Je copie-colle ici des extraits de commentaires issus du même billet, sur mon blog, qui me semblent utiles pour compléter cette discussion :
1 (moi). la question que je me pose est en fait : en quoi l’espace de discussion sur le web est-il différent de l’espace de discussion « réel » ? Je conçois bien qu’on renforce ou qu’on façonne ses opinions en lisant et en participant aux discussions sur le net. Mais si ce n’est grosso modo qu’un reflet de la réalité, le net est plus un accélérateur d’opinions qu’un vrai vecteur d’opinions.
Ce que je me dis, c’est plus « certains lecteurs peuvent se faire leurs opinions sur le web » que « les blogueurs sont influents ». Ce n’est pas la même chose : un lecteur confronté à une masse d’info est en mesure de se laisser influencer. Mais un blogueur n’a qu’une toute petite part de responsabilité dans cette masse d’info. Autrement dit, c’est la somme des opinions, informations et commentaires qui peuvent in fine être influents dans la blogosphère, et cette somme est indépendante du travail individuel de chaque blogueur.
C’est un peu comme le vote : chacun de nos votes ne change rien, et la somme de tous nos votes change tout. Donc dire d’un blogueur qu’il est individuellement influent, me paraît exagéré. Dire que la blogosphère joue un rôle... Peut-être.
2. José
Pour moi, cette histoire “d’influence“ est très largement de la fumisterie, dans la façon dont elle est évoquée par -comme par hasard- quelques internautes, instituts “d’études“ divers ou agences de communication : elle relève de ce phénomène de la prophétie auto-réalisante.
Reste que toute parole a vocation a être entendue, voire écoutée. Celle des blogs n’y échappe pas.
L’est-elle ? Oui, à la hauteur de son audience quantitative -qui est évidemment infiniment plus faible que celle des médias commerciaux (presse, radio, TV)-.
Oui, ensuite, à la hauteur du “réseau“ d’amis, d’accointances, qu’on peut mobiliser par capillarité. La capacité d’un “petit“ réseau comme celui des “freemen“ (80 à 90 blogs), par exemple, à se mobiliser, même très partiellement, sur des sujets aussi divers que la règlementation du purin d’ortie ou, dans les derniers jours, sur les événements de Oaxaca, n’est pas négligeable.
Oui enfin, à la hauteur de son audience qualitative (mais là les choses sont réellement inquantifiables) : si sur un lectorat même maigrichon, on a su attirer l’attention de gens eux-mêmes influents (conseillers d’hommes politiques, par exemple), si on a trouvé une formule qui fait mouche, mis en avant une information peu médiatisée, donné un angle “disruptif“ à une autre, mis en rapport deux phénomènes jusque là dissociés, exprimé une idée ou un projet peu conventionnel mais vaguement réaliste, oui, il y a une chance qu’on devienne une “ressource“ anonyme pour ces gens et, dans ce cas, qu’ils se servent de nous à hauteur de leurs besoins.
On peut appeler ça de l’influence, si ça fait vraiment plaisir. Mais la route est longue et la pente est rude :)