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Commentaire de Tristan Valmour

sur La destruction perverse de l'École en deux images : un dessin de Chaunu dans Ouest-France


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Tristan Valmour 26 mai 2009 16:40

Bonjour Paul & cie

 

Très bon article qui illustre parfaitement les changement entre 1969 et aujourd’hui. Permettez-moi d’apporter quand même quelques précisions qui, je l’espère, enrichiront le débat.

 

En 1969 comme en 2009, l’enfant qui se présente au bureau du professeur en compagnie de ses parents symbolise avant tout l’élève en échec, pas tous les élèves. En 1969 comme en 2009, il y a de bons élèves qui ne sont pas concernés par les vignettes. C’est important de le préciser.

 

D’autre part, la vignette de 2009 permet à mon sens (mais je ne l’ai pas autant étudiée que vous) une double lecture. Soit les parents accusent l’école de ne pas avoir fait son travail puisque leur enfant n’a pas obtenu les notes escomptées, soit ils pensent que l’école note mal leur progéniture.

 

Dans un cas comme dans l’autre se pose le statut de l’école, assimilé à un service marchand qui met en prise un consommateur avec un prestataire de service. C’est le triomphe de l’utilitarisme, de la consommation.

 

Se pose également le statut de l’évaluation, un contrat qui matérialise le travail fourni par l’enseignant comme par l’élève. Or constatons dans le milieu scolaire et professionnel la prééminence des évaluations, absente en 1969. Aujourd’hui, l’élève travaille avant tout pour la note, pas pour la discipline.

 

Ces deux vignettes traduisent peut-être aussi de façon inconsciente l’évolution des pratiques pédagogiques, donc le statut de l’élève et du professeur. En 1969 on pratiquait encore la pédagogie de la transmission, la mise en relation d’un émetteur (le prof) avec un récepteur (l’élève). Le prof parle parce qu’il sait, l’élève écoute parce qu’il ne sait pas. Notons que les classes étaient homogènes comparé à aujourd’hui. Si l’élève a de mauvaises notes, c’est parce qu’il n’a pas appris. Puis, sous l’impulsion des behavioristes, on est passé à la pédagogie du conditionnement dont l’un des avatars est la pédagogie par objectif. On a pensé qu’on ne pouvait pas acquérir les connaissances de manière mentaliste (réfléchir, comprendre, imaginer…), mais selon des objectifs déterminés par des verbes d’actions (réunir, diviser, prendre…). Adapté à l’enseignement technique et spécialisé, la PPO n’était pas la panacée pour l’enseignement général et long. Dans ce modèle, si l’élève a de mauvaises notes, c’est la faute du professeur, ce dernier n’ayant pas fixé les bons objectifs.  Aujourd’hui, c’est la pédagogie constructiviste qui est à l’honneur et le fameux triangle pédagogique (savoir-élève-enseignant) de Jean Houssaye.  Seul le temps nous dira si l’équilibre a été trouvé.

 

Il faudrait aussi parler des représentations sociales de l’école, des enseignants et de l’enseignement, mais je n’ai plus le temps. C’est pourtant l’un des implicites des vignettes. Qui se lance ?

 

Bonne journée à tous.


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