Réunissez une douzaine de vieilles peaux, dites leur qu’il faut protéger les Familles et les Petits Nenfants, et chargez les de trouver les Méchantes Sectes qui menacent l’Ordre Naturel et Sacré de la Société. Evidemment, ils vont trouver des sectes partout. Et même où là on ne s’y attend pas. Comme ils n’ont pas un rond, faut les subventionner, qui c’est qui va payer pour un truc pareil ? Voilà comment sur)vit l’UNADFI. mais il existe encore d’autres groupuscules plus ou moins inspirés, comme Prévensectes, ou Info-Sectes (qui nous explique ici comment Harry Potter représente un grave danger pour nos jeunes enfants....). Allez lire les « listes de sectes » sur ces sites, beaucoup sont mentionnées, mais si vous suivez les liens, beaucoup aussi s’avèrent être des groupements inoffensifs.
En face, installez une Mission Interministérielle chargée de détecter les mêmes Sectes et appelez-la la Miviludes.
La règle du jeu, c’est de porter la suspicion partout : certaine sectes proposent des stages ? Dénoncez la « mainmise des sectes sur la formation professionnelle », qui doit être « arrêtée immédiatement », et « présente des risques énormes ». Vous trouvez une secte qui a monté une « école » : dénoncez sans tarder « l’infiltration », ou la « mainmise » (c’est mieux, « mainmise ») des sectes dans l’Education Nationale. Dans un tract de secte, vous lisez ’« apprenez à vous relaxer », hurlez que le « développement personnel est la voie royale (ou »la cible préférée« ) des sectes à la recherche de cerveaux à manipuler » (des enfants de préférence, ça fait plus d’effet dans les journaux). A cause de trois gusses qui refusent la transfusion, publiez partout des articles expliquant que la Santé est gangrenée par les charlatans sectaires qui veulent tuer nos petits enfants, etc, etc. Surtout n’oubliez pas de ne jamais être crédible dans vos accusations, ça permettra aux groupements que vous attaquez de se défendre tranquillement et de faire le plein d’adeptes.
De même, il faut bien prendre garde à ne jamais publier ou légiférer sur el contenu d’une « secte » (il n’existe pas de définition juridique d’une « secte », eh oui, ça vous scie, hein, c’est comme ça, on parle dans le vide depuis tout à l’heure).
Vous avez créé ainsi un jeu à deux : les associatifs (Unadfi) voient des sectes partout et « alertent l’opinion », et les officiels, en face, la Miviludes dit « ah oui finalement c’est peut-être une secte, on va s’en occuper ». Il ne reste plus qu’au Ministre à décider ce qu’on fait, en toute objectivité, naturellement, et là on consulte la liste des membres de la secte : si on trouve deux ou trois puissants ou une star comme Tom Cruise, on arrête tout et on lance les chiens sur une autre piste. Si on en trouve que quinze paumés, on attaque férocement.
Le problème, c’est qu’une secte, c’est quelque chose d’assez flou, n’est-ce pas, c’est surtout l’Autre qui est pointé du doigt, un Autre qui n’est pas comme nous. Les idées des autres étant toujours moins bien que les nôtres, chacun peut trouver une multitude de sectes : les rédacteurs d’Agoravox (ils se jugent entre eux s’appellent par des pseudonymes bizarres dont certains évoquent clairement le satanisme ou des religions orientales, voire même une religion adorant des animaux comme le canard), les amateurs de pinard ou d’andouilette (rites ridicules, glorification de l’ivresse), la police (auniforme imposé, serment de servir au péril de sa vie devant une assemblée laïque, donc païenne) ou les adorateurs de l’oignon. En fait, tout groupe qui filtre un peu ses entrées est suscpetible d’être catalogué « secte » par un groupe voisin un peu plus gros.
Et quand une secte a réussi à bien s’insérer socialement, ce n’est plus une secte, c’est un pilier de notre Glorieuse Société. l’exemple criant est bien entendu le christianisme, obscure secte juive au début, devenu religion d’Etat vers 300 à Constatinople.
Alors, l’Unadfi, bras armé d el’Etat ? Disons plutôt que c’est une asociation utile au pouvoir pour occuper l’attention du public, créer des dangers où il n’y en a pas forcément, et donner quelque sprétextes au flicage généralisé de tout ce qui présente des risques politiques, les citoyens en premier.
Même, je vais vous dire, ça m’étonne que l’Unadfi ou une de ses clones ne nous aient pas encore alertés sur le danger des sectes sur Internet.