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Commentaire de werther_original

sur La mort du Progrès continuel


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werther_original werther_original 19 mai 2009 22:44

Je souligne a l’auteur qu’il y avait de grands écrivains qui étaient contre l« idée de progrès.

Voici un extrait de la préface de baudelaire aux »notes nouvelles d’edgar allan poe« .
Le »il" qu’il utilise est pour nommer poe. Voici l’extrait :

Le progrès, cette grande hérésie de la décrépitude, ne pouvait pas non plus lui échapper. Le lecteur verra, en différents passages, de quels termes il se servait pour la caractériser. On dirait vraiment, à voir l’ardeur qu’il y dépense, qu’il avait à s’en venger comme d’un embarras public, comme d’un fléau de la rue. Combien eût-il ri, de ce rire méprisant du poète qui ne grossit jamais la grappe des badauds, s’il était tombé, comme cela m’est arrivé récemment, sur cette phrase mirifique qui fait rêver aux bouffonnes et volontaires absurdités des paillasses, et que j’ai trouvée se pavanant perfidement dans un journal plus que grave : Le progrès incessant de la science a permis tout récemment de retrouver le secret perdu et si longtemps cherché de... (feu grégeois, trempe de cuivre, n’importe quoi disparu), dont les applications les plus réussies remontent à une époque barbare et très ancienne ! ! ! - Voilà une phrase qui peut s’appeler une véritable trouvaille, une éclatante découverte, même dans un siècle de progrès incessant ; mais je crois que la momie Allamistakeo n’aurait pas manqué de demander, avec le ton doux et discret de la supériorité, si c’était aussi grâce au progrès incessant - à la loi fatale, irrésistible, du progrès, - que ce fameux secret avait été perdu. - Aussi bien, pour laisser là le ton de la farce, en un sujet qui contient autant de larmes que de rire, n’est-ce pas une chose véritablement stupéfiante de voir une nation, plusieurs nations, toute l’humanité bientôt, dire à ses sages, à ses sorciers : "Je vous aimerai et je vous ferai grands, si vous me persuadez que nous progressons sans le vouloir, inévitablement, - en dormant ; débarrassez-nous de la responsabilité, voilez pour nous l’humiliation des comparaisons, sophistiquez l’histoire, et vous pourrez vous appeler les sages des sages" ? N’est-ce pas un sujet d’étonnement que cette idée si simple n’éclate pas dans tous les cerveaux : que le progrès (en tant que progrès il y ait) perfectionne la douleur à la proportion qu’il raffine la volupté, et que, si l’épiderme des peuples va se délicatisant ils ne poursuivent évidemment qu’une Italiam fugientem, une conquête à chaque minute perdue, un progrès toujours négateur de lui-même ?


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