L’humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a faits. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle.
Henri Bergson
Les Deux Sources de la morale et de la religion
P.U.F.
Pour H. Bergson, élève doué pour les mathématiques aux dires de ses professeurs, mais qui leurs préféra la philosophie ; « la conscience (état de conscience individuelle ou collective) serait un trait d’union, une sorte de pont jeté (au présent) entre le passé et l’avenir. La conscience humaine (ce qui se fait avec science au sens connaissance et non méthode) serait donc liée à la temporalité humaine : d’où l’importance de la temporalité humaine !
Dans le même ordre d’idée : est-ce que l’inconscience ou plus exactement l’absence de conscience de notre moderne société technoscientiste, celle de l’action pour l’action, de l’efficacité pour l’efficacité, celle du sujet sans objet et de l’objet sans sujet, qui confond cause et conséquences, fin et moyen, ne serait pas précisément un mur scientiste construit entre les choses, les disciplines, entre passé et présent ? Entre un passé non assumé, voire occulté et même nié, et un présent qui ne se justifie que par rapport à l’avenir, par la prospective, comme une sorte de fuite en avant schizophrénique qui fait que, l’histoire des hommes étant têtue, nous répétons toujours les mêmes erreurs incapables que nous sommes de tirer des enseignements de nos erreurs passées !
Le temps est dialectique disait Plotin (205-270) ; autrement dit, le temps humain, la temporalité humaine, sauf à les négliger, ce que nous faisons savamment, délibérément et même académiquement, participe de l’intelligence humaine !
Il nous faut faire la part des choses : celui du temps humains et de la temporalité humaine qui ont fait la conscience humaine, et celui du temps de la science e de la technique ! Tuer le temps humain et le remplacer par celui de la science et de la technique c’est tuer l’humain et à petit feu nous tuons le peu d’humain qui est en nous !