La plupart de ces bourreaux émigrent - par tous les moyens - en Europe et perpétuent ces traditions, au sein même des villes où ils ont trouvé refuge. Ils rentrent au pays chaque été épouser de jeunes filles impubères, pour les répudier l’année suivante. Ils ont ainsi transformé l’été en saison de viol à grande échelle dans ce village. Ils sont encouragés dans cette ignoble entreprise par les devises amassées en profitant de prestations sociales de tout genre, au détriment de leurs progénitures privées de tout. Depuis l’instauration de visas d’entrée par les pays de l’Europe occidentale, beaucoup de ceux d’entre eux qui y vivent avec leurs familles vendent leurs filles à des avortons candidats à l’émigration - passeport européen oblige. Il n’est pas étonnant de voir la dérive de leurs rejetons, victimes de l’éducation rétrograde de leurs parents. On se demande d’ailleurs si l’intégration tant voulue par les pays d’accueil n’est pas une utopie. Mais c’est un autre sujet.
Dans ce patelin, les gens s’invitent d’eux mêmes, sans prévenir, à tout moment, et guettent l’occasion de participer aux cérémonies : baptêmes, mariages, « selka »(10) ou simple « arda »(11) . Ces manifestