Puisqu’il est question de « pansdermie »,(mot que je découvre) a mon tour d’apporter ma petite graine au débat passionnant, relatif à cet article non moins captivant.
ExplIquer le vivant, ou plutôt tenter de le faire, éveille aussitôt des questions d’ordre philosophique et même mystique, indissociables de la recherche scientifique et relatives à la notion de genèse, à la recherche de sens de la vie. On le voit bien dans les commentaires.
« La graine » en bouddhisme, c’est relatif à la Loi de causalité. Celle-ci n’est pas le déterminisme, comme certain peuvent le croire (une cause produit un effet). Il s’agit du concept philosophique bien plus profond de la « simultanéiété de la cause et de l’effet ».
Celui-ci est symbolisé par le Lotus dit « sacré » (nelumbo nucifera) parce que cette plante produit sa graine et sa fleur simultanément.(et non la fleur , puis la graine). Nous ne parlons donc pas du problème de « la poule qui a fait l’oeuf ou l’inverse », puisque les deux se font simultanément, dans le cas de cette plante là : http://www.soleil-lotus.net/html/le_lotus.html
Ce n’est donc pas un harsard si le Lotus symbolise l’éveil bouddhique. C’est à dire le chemin de l’éveil à la réalité de la vie en soi-même. L’épanouisement de la fleur de Lotus, dépend de la substance (primordiale), de la boue de l’étang dans laquelle elle pousse. Toute la symbolique de la création de la vie et de sa manifestation se trouve dans ce concept.
Sans « la boue », sans la « décomposition du vivant », sans « la mort », pas de vie. (sans trouble souffrance, désir, pas d’épanouissement dans son humanité, non plus). Vie et mort sont intimement liés, interdépendants. Difficile d’expliquer la vie sans expliquer la mort et inversement. « La mort » en bouddhisme c’est l’état de « ku » (en japonais) . « Ku » c’est la « non substantialité », ce qui est latent, non manifesté, mais « existant » dans cet état de « non existance » là , quand même. Au moment de notre mort, ce qui reste de nous (conscience alaya contenant le karma), rejoint l’état de ku, pour les boudhistes.
La question des conditions de l’apparition de la vie est quelque chose que le bouddhisme aborde donc de manière pragmatique, quand bien même il existe une dimention mystique (inexpliquée) voire même « inexplicable » qui est a prendre en compte dans le fait de chercher à expliquer l’origine du vivant.
Expliquer la matière et ses interactions ne doit donc pas ignorer le non substantiel, voire « la non-matière », ni même le « non-vivant ». Le bouddhisme postule l’existance d’une force vitale inhérente à l’univers qui se manifeste dans tous les phénomènes. Celle-ci est à la foi « cause et effet » simultanément. (la boddhiété). Autrement dit tous les phénomènes sont intrinsèquement la manifestation de cette force vitale. Elle prend des formes dites « sensitives » (végétaux, animaux, humains) ou bien « non-sensitive » (minérale...). Le bouddhisme explicite que même les êtres non sensitifs possèdent intrinsèquement « l’état de bouddha »..
Le bouddhisme ne crois donc pas au hasard, non plus. Il explicite l’une des modalités d’expression de la vie qui est « la cohérence du début jusqu’à la fin ». La recherche scientifique participe intrinsèquement des phénomènes qui font que le vivant tant à se manifester naturellement. Sinon cela contredirai l’idée même de l’existance de cette force vitale. Le bouddisme l’appelle « boddhéité », ou « état de bouddha ». Ce à quoi c’est éveillé Sakiamuni.
Dans son livre « La vie à la lumière du bouddhisme » Daisaku IKEDA développe l’idée que la vie et la non-vie ne sont pas si éloigné que ça. Pour le bouddhisme pas d’origine fortuite , due au « hasard » pour ce qui est de « l’apparition du vivant ». D. Ikeda s’appuie entre autre pour cela sur les travaux d’un scientifique japonnais , le professeur Haruhiko NODA, de l’université de Tokyo qui à écrit un livre (Seimei no Kigen) « Les origines de la vie ». IL ne s’agit pas d’éliminer "l’éventualité selon laquelle l’apparition de la vie sur terre soit un événement unique dans l« éternité »dit Noda. Mais « il y a plus de raisons de supposer que l’univers lui-même est doté d’une tendance intrinsèque à se développer vers la vie » (que de croire en une origine fortuite),rajoute-t-il.
Noda démontre que le vivant existe potentiellement dans le non organique. Il s’appuie sur une démonstration qui tend à prouver que « même si l’ensemble de l’univers était composé d’acides aminés, ce qui n’est pas le cas, il ne contiendrait pas assez de matière pour satisfaire les exigences de la loi des propablités ». (démonstratoin trop longue à transcrei ici, basée sur l’étude de la masse de l’univers connu (10 à la puissance 49 tonnes).
D. IKEDA fait ensuite un parrallèle entre les études de Theillard de Chardin et de Noda, en rapprochant leur vision respective relative au fait que le non-organique devient organique. Il dit ceci : « Noda et Theillard de Chardin, quoi que exposant des théories différentes, semblent suggérer une conclusion unique : un potentiel de vie capable de donner naissance aux myriades d’être qui émergèrent en définitive existaient sous forme d’une masse gigantesque bien avant la genèse de la vie sur terre. » (la vie à la Lumière du bouddhisme, p 272, 273 édition du Rocher)
« Graines partout », au final , me suggère plutôt l’idée que le potentiel vital est aussi dans le non-vivant. « Le vivant » , avant de se manifester comme tel est à l’état latent dans le « non vivant », tout comme la mort est intrinsèquement contenue dans la vie. Tout comme le Lotus ne peux manifester son épanouissement (fleur et graine simultané) sans la boue qui est elle-même la décomposition, la mort de ce même vivant. Les deux étant intimement lié, et même inséparables.
Le bouddhisme parle d’une « force vitale » qui trouve à un moment donné les conditions de sa manifestion (dans ce que nous appellons le vivant). Condition en apparence difficile et complexe à réunir, tant ce qui s’oppose à l’apparition de ce vivant semble rendre la tâche impossible, la propabilité de la vie « hasardeuse » au regard de léternté de la vie et de l’imensité de l’univers. Mais tout porte à croire que « ce hasard » est lui-même « impossible ».
Daisaku Ikeda conclu ce chapitre là (étayé des démonstrations de divers scientifiques trop longues à transcrire ici) ainsi : « La vie telle que nous la connaissons sera probablement détruite à la suite du délcin du système solaire et de la terre. Mais si nous parvenons à prouver que d’autre région de l’univers offrent des conditions adaptées à la vie, nous aurons la confirmation scientifique de la possiblité que la naissance et la mort s’écoule à travers le cosmos, répétant éternellement le cycle de la transmigration. Même sans cette vérification scientifique, rien ne nous empêche de croire en cette idée. »(page 274)
IL est ici question de « flux vital », de « continuum » et « d’éternité », en ce que le vivant trouve à se manifester du point de vue de la perception que nous en avons, nous humains, qui sommes nous même ce flux, ce continum et cette éternité, intrinsèquement... Le bouddhisme parle aussi du concept de « l’inséparabilité de soi et de son environnement ». La réalité ultime de la vie (« boddhéité ») ainsi que l’explication de sa genèse, ne sont pas ailleurs qu’en nous même, la difficulté étant surtout d’arriver à saisir cette réalitéen soi .
02/06 17:47 - friedrich
« Ca n’a aucun sens pour un religieux, puisque celui-ci doit croire sans chercher plus (...)
02/06 17:27 - friedrich
« personnes religieuses scientifiques »... laisse moi rire. Et pourquoi pas des pianistes (...)
18/05 09:21 - hibernatus
Un article tres interessant, bel exercice reussi de vulgarisation, suivi de plus d’un fil (...)
17/05 17:28 - Wetz25
Merci pour cet article passionnant ! Les hypothèses sont nombreuses, alors attendons que la (...)
17/05 10:18 - Epeire
En même temps... Le gros problème de l’immatériel est précisément qu’il n’est (...)
14/05 20:39 - Epeire
Petite correction : il y a une erreur dans les liens. Voici le site du GDR : (...)
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