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Commentaire de Voltaire

sur À propos d'alliances


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Voltaire Voltaire 7 mai 2009 11:54

Une excellente analyse politique.

La gauche est minoritaire en France. C’est un élément qui peut paraitre surprenant, quand on considère les scrutins locaux, où la gauche domine l’essentiel des collectivités. Mais à l’échelon national, c’est une tendance lourde, qui est renforcée par le vieillissement progrssif de la population (les personnes de plus de 65 ans votent aux deux-tiers à droite, et ne s’abstiennent pas...). Bien sûr, la conjonction d’une situation économique et sociale difficile et d’un bon candidat peut renverser cette tendance, mais de façon temporaire.

Le PS n’a toujours pas réussi sa transformation idéologique. La faute sans doute à une absence de leader fort qui ait pu imprimer sa marque (comme Bayrou ou Sarkozy sur leur parti). La faute aussi à une tradition de gauche contestataire vivace en France, qui continue d’écarteler le PS entre gauche de protestation, étatiste, et gauche de gouvernement, sociale-démocrate. Cette synthèse impossible pénalise ce parti de façon aigüe.

Les présidentiables ? A trois ans des élections, il semble difficile de se prononcer, même si Sarkozy et Bayrou seront incontournables. On pourrait prendre l’exemple américain pour suggérer qu’un(e) Obama français puisse sauver le PS, mais l’histoire politique française suggère que les électeurs de ce pays sont peu sensibles aux sirènes des nouveaux venus, et préfèrent des politiques ayant « faits leurs preuves ». Au PS, le seul choix tactique gagnant serait DSK, mais en raison de la branche contestataire de ce parti, sa nomination demeure hautement improbable. Faute de leader évident, le risque est grand de voir les prétendants s’épuiser mutuellement en 2011 : le tout sauf Royal sera toujours là, et les Aubry, Hollande et consors auront du mal à percer.

A droite, de Villepin adorerait se présenter contre son némésis, mais y renoncera faute de troupes, Dupont Aignant demeure confidentiel, Borloo sera peut-être lancé dans les pattes de Bayrou mais le voudra t-il ? et le Nouveau Centre est moribond.

Bayrou est il de gauche ? Non, au sens de la gauche française. Bien sûr, il y a accord sur les valeurs éthiques, mais jamais le PS n’accepterait de pousser le rééquilibrage des pouvoirs comme Bayrou le souhaite (l’appareil du parti socialiste est trop puissant), et les divergences sur le rôle de l’Etat et sur le modèle économique sont nombreuses. En cela, B. Hammon a raison, Bayrou est un concurent du PS, et il propose bien une vision sociétale différente.

Une alliance est-elle possible ? Idéologiquement, oui. Il n’y a pas plus de différences entre le projet de Bayrou et celui du PS, qu’au sein même du PS entre son aile gauche et son aile droite (pour ne rien dire d’alliés communistes). Seul problème : le PS, parti puissant, peut-il accepter de ne pas être leader... La réponse est non, jusqu’au second tour. Ensuite, le PS négociera le soutient de Bayrou en cas de présence au second tour, si son ou sa candidat(e) est crédible, ou soutiendra Bayrou en échange d’une présence importante au gouvernement (et d’un premier ministre) en cas de présence de Bayrou au seocnd tour. Car cette fois, le PS ne peut pas se permettre de ne pas être au gouvernement, d’une manière ou d’une autre : ce serait sacrifier toute une génération de responsables qui aspirent au pouvoir, et peuvent prétendre à prendre la suite de Bayrou s’il est élu. 

Je ne partage pas la vision « archaïque » du PS de l’auteur : il me semble que toute velléité communiste a bien disparue de ce parti, mais il reste attaché à un rôle centralisateur de l’Etat, très présent dans tous les rouages de la société, tandis que Bayrou lui substitue celui d’Etat garant, d’Etat contrôle, et donc de dépenses publiques moins élevées tout en refusant une loi du marché hégémonique.

Ce que votre article n’aborde pas en revanche, et qui est intéressant, c’est la vision de la fonction présidentielle, fondamentalement différente entre Sarkozy, Bayrou, et un candidat PS (ils ont tous une vision à peu près identique sur ce point), et qui pourra jouer un rôle important dans le choix des électeurs. 2012 sera intéressant à ce niveau :
en cas de confirmation de Nicaols Sarkozy, la France sera pour longtemps passée dans un modèle « présidentialiste ». En cas d’élection de François Bayrou, qui ne dispose pas d’un parti très fort, on retrouvera un président arbitre, impulsant une direction générale au pays, à la de Gaulle (sans le contrôle strict de l’information...). En cas d’élection d’un(e) candidat(e) socialiste, on retrouvera sans doute le modèle Chiraquien (domaine réservé, influence modérée sur la majorité parlementaire, plus forte sur le gouvernement ). Trois visions de notre système politique...


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