Bonjour Julien,
J’ai cru en effet que vous étiez un adepte de la méthode dure. Désolé pour l’erreur.
En Education, comme dans d’autres domaines, il n’y a jamais eu d’âge d’or. La formation des profs n’est effectivement pas adaptée, mais elle ne l’a jamais été. Enseigner est un acte vraiment complexe. Il ne suffit pas de dire à son enfant « regarde comme papa fait du cheval » pour en faire un bon cavalier. Transmettre l’information est assez facile, mais faire de l’information une connaissance est très difficile.
Le charisme d’un prof est effectivement très important, comme sa capacité à motiver. L’idéal serait effectivement d’avoir un prof qui maîtrise sa discipline, bon pédagogue, qui dispose de qualités humaines et relationnelles hors du commun. Certains correspondent à ce profil et ils sont effectivement rares. Comme dans tout métier. Le super-héros, ça n’existe pas. Surtout pas pour 1300 € par mois au début de carrière,1800 € après 10 ans d’ancienneté quand un bon commercial se fait 10 000 € par mois et un trader, on n’en parle même pas ! Surtout pas dans une société où pour exister il faut être riche et célèbre, où celui qui sait est un con parce qu’à 50 ans, il n’a pas une Rollex !
Mais comment motiver un élève quand la société ne promet aucun avenir ? A la limite, vous pouvez le faire en cours particulier, mais à une classe… la problématique est différente.
Demandez à un élève ce qu’il veut faire plus tard. Il vous répondra : être célèbre ! De nombreuses ados, bien sous tous rapports, sont même prêtes à se prostituer pour cela (c’est la vérité), parce que telle est la valeur véhiculée par la société. Le corps est une marchandise, tout est une marchandise.
Vous hurlez contre le CAPES, vous avez raison. Un concours ne fait pas un bon prof. Il valide juste l’aptitude à passer un concours. Comme les tests de QI ne fondent pas l’intelligence. Comme toute évaluation qui n’évalue que la capacité à réussir l’évaluation, pas la capacité elle-même. On n’enseigne pas, mais on enseigne à passer un examen. C’est pour cela qu’on dit que l’enseignement n’est ni théorique, ni pratique mais propositionnel. C’est ainsi fait, et depuis les années 70, depuis que l’école n’a plus eu pour mission de sélectionner, mais d’éliminer. Il faut protéger l’élite en place via la pyramide malthusienne. Si on donnait à tous les moyens de progresser, ils progresseraient. Mais si tout le monde – ou presque – pouvait appartenir à l’élite, il n’y aurait plus d’élite !
Vous avez sans doute fait du bon boulot en cours particuliers, vous vous êtes senti fait pour enseigner, et vous êtes frustré du mode de sélection pour être un prof certifié. En plus, vous vous êtes aperçu que la société qui vous emploie vous paie 12 € par heure, ce qui lui revient à 19 €/h avec les charges sociales, pour un cours qu’elle facture 35 € aux parents. Et vous vous êtes dit : « putain, 15 € de marge brute pour un travail quasiment nul. Le responsable pédagogique ne connaît rien à la pédagogie, il recrute n’importe qui. Mes frais de déplacement ne sont pas remboursés ; pour donner une heure de cours, je dois au minimum passer 1 heure dans les transports, sans compter le temps à préparer les cours si je suis sérieux, etc. » Bref, vous vous êtes senti exploité, et vous avez besoin de reconnaissance parce que vous savez que vous êtes bon. Surtout par rapport au responsable pédagogique qui reste assis au bureau toute la journée à réceptionner les parents, les effrayer pour qu’ils achètent 48 heures de cours que leurs enfants ne suivront même pas, et pour faire passer des tests bidons.
Si vous vous sentez fait pour enseigner, ne désespérez pas. Vous pouvez passer le CAPES, mais aussi vous inscrire au diocèse (enseignement catho) et recevoir une formation, vous inscrire sur la liste du rectorat, démarcher directement les chefs d’établissement, passer un diplôme de formateur en formation professionnelle, enseigner à l’AFPA, etc. Il y a plusieurs solutions, en tout cas je crois que c’est toujours comme ça que ça se passe.
Vous pouvez aussi faire comme moi : vous mettre à votre compte. Acceptez alors de gagner très peu au début (peut-être même pendant longtemps) et d’étudier énormément pour essayer d’être le meilleur dans votre domaine parce que quand vous n’avancez pas, vous reculez ! Allez-y, défoncez tout et bonne chance. Parce qu’il en faut aussi.
24/05 15:21 - mimine
oui, justement, l’école française souffre d’une forme de schizophrénie : vouloir en (...)
23/05 14:22 - french_car
Daerel je regrette que vous n’enseigniez pas dans le lycée de mes fils tant il semble que (...)
23/05 12:39 - Julien Fischer
@Daerel : tout à fait d’accord ! Je n’avais même pas parlé de l’agrégation, (...)
23/05 10:32 - Daerel
L’agrégation est une fumisterie bien française. Déjà, ce concours est un énorme (...)
23/05 09:37 - 5A3N5D
« Je ne ferai pas de commentaire sur l’agrégation qui est un concours qui n’a de (...)
22/05 22:59 - Daerel
Je comprends votre positionnement et oui, nous partageons pas mal de points de vue sur la (...)
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