Cher Nico,
Comment répondre à ton message en quelques mots ?
J’en suis incapable. Tu me pardonneras donc de passer sur quelques unes de tes questions.
D’autant que ton post me fait réfléchir... Comme tu le vois, nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
Je serai en effet bien en peine de te citer un cinéaste français aussi baroque que Fellini ou méditatif que Tarkovski.
Mais je crois que tu te trompes en disant que : « Les films français tiennent généralement par la qualité et le côté très écrit de leurs scénarios ».
Pour moi, c’est l’inverse qui est vrai.
Je pense que la valeur esthétique d’une image ne vaut que si elle est au service d’un scénario. C’est à dire si la forme est en corrélation avec le fond. Si le fond manque, on se retrouve chez Peter Greenaway ; un truc insupportable.
L’inverse n’est pas vraie. Un fond travaillé et une forme balbutiante donnent un film comme « Festen » par exemple...
Il y a eu en France de très grands réalisateurs filmant avec génie : Renoir, Carné, Cocteau, Gance, Feyder, Clément etc... Même certains délires de Franju.
Sans la nouvelle vague, nous aurions peut-être pu avoir des cinéastes à la Fellini. Mais Truffaut et sa clique l’ont interdit.
-Ils ont condamné le cinéma « de studio » comme ringard et dépassé. Fellini ne tournait qu’en studio.
-Ils ont éliminé le scénario et les scénaristes (cf le « meurtre » de Jean Aurenche par Truffaut). Or ce cinéma que tu sembles aimer nécessite un véritable travail de scénario. Pas question d’engager des sommes rondelettes sur la bonne mine d’un ex-critique des cahiers disant qu’il écrira son film avec sa caméra (l’un des dogmes de la nouvelle vague, la fameuse caméra stylo).
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si tu cites Resnais et Clouzot. Resnais a toujours travaillé avec de grands scénaristes dont il reconnait le travail (il ne signe jamais « un film »de, mais « réalisé par »). Quant à Clouzot, il était lui même un très bon scénariste et un dialoguiste d’exception.
Le malheur des films français en général vient de là. Ils n’ont pas de scénario.
S’ils te semblent très écrits, c’est parce qu’ils sont mal dialogués et que leurs réalisateurs trouvent très malin de dissimuler le néant de leurs propos derrière de grandes phrases creuses (citer Blaise Cendrars par exemple pour Desplechin où répéter en boucle « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens... » par exemple pour Truffaut).
Personne n’a jamais trouvé de raison valable pour se farcir un Rohmer, surtout après leurs dates de péremption, quelques mois après leur sortie. En revanche, pour une soirée à rire entre amis, après « Dumb et Dumber » je te conseille « Le genou de Claire » hilarité garantie.