Cet article réussit le tour de force d’être à la fois consternant et intéressant.
Consternant pour des raisons multiples :
Les raisonnements exposés ici présupposent que l’économie est une science dure, ce qu’elle n’est justement pas. Elle est tout juste, comme l’histoire ou la sociologie, une tentative de collecter des faits avérés servant à éclairer tel ou tel aspect de l’histoire de l’humanité. Rien de plus. C’est la raison pour laquelle elle ne peut être prédictive.
Un raisonnement scientifique à vocation prédictif est un aller retour entre les faits et la théorie. Il fonctionne de la façon suivante : Faits, Théorie, Vérification par les faits validant ou invalidant la théorie. Pour l’économie le raisonnement ne peut fonctionner que par : Faits, Théorie. Il n’y a pas de vérification car les expériences ne sont pas reproductibles.
Conclusion, les fameuses prédictions des économistes sont tout à fait comparables à celles des astrologues, la crise actuelle nous le démontre de façon éclatante.
Consternant toujours car les idées « philosophiques » développées dans cet article sont à peu près celles du XVIIème siècle. Ce n’est d’ailleurs certes pas un hasard si Descartes y est cité. Comment peut-on au XXIème siècle continuer à opposer « rationalité » à « esprits animaux » ? Faisant abstraction de toutes les avancées scientifiques des biologistes, physiciens, neurologues, cogniticiens, anthropologues etc... ?
Quelle est donc la nature de cette rationalité ?
En économie elle ne signifie qu’une chose : obéissance à ses intérêts financiers à court terme. L’homme ne serait donc « rationnel » que si et seulement si il ne raisonne qu’avec son porte feuille ? Totalement stupide !
De même, laisser entendre que les « affects » viennent polluer la prise de décision rationnelle est une ânerie. Il se trouve que c’est juste l’inverse qui se produit : sans « affect émotionnel » l’être humain se trouve incapable de prendre la moindre décision (cf « le cerveau des émotions » A. Damasio)
Que vous le vouliez ou non, l’être humain est un animal complexe qui échappe à la logique monomaniaque et pathologique dans laquelle les économistes voudraient le voir enfermé.
Je vous passe toutes les autres niaiseries contenues implicitement dans ce fatras de stupidités en soulignant tout de même celle là : pour qu’il y ait césure ontologique entre l’homme et l’animal, il faudrait que l’homme ait été créé ! (Ce que croyait Descartes, mais difficile à défendre depuis Darwin)
Intéressant donc, quand même, sur un seul point, cet article. Il démontre encore une fois dans quelle fange intellectuelle se débattent les augures-économistes. Prêts à dire n’importe quoi pour ne pas perdre le pouvoir qu’ils se sont octroyé pour le plus grand bénéfice de l’oligarchie.