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Commentaire de Paul Villach

sur Education nationale : un recteur avoue !


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Paul Villach Paul Villach 22 avril 2009 10:45

@ Daniel Arnaud

Comment ne pas souscrire à ce que vous écrivez ?
Voici ce que j’ai moi-même écrit dans « Les infortunes du Savoir sous la cravache du Pouvoir  : une tragicomédie jouée et mise en scène par l’Éducation nationale », parue en 2003

« 5- Une délivrance de diplômes indexée sur des statistiques
  La délivrance des diplômes dont (l’Éducation nationale) a l’exclusivité, ne montre pas plus de considération à l’égard du savoir. Tout professeur qui a participé à un jury de Brevet ou de Bac, par exemple, sait d’expérience que ce n’est pas un minimum de savoir qui est requis pour réussir à ces examens, mais un souci statistique : combien a-t-on de reçus si l’on place la barre à 10 - 9,5 - 9 ou 8 sur 20 ? Le ministère a besoin de résultats présentables pour prouver d’abord son efficacité : il ne peut donc pas raisonnablement afficher 40 % de reçus au Brevet ou au Bac, si tels sont les résultats mécaniques des corrections. On crierait au scandale ! Un autre artifice ne laisse pas de trace non plus : sur la courtoise mais insistante recommandation du président de jury à qui on a prescrit des statistiques à respecter, les correcteurs sont invités à augmenter telle ou telle note d’une ou de plusieurs disciplines : ainsi se livre-t-on entre correcteurs, en jouant avec les coefficients des diciplines, à un marchandage pour que les heureux élus atteignent le 10 sur 20 de la réussite qui permettra d’améliorer les statistiques préalablement fixées. Cette indexation des résultats d’examens sur des normes statistiques laisse peu de place à la considération due au savoir qui doit s’incliner devant une politique que guident d’autres intérêts plus puissants.
  Les concours ne s’embarrassent même pas de ces considérations. Tant de places sont offertes et et tant pis si la masse des candidats se situe au-dessous d’un minimum intellectuel souhaité : les premiers sur la liste seront recrutés. Le comique est que, si l’Education nationale a besoin de pourvoir quelques centaines de postes nouveaux, elle n’hésitera pas à puiser dans la liste complémentaire des collés !
  On conviendra qu’une telle méthode est acceptable quand il s’agit de concours très attractifs et prestigieux où ce sont les meilleurs qui se portent candidats : quelle différence existe-t-il donc entre le dernier reçu à 9,52 et celui qui le suit immédiatement sur la liste supplémentaire avec 9,49 ou même 9. Mais peut-on soutenir que tous les concours de recrutement d’enseignants entrent dans cette catégorie ? »

« L’Education nationale est d’autant plus encouragée à faire peu de cas du savoir que ses usagers n’en font pas davantage. Depuis longtemps, parents et élèves ont l’oeil rivé sur la note ou la moyenne, indépendamment du savoir qu’elles sont censées traduire. Avoir une moyenne de 10 sur 20 ou plus, tel est l’objectif unanime. Les professeurs sont parfois priés de relever leurs notes par leur chef d’établissement qui, lui, compare fébrilement les résultats de son bahut aux examens avec ceux des autres , quand y entre un pourcentage de contrôle continu. Il y va de la réputation de son établissement et de la sienne, et non de la qualité du savoir dispensé.

- La tentation de la notation démagogique
 Le petit Diplôme National du Brevet, que toute une classe d’âge est censée présenter, se délivre ainsi sur deux notes : l’une de contrôle continu (de 4ème et de 3ème), l’autre sur la moyenne de trois épreuves (Français - Mathématiques - Histoire et Géographie). Un principal sonne le tocsin quand le nombre de reçus de son établissement est inférieur à la moyenne du département : “La moyenne départementale, s’écrie-t-il, est à 75 % et nous n’avons que 68 % de reçus ! Il faut faire quelque chose !” Oui, certes ! Mais quoi ? Car, il se peut qu’au contrôle continu, la moyenne départementale des élèves qui ont 10 et plus, soit de 82 %, et que l’établissement se situe à 72 %, mais qu’en revanche, aux trois épreuves jugées en anonymat par des correcteurs inconnus des élèves, l’établissement obtienne 50 % d’élèves à 10 et plus, tandis que la moyenne départementale descende à 40 % ! On voit tout de suite le remède : augmenter la note de contrôle continu de l’établissement ? Comment ? Eh bien ! comme on le fait dans les autres bahuts du département, en gonflant les notes par démagogie ! Ce cas de figure s’est produit en 2002 dans le Gard ! » Paul Villach


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