu’ils veulent des postes de cadre


                                                                  et si vous engagez des nuls ,la sanction est rapide , quarantie par le gouvernement  : vous pouvez déposer votre bilan .


                                                                  conclusion :


                                                                  non aux diplômes assignats délivrés par de nuls pour des nuls et qui nuisent aux entreprises.


                                                                  • karg se 27 avril 2009 11:16

                                                                    T’a qu’a les former, prend des stagiaires et embauche les une fois qu’ils ont le diplômes. Ca te soule les jeunes diplômés qui connaissent pas le boulot ? Moi ça me soule les patrons qui exigent que les gens sortis d’écoles sachent tous faire. On fait pas des études pour bosser dans telle PME, on fait des études pour être capable de s’adapter, apprendre et développer des compétences généralistes (travail en groupe, gestion de projet, capacité d’analyse) et pas seulement pour être très pointu dans l’immobilier du 94.


                                                                  • savouret 26 avril 2009 19:41

                                                                    krokodilo evoque un aspect important qui est celui de la subjectivité de la notation

                                                                    en effet, des etudes docimologiques nombreuses ont ete effectuees depuis des décennies,et elles mettent en exergue la subjectivité inéluctable de la notation

                                                                    ainsi une copie jugée satisfaisante par un correcteur peut tout à fait etre considérée comme médiocre par son homologue

                                                                    ne serait il pas nécessaire de « désacraliser » les notes, qui jouissent d’une influence trop prépondérante dans l’ orientation des éléves, sachant que l ’importance excessive qui leur est conférée engendre une vision utalitariste des études des le plus jeune age .or celle ci ne peut qu’altérer le gout de l’apprentissage .

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