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Commentaire de NICOPOL

sur La mort du Progrès continuel


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NICOPOL NICOPOL 21 mai 2009 10:49

Décurion,

Pour vous répondre quand même sur le fonds, même si on s’écarte du thème de l’article (mais bon vous ne l’avez pas lu, alors... smiley ).

Je partage votre constat sur les dérives de la pratique financière actuellement, mais ceci ne remet pas en cause les grands principes généraux de ce qu’on appelle « finance » : en gros, monnaie + prêts, avec éventuellement des intérêts. 

Le principe d’appliquer un taux d’intérêt ou non sur des prêts est un vieux débat (la fameuse « usure » de l’Ancien testament), qui est lié avec celui de verser des dividendes à des actionnaires. Le paiement d’intérêt n’a pas toujours été pratiqué e cas en occident (autorisée mais contrôlé en Mésopotamie et chez les Romains mais condamnée par Aristote et interdit par l’Eglise catholique au Moyen-Age) et n’est toujours pas pratiqué dans d’autres cultures (la finance islamique, par exemple).

L’intérêt, comme le dividende, est une rémunération du risque pris par celui qui prête ou investi sans être sûr de pouvoir se faire rembourser ou récupérer son capital. Ce mécanisme s’est installé progressivement dans le système d’échanges commerciaux internationaux et s’est avéré si utile, voire indispensable, que les Rois de France, après les avoir expulsé, ont été contraints de rappeler les Juifs qui eux n’avaient pas d’interdits. Plus tard la réforme protestante achèvera de généraliser ce mécanisme en Europe, qui contribuera pour une bonne part à l’essor économique de la Renaissance ; il fut encore davantage généralisé et libéralisé après la Révolution française, permettant notamment de financer l’industrie minière et manufacturière. Aurait-on pu faire sans ? On peut toujours spéculer ou s’essayer à l’uchronie... Il n’empêche, le principe du prêt rémunéré est aussi vieux que la civilisation. 

Aujourd’hui le principe de l’intérêt est de nouveau remis en cause pour des raisons idéologiques (ce qui n’a pas beaucoup d’intérêt, si je puis dire) mais aussi techniques (le principe d’ « accumulation du capital », voir le fameux documentaire sur l’Argent dette dont vous reprenez les principaux arguments à votre compte en mentionnant le multiplicateur de dette). Il n’en reste pas moins que je ne connais pas grand monde qui accepterait de prêter ou d’investir de l’argent « gratuitement », ou alors on est dans le domaine du don, c’est à dire de la solidarité, et c’est un tout autre problème.

Je suis d’accord avec vous que le grand disfonctionnement du système actuel, c’est que le risque pris par les « prêteurs / investisseurs », trop souvent, est dysymétrique, c’est à dire qu’ils peuvent effectivement gagner, mais en cas de perte, parce qu’ils sont « influents » économiquement et donc politiquement, trouvent un moyen plus ou moins borderline de retomber sur leurs pattes, que ce soit grâce à des aides publiques (c’est à dire au frais du contribuable) ou aux dépend de « petits investisseurs » moins rusés. Il est donc certainement souhaitable, et même urgent, de bien réguler ce système afin de limiter les dérives et que chaque acteur soit récompensé ou pénalisé en fonction du risque qu’il a pris. Ce qui n’implique pas qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain et condamner dans son ensemble la « finance » et les « financiers », qui ne sont pas tous d’affreux spéculateurs profitant de la crédulité de la veuve et de l’orphelin pour se payer des vacances aux Seychelles, mais parfois de modestes et honnêtes techniciens qui essayent de rendre possible des projets de développement contribuant à améliorer concrêtement le niveau de vie et le bien-être des populations les plus défavorisées (sniff sniff c’est bô....). 

Pour finir :

"Montrez moi 10 personnes risquant leurs argent personnel dans des projets importants, et je croirais en leur existence.« 

L’histoire regorge de grands »capitalistes« soudainement ruinés par un retournement de situation, et qui ont fini pendus ou défenestrés (cf crise de 29). Même votre serviteur a investi quelques milliers d’euros dans une petite société familiale au Mexique, mais la crise plus la grippe H1N1 ont tué le poussin dans l’oeuf et je ne reverrai sans doute jamais mes fonds... Mais vous allez me dire que ce n’est pas un »projet important"...


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