Bonjour Paul & cie
Très bon article qui illustre
parfaitement les changement entre 1969 et aujourd’hui. Permettez-moi d’apporter
quand même quelques précisions qui, je l’espère, enrichiront le débat.
En 1969 comme en 2009, l’enfant
qui se présente au bureau du professeur en compagnie de ses parents symbolise
avant tout l’élève en échec, pas tous les élèves. En 1969 comme en 2009, il y a
de bons élèves qui ne sont pas concernés par les vignettes. C’est important de
le préciser.
D’autre part, la vignette de 2009
permet à mon sens (mais je ne l’ai pas autant étudiée que vous) une double
lecture. Soit les parents accusent l’école de ne pas avoir fait son travail
puisque leur enfant n’a pas obtenu les notes escomptées, soit ils pensent que l’école
note mal leur progéniture.
Dans un cas comme dans l’autre se
pose le statut de l’école, assimilé à un service marchand qui met en prise un
consommateur avec un prestataire de service. C’est le triomphe de l’utilitarisme,
de la consommation.
Se pose également le statut de l’évaluation,
un contrat qui matérialise le travail fourni par l’enseignant comme par l’élève.
Or constatons dans le milieu scolaire et professionnel la prééminence des
évaluations, absente en 1969. Aujourd’hui, l’élève travaille avant tout pour la
note, pas pour la discipline.
Ces deux vignettes traduisent
peut-être aussi de façon inconsciente l’évolution des pratiques pédagogiques, donc
le statut de l’élève et du professeur. En 1969 on pratiquait encore la
pédagogie de la transmission, la mise en relation d’un émetteur (le prof) avec
un récepteur (l’élève). Le prof parle parce qu’il sait, l’élève écoute parce qu’il
ne sait pas. Notons que les classes étaient homogènes comparé à aujourd’hui. Si l’élève a de mauvaises notes, c’est parce qu’il n’a pas appris.
Puis, sous l’impulsion des behavioristes, on est passé à la pédagogie du
conditionnement dont l’un des avatars est la pédagogie par objectif. On a pensé
qu’on ne pouvait pas acquérir les connaissances de manière mentaliste
(réfléchir, comprendre, imaginer…), mais selon des objectifs déterminés par des
verbes d’actions (réunir, diviser, prendre…). Adapté à l’enseignement technique
et spécialisé, la PPO
n’était pas la panacée pour l’enseignement général et long. Dans ce modèle, si
l’élève a de mauvaises notes, c’est la faute du professeur, ce dernier n’ayant
pas fixé les bons objectifs. Aujourd’hui,
c’est la pédagogie constructiviste qui est à l’honneur et le fameux triangle pédagogique
(savoir-élève-enseignant) de Jean Houssaye. Seul le temps nous dira si l’équilibre a été
trouvé.
Il faudrait aussi parler des
représentations sociales de l’école, des enseignants et de l’enseignement, mais
je n’ai plus le temps. C’est pourtant l’un des implicites des vignettes. Qui se
lance ?
Bonne journée à tous.