Un extrait d’un entretien disponible sur http://www.nonfiction.fr/article-1964-entretien_avec_michel_terestchenko__1__la_resurgence_de_la_question_de _la_torture.htm
Pour les amateurs de cette pratique
"Si la torture est inefficace, ce que tout le monde sait, son usage est
une décision de nature non pas militaire mais politique. La torture
n’est pas pratiquée en vue du renseignement mais en vue de terroriser
la population, d’envoyer un message symbolique. Ceux qui défendent la
torture tout en étant conscient de son inefficacité sont réfractaires à
cet argument de l’inefficacité car il s’agit pour eux d’envoyer un
message symbolique. Ce message consiste à dire : "Ne croyez pas que
nous sommes des agneaux qui allons nous laisser manger par des loups."
Plus encore, il s’agit d’affirmer que ce n’est pas parce que, nous pays
démocratiques, nous appuyons sur un certain nombre de conventions qui
prohibent les atteintes au corps et même au psychisme, nous nous
empêchons d’obtenir des renseignements et nous laissons affaiblir. La
torture n’est pas faite pour faire parler, elle est faite pour faire
taire ; pour répondre à la terreur par la terreur, pour "terroriser les
terroristes" et soumettre les populations. Par exemple en Irak, à Abou
Ghraib, des hommes, des femmes et même des enfants, ont été arrêtés et
détenus, soumis à la torture, alors qu’ils n’avaient strictement aucune
connexion avec des réseaux terroristes, dans le seul but d’affirmer que
les démocraties ne sont pas des États infirmes et affaiblis et qu’elles
sont capables de répondre."