Il s’agit de ma génération, et pourtant je suis bien obligé de dire que je ne l’apprécie guère.

La manière des jeunes générations d’occuper l’espace public me choque régulièrement. Il y a une manière de « gueuler », d’occuper l’espace de manière agressive, un laisser aller et un débraillé dans le comportement qui choque. C’est cet aspect exhibitionniste et individualiste que les « vieux » voient avant tout.

Parallèlement, je crois qu’il faudrait montrer aux « vieux » la substance profonde de cette génération, au delà du look faussement rebelle et de leur niveau en orthographe. La majorité silencieuse des jeunes est en effet des plus conformistes à l’égard des structures et des institutions (école, entreprise, université...), ainsi que des valeurs dominantes (argent, consommation, famille, ordre social).

Il faudrait, et je suis à peine ironique, faire plus d’émissions style « Star Academy » (appréciée par le Figaro), car on verrait bien plus de jeunes moutonniers, suivistes, sans personnalité autre que celle formatée par un esprit de caserne, le système des notes et du savoir absolu des professeurs.

A ceux qui défendent les jeunes actuels, pensez à moi qui ai 31 ans. J’ai du faire mes études et vivre au milieu de gens sans intérêt pendant des années. Vous croyez que j’étais heureux au milieu de gens sans vie, qui ne lisaient jamais et passaient leur temps en soirées minables ? Vous croyez que, dans mes études de lettres et d’histoire (dont 2 en prépas lettres), c’était un plaisir de faire desTP ou des études de documents avec des incultes qui n’attendaient en grande majorité que du cours à recracher ? Je n’ai en plusieurs années d’études quasiment eu aucune converasation du style : « j’ai une nouvelle idée sur ce document historique » ou « j’ai trouvé un rapprochement entre deux auteurs ». Forcément, tous ceux qui les ont côtoyé connaissent leur profond anti-intellectualisme, parler de leurs problèmes psys de leur « couple » les passionne par contre.

Je le dis clairement, j’ai vécu au milieu d’eux dans un milieu aussi étouffant que celui de la société des années 50 ou de l’Union Soviétique finissante : l’impression qu’il n’y a rien à faire de grand ou d’exhaltant de sa vie.

En plus, pour ceux qui trouvent le moyen de dire que la génération actuelle des 14-30 ans est formidable, il faudra rappeler que cette classe d’âge est facile à observer car ils ne sont pas très discrets. Observez dans un bus ou un métro un groupe d’adolescents (de tous milieux d’ailleurs), ils ne peuvent pas s’empêcher de parler à tort et à travers, tout le monde peut entendre ce qu’ils disent et se faire une idée de leur niveau, de leurs valeurs et de leurs systèmes de pensée. Ne dites pas que ce regard négatif n’est qu’un effet TF1, ce n’est pas juste.

Pour finir, j’ai entendu de nombreux adultes critiquer les jeunes générations pour leur inculture, leur bêtise et leur vacuité. Ce regard m’avait l’air irréductible, fait par des personnes de générations où on lisait encore, où la télévision était de meilleure qualité et où certains comportements étaient différents. Le manque d’appétit pour la vie, leur manque de centres d’intérêt ne sont quand même pas une vue de l’esprit (il y a des statistiques sur l’évolution des pratiques de lecture ou une comparaison du niveau scolaire en 1987 et 2007).

J’ai bien le souvenir enfin de 4 ou 5 adultes qui m’ont dit être consternés par le manque de désir de liberté des jeunes. L’un d’entre eux me disait que son fils de 21 ans se comportait comme un petit couple (on va voir les beaux parents le dimanche, on pense déjà à épargner pour le logement), et que si c’était ça l’amour à 20 ans chez les jeunes actuels...Que voulez vous leur dire ?

En même temps, je rejoins totalement ceux qui affirment ici que les adultes sont mal placés pour dénigrer des générations plus jeunes qu’ils auront eux-mêmes façonnées.

@ huhuhuhu

La société française a fait un choix depuis des décennies : son prolétariat sera composé en grandemajorité de personnes d’origine non européenne. Après, que leur taux de délinquance soit supérieur, il ne faut pas trop s’en étonner, d’autant plus que s’ils n’étaient que le bas de l’échelle sociale, mais blancs, ils pourraient une fois sortis de leurs quartiers passer inaperçus.

Après, il y a bien sûr des phénomènes qui jouent également, comme le mouvement centrifuge de repli des ghettos sur eux-mêmes (qui génère une culture intégriste et réactionnaire), mais ce problème est avant tout social.