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Commentaire de Paradisial

sur L'élite contre Dieudonné : à chaque jour suffit sa haine


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Paradisial Paradisial 4 juin 2009 03:49

Butters,

En relation avec ton dernier commentaire, extrait du texte retrouvé très tard ce soir sur le site de la liste antisioniste donnant le script de la conversation avec Carlos avec ses membres lors du meeting.

Le Monde diffame Carlos et les Antisionistes

......

Extrait des recueils de Carlos :

4. La foi m’a rendu libre[1], par Ilich Ramírez Sánchez « Carlos »

 

Mon parcours spirituel en tant que musulman a été dès le départ lent, stable, évolutif, lucide plus que mystique. La foi m’apporte une profondeur de vue, une acuité dans la compréhension des choses qui me faisaient défaut auparavant. Ajoutez à cela un sentiment réel d’apaisement et de recul dans les moments critiques. Les incroyants ignorent complètement cette dimension de vie intérieure. Ils auraient à découvrir que le sentiment religieux n’est pas un pari sur l’inconnu, une vague croyance ne reposant sur rien, quelque chose née d’une crainte vague, obscure et relevant de la superstition. L’homme moderne s’est persuadé également qu’il pouvait se passer de Dieu, un paramètre inutile ! Il affiche l’invraisemblable prétention de croire qu’il dirige son destin et que ses succès, il ne les doit qu’à lui-même ! Tout cela est évidemment absurde. La foi n’est pas un état infantile de la pensée humaine, une arriération ou une aberration mentale. La foi est l’achèvement de l’évolution, pas l’inverse. D’ailleurs, il n’y a qu’ici en Europe où l’athéisme est aussi militant qu’arrogant. Les Américains, eux, essaient d’abriter leurs turpitudes derrière la Bible….

 

Dieu est également une expérience vivante, concrète, matérielle même. Dieu n’est pas une abstraction, une vue de l’esprit, le croyant en fait l’expérience dans sa vie quotidienne. Cela, l’Occident l’a perdu de vue, pour son plus grand malheur, parce qu’ordres naturel et divin sont une seule et même chose. Transgresser l’un, c’est transgresser l’autre. Transgresse-t-on impunément les lois physiques ?

 

Ma conversion n’a eu aucune conséquence immédiatement visible sur mes habitudes courantes ou mes pratiques alimentaires. L’idée de péché est chez moi séparée de la conscience originelle du mal, je veux dire par là que l’expérience du mal est consubstantielle à l’apprentissage et à la découverte de la vie. Le mal a une dimension « ontologique », il est présent, il est à l’œuvre dans le monde de façon perceptible, matériellement, spirituellement. Le péché, c’est autre chose, il n’a pas cette dimension d’absolu. On le découvre souvent avec retard, avec le remords.

 

Au cours de mon processus de maturation spirituelle, j’ai pris de plus en plus conscience du caractère transcendantal de mes actions et j’ai acquis l’habitude de murmurer certaines invocations rituelles, des actions de grâce, de demander à être guidé, protégé, éclairé. En ce qui concerne la consommation d’alcool, je suis, de par ma position de prisonnier, abstinent par la force des choses, mails l’alcool ne me manque pas. Cela dit, j’ai horreur de l’ivrognerie. Boire, surtout à l’occasion des repas, a été pour moi un comportement essentiellement «  culturel » lié aux pratiques sociales en usage dans notre culture latine.

