Je souligne a l’auteur qu’il y avait de grands écrivains qui étaient contre l« idée de progrès.
Voici un extrait de la préface de baudelaire aux »notes nouvelles d’edgar allan poe« .
Le »il" qu’il utilise est pour nommer poe. Voici l’extrait :
Le progrès, cette grande hérésie
de la décrépitude, ne pouvait pas non plus lui échapper.
Le lecteur verra, en différents passages, de quels termes il
se servait pour la caractériser. On dirait vraiment, à
voir l’ardeur qu’il y dépense, qu’il avait à s’en venger
comme d’un embarras public, comme d’un fléau de la rue. Combien
eût-il ri, de ce rire méprisant du poète qui ne
grossit jamais la grappe des badauds, s’il était tombé,
comme cela m’est arrivé récemment, sur cette phrase mirifique
qui fait rêver aux bouffonnes et volontaires absurdités
des paillasses, et que j’ai trouvée se pavanant perfidement dans
un journal plus que grave : Le progrès incessant de la science
a permis tout récemment de retrouver le secret perdu et si longtemps
cherché de... (feu grégeois, trempe de cuivre, n’importe
quoi disparu), dont les applications les plus réussies remontent
à une époque barbare et très ancienne ! ! ! - Voilà
une phrase qui peut s’appeler une véritable trouvaille, une éclatante
découverte, même dans un siècle de progrès
incessant ; mais je crois que la momie Allamistakeo n’aurait pas manqué
de demander, avec le ton doux et discret de la supériorité,
si c’était aussi grâce au progrès incessant - à
la loi fatale, irrésistible, du progrès, - que ce fameux
secret avait été perdu. - Aussi bien, pour laisser là
le ton de la farce, en un sujet qui contient autant de larmes que de
rire, n’est-ce pas une chose véritablement stupéfiante
de voir une nation, plusieurs nations, toute l’humanité bientôt,
dire à ses sages, à ses sorciers : "Je vous aimerai et
je vous ferai grands, si vous me persuadez que nous progressons sans
le vouloir, inévitablement, - en dormant ; débarrassez-nous
de la responsabilité, voilez pour nous l’humiliation des comparaisons,
sophistiquez l’histoire, et vous pourrez vous appeler les sages des
sages" ? N’est-ce pas un sujet d’étonnement que cette idée
si simple n’éclate pas dans tous les cerveaux : que le progrès
(en tant que progrès il y ait) perfectionne la douleur à
la proportion qu’il raffine la volupté, et que, si l’épiderme
des peuples va se délicatisant ils ne poursuivent évidemment
qu’une Italiam fugientem, une conquête à chaque minute
perdue, un progrès toujours négateur de lui-même ?