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Commentaire de Voltaire

sur « Abus de pouvoir », François Bayrou (Plon) : je l'ai lu pour vous


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Voltaire Voltaire 4 mai 2009 10:50

L’ouvrage de François Bayrou est un pamphlet. Brillant, subjectif, passionant, irritant... il n’y a rien de mou dans l’ouvrage. Qu’il est loin le temps où l’on se gaussait de ce centriste... Et c’est bien pourquoi la carricature de Bayrou aux guignols ne fait plus rire : trop éloigné du caractère réel. Toute satyre se doit de contenir un fond de vérité.

Dans ce livre, François Bayrou dénonce en réalité une dérive extrême. Traditionellement, droite ou gauche négligeaient l’un des aspects du triptique sur lequel repose notre société, liberté, égalité, fraternité. Un peu moins d’égalité pour la droite, un peu moins de liberté pour la gauche (quoi que). Pour François Bayrou, le Sarkozysme est une boule qui dégomme deux quilles sur trois, et laisse la troisième chancelante. Privée de ses fondements, la société « à la française » s’effondre, et nombre de citoyens avec.

En se proposant de renforcer de façon équilibrée ce tryptique, Bayrou souhaite reconstruire notre société sur ses bases, issues du siècle des lumières. Bien sûr, l’auteur force le trait, mais il marque le point.

Il suffit de lire les éditoriaux, aux antipodes, des deux grands quotidiens que sont Le Figaro et Libération ce matin, pour se rendre compte de l’impact dévastateur et refondateur de cet ouvrage.

D’un côté, Paul-Henri du Limbert (excusez du peu...), dans le Figaro (qui a aimablement censuré mon commentaire, mais quand on prend le pseudonyme de Voltaire, peut-on s’en émouvoir...) illustre l’inquiétude qui s’empare soudain du conservateur ampoulé. En feignant de reconnaitre au président du Mouvement Démocrate une certaine habilité politique, qu’il habille de Mittérandisme (l’insulte suprème de la droite antique), il le dépouille de toute prétention constructive, le réduisant à un simple opposant critique, bon sur la forme, creux sur le fond. Ce mépris qui relève de la méthode Coué révèle bien l’impuissance d’une droite qui aurait tant à perdre, et se retrouve confrontée à une impuissance panique vis à vis d’un opposant que rien ne soumet.

De l’autre, Laurent Joffrin, dans Libération, en vient à espérer une vaste alliance anti-Sarkozyste, de la gauche de la gauche à Bayrou, qu’il espère encore menée par le socialisme. Erreur fondamentale d’appréciation que de réduire Bayrou à un simple opposant : François Bayrou, comme il l’exprime à la fin de son ouvrage, ne s’indigne pas par principe. Il est porteur d’une vision, d’un projet de société, qui est aussi différent de celui du NPA que du sarkozysme. Pour qu’une élection ait un sens, et se révèle constructive, voire reconstructrice, il est essentiel que l’électeur vote « pour » un projet, et non « contre » un autre ou son représentant.

On le voit, par ce livre, François Bayrou poursuit sa démolition méthodique du paysage politique français. Que ce livre ait été écrit par cet ancien reponsable de la droite, plutôt que par un homme de gauche, en dit long sur la déliquescence de celle-ci, et sur son impuissance. Sur ces ruines, il faudra reconstruire.


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