 

Ma vision du monde et des forces qui y sont à l’œuvre ne s’est pas substantiellement modifiée après ma conversion, elle s’est simplifiée parce que j’ai trouvé dans le Coran et par la Foi des réponses logiques et de bon sens aux problèmes humains et à ma quête spirituelle. La foi est venue encore renforcer ma conviction et ma volonté de combat, ce qui est éminemment concret. Je lutte contre des forces actives matérielles ou incorporelles, des hommes, des idées, des institutions, même si ce combat se situe maintenant d’abord sur le terrain de la pensée. De plus, ceux qui, les premiers, ont frayé certaines voies doivent pouvoir en prodiguer l’enseignement à ceux qui maintenant et demain sont appelés à monter en première ligne… A nous de leur enseigner le chemin de la Foi, de la justice et du combat pour la vérité, sachant combien le voyage est difficile vers le Tout-Puissant…

 

Je ris d’ailleurs maintenant du manichéisme antireligieux qui m’animait autrefois, mes camarades et moi, avant mon retour vers le divin. Avant ma conversion, j’avais eu l’occasion à maintes reprises de constater le rôle important des prêtres militant dans les combats nationalistes ou révolutionnaires ; dans le contexte de la résistance palestinienne, le rôle de la religion prenait un relief accru. La foi de beaucoup de fedayin m’avait frappé et je m’identifiais à eux. Je ris de cet absurde combat contre Dieu, contre l’idée même qu’il puisse y avoir quelque chose en ce bas monde qui dépasse notre entendement et notre imagination. […] En ce sens, la foi a réellement été d’un apport incomparable pour m’éclairer sur les dimensions psychologiques et sociologiques des rapports humains et sur l’importance du facteur religieux dans la dynamique historique passée, présente et à venir ; car l’histoire sert à prévoir, et l’intérêt de l’analyse rétrospective réside justement dans son rendement prospectif. […] Comment comprendre les affrontements présents d’un point de vue strictement matérialiste ? […] La question du contrôle des ressources énergétiques est bien sûr un paramètre déterminant [dans la guerre contre le Proche Orient], mais il n’est pas le seul, loin de là. Il est étrange et surprenant de se polariser sur un aspect, dominant certes, mais partie d’un tout, pour expliquer la complexité d’une situation à un public réputé analphabète en matière de géopolitique [….] Aujourd’hui, malgré une détention qui dure depuis 1995, je n’ai pas changé d’un iota, révolutionnaire et communiste j’étais, tel je suis et je resterai. Je continuerai de quelque façon que ce soit mon combat pour libérer le monde de l’exploitation impérialiste et la Palestine de l’occupation sioniste. […]

 

L’islam, de mon point de vue, possède intrinsèquement une telle force spirituelle que nous sommes conviés à renouer la relation à la fois organique et divine qui nous lie et nous relie à la communauté humaine et à la nature créée. […] L’islam a renforcé mon sens de la solidarité, il m’a dépouillé un peu de cette tendance à l’individualisme qui est le péché originel de vos sociétés décadentes. Il est un rappel constant du sens de la communauté, au même titre que le croyant doit avoir Dieu toujours à l’esprit. Cela ne signifie pas que la personne s’efface totalement au profit de la collectivité, l’Islam n’a rien de totalitaire…. C’est une religion de liberté en ce sens que chacun est individuellement et seul responsable face au bien et au mal. […] Ma mère, dona Elba, est croyante ; elle appartient à l’Eglise catholique apostolique et romaine. J’ai donné le nom d’Elba Rosa à ma fille cadette en l’honneur de ses deux grand-mères. En devenant musulman comme je l’ai dit, j’ai progressivement abandonné toute hostilité à l’égard de l’Eglise catholique, ce qui m’a permis de développer un sentiment chaleureux à l’égard de Jésus et de s Mère, la Vierge Marie qui sont révérés par les pieux musulmans, ce qui est souvent ignoré. Il existe d’ailleurs toute une littérature religieuse islamique à propos de la Vierge Marie et de sa maison près d’Ephèse, en Turquie, est partiellement transformée en mosquée oû les femmes musulmanes viennent prier et l’invoquer avec ferveur. […] L’islam a renforcé mes convictions révolutionnaires en même temps qu’il les épurait et leur donnait une dimension nouvelle, transcendante.

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[1] P. 28-39 de /L’islam révolutionnaire/, texte et propos recueillis, rassemblés et présentés par Jean-Michel Vernochet, paris, éd. Du rocher, 2003.


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