L’Unadfi, barbouzes de l’Etat ?
Tout comme les sectes qu’elle combat, l’Unadfi a ses détracteurs. Mais ce qui a semblé échapper à l’opinion publique, c’est ce que vient de révéler l’observatoire des subventions aux associations : le financement de l’Unadfi...
En effet, alors que les associations d’utilité publique (ce que l’Unadfi est censée être depuis 1996) ont obligation d’être financées majoritairement par leurs membres, on découvre que depuis plus de 10 ans, l’Unadfi reçoit plus de 96% de son financement des finances publiques, par l’intermédiaire de divers ministères. Des millions d’euros payés par le contribuable pour quelques dizaines de milliers payés par des donations de membres ou supporters.
Cela mène à se poser quelques questions sur l’utilisation de cette association par les ministères qui la soutiennent. En effet, en France, la constitution interdit au pouvoir exécutif de s’ingérer dans les affaires des religions. De plus, la séparation des pouvoirs écarte ce même exécutif (ainsi que le législatif) du champs judiciaire, qui ne peut donc pas se constituer partie civile dans les histoires de sectes et autres casse-têtes politico-judiciaires.
Mais l’Unadfi, en tant qu’association d’utilité publique, a le droit de se constituer partie civile (d’après la loi sur les sectes "About-Picard", du nom de l’actuelle présidente de l’Unadfi et du Sénateur About), ce qu’elle ne manque pas de faire (procès de la scientologie, divers procès contre des médecins "déviants", etc.). Comme les associations d’utilité publique sont censées être financées par leurs membres, on comprend que normalement, elles ne sont pas au service de l’état et peuvent conserver une certaine neutralité, sans mettre en jeu celle des pouvoirs publics. Il en va autrement pour l’Unadfi. Financée à 97% par l’état, elle est en fait le bras armé qui peut permettre à certaines personnes du pouvoir exécutif d’entrer dans les tribunaux sans être reconnus.
Lors de son passage devant la barre à l’occasion du procès contre la scientologie, une phrase échappe à Catherine Picard, présidente de l’Unadfi : "en fait, notre ministère de tutelle est le Ministère des affaires sociales", déclare-t-elle aux juges. Une phrase qui fait trembler en haut lieu, et qui gênerait un plan qui jusque là se déroulait sans accroc. En effet, depuis 1996, les seules affaires sociales (autorité conjointe du Ministère de la Santé et du Ministère du Travail) ont versé à l’Unadfi 1 million 224 mille euros de subventions. Le Premier ministre depuis 2004 verse 110 000 euros de subventions chaque année à cette association. Il s’agirait de subventions faites sous l’influence de la Miviludes, mission interministérielle rattachée au premier ministre qui poursuit les mêmes objectifs que l’Unadfi, mais ne peut se constituer partie civile.
Autre détail, depuis plusieurs années, l’Unadfi est appelée à former divers magistrats, notamment à l’Ecole de la Magistrature, sur comment faire condamner les sectes. Un entrisme de l’état dans un pouvoir judiciaire censé être indépendant.
Des pratiques, qui, si elles étaient généralisées et étendues à d’autres domaines, mettraient réellement en péril la séparation des pouvoirs au coeur de notre constitution.
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