Très intéressante première partie (une séance de pure
propagande).
Pour ce qui est des deux suivantes, en revanche, je trouve
que vous mélangez beaucoup de choses et étalez des clichés usés jusqu’à la mœlle.
Ce que l’on peut entendre lors d’un match de foot, on l’interprète
comme du crétinisme et de l’imbécillité quand on se penche sur ce type de
manifestation du haut de son piédestal, comme vous le faites, en garant du bon goût
et de la haute activité intellectuelle.
Avec un peu plus d’empathie
pour vos congénères humains amateurs de football, vous auriez pu analyser la
situation d’une manière un peu plus posée et moins dédaigneuse. Certes, les
propos ne sont pas d’une grande originalité : on peut les entendre à
chaque match de football, voire à chaque événement sportif. La raison ?
Non pas le « crétinisme » des spectateurs et joueurs, mais l’excitation
du jeu, le suspens du match, qui pousse les joueurs à se motiver (« on a
le potentiel pour y arriver ») et les supporters à rêver (multiples
pronostics).
Le paradoxe que vous pointez du doigt concernant ces « bretons
aux équipes africaines » est un faux problème. Les guiguampais et rennais
sont des joueurs bretons, qu’ils soient ukrainiens, sénégalais ou italiens. Effectivement,
ils n’ont pas grandi au Plouézec, au son des fest noz et n’y connaissent peut être
rien à ce folklore et à cette culture bretonne. Mais ce n’est pourtant pas le
sujet ici. Ils sont les employés d’une entreprise – une équipe de football –
dont les clients, les consommateurs, les supporters, sont des populations qui
portent un amour à leur club, amour qui s’entremêle à l’amour qu’ils portent à
leur région. Le phénomène est le même pour d’autres clubs populaires comme le
RC Lens par exemple, composé aux trois quart par des africains, mais dont la
force motrice repose sur un encrage très fort dans le patrimoine régional. Ce
type d’amour, on le retrouve chez chaque être humain, cela s’appelle le besoin
d’appartenance. A mon sens, vous confondez des éléments identitaires
(individuels et collectifs) et cela biaise votre perception des choses.
Un peu plus d’empathie et de compréhension, un peu moins de
jugement et votre regard n’en sera que plus pertinent, ciselé et moins aigri
sur le bon peuple, cher monsieur.
Peut-être même que vous considérerez tous ces individus
comme vos égaux, égaux dans les affects, dans l’intellect et dans le besoin d’appartenance.