Merci pour votre commentaire. Vous avez bien compris où je voulais en venir...
Je ne dénonce pas l’attitude des victimes, je ne stigmatise pas des victimes, parce qu’au fond ce n’est pas le sujet. Le sujet est le problème du statu de victime et de coupable à notre époque.
Je me demande d’ailleurs si je n’aurais pas été mieux compris en employant l’angle inverse, c’est à dire en prenant celui de la culpabilisation plutot que celui de la victimisation... Mais il n’est jamais facile de traiter ce genre de sujet sensible.
Je ne me serais pas permis d’être aussi radical que vous, peut-être par frilosité, ou parce que je considère que des arguments trop polémiques n’aident pas à faire comprendre un message.
Je ne pense pas non plus que toutes les personnes se rendant coupables de crimes les ont d’abord subi. C’est une explication qui est parfois vraie, mais pas toujours. Ceci étant dit, il est en revanche vrai, selon moi, que l’on ne peut adopter une position de victime ou une position de coupable que, parce que d’une manière générale, ce sont des mécanismes que nous avons connu, et sur lesquelles nous avons pris modèle. Quoique nous en pensions, notre société républicaine laïc, mais de tradition judéo-chrétienne, fonctionne sur ce mode binaire et manichéen, dans lequel l’archétype victimaire (brebis, agneau, mouton) est encouragé, valorisé, alors que l’archétype culpabiliste (loup, bourreau) est diabolisé. C’est sans doute légitime, dans toute société, mais dans une perspective d’origine religieuse, cela n’est pas sans effets pervers, effets qui sont d’ailleurs dénoncés à juste titre par certains magistrats.
C’est aussi que notre société, ou plutot l’état, a comme principale préoccupation de se travailler à sa perpétuation, et par conséquent d’encourager les gens à se complaire massivement dans un statut, même fictif, de victimes, qui seront par essence des personnes qui cherchent une autorité pour les libérer de leur souffrance (ou parfois les encourager à s’y maintenir) plutot que de laisser les personnes sortir de cette pensée binaire qui pourrait les amener à comprendre que puisque les choses ne sont pas aussi manichéennes, elles ont aussi le droit de manifester des comportements accordés au « bourreau bouc-émissaire ». Car les révoltés ne seront jamais des agneaux ni des moutons, mais bien des loups prêts à mordre ceux qui cherchent à les opprimer et à les faire entrer de force dans ce statut quasi sacré de victime, qui est tellement plus confortable à porter, parce que les victimes ne sont jamais responsables de rien, seuls les coupables le sont.
Or le processus de déresponsabilisation des masses, et de culpabilisation de toutes sortes de choix et de comportements mène à cela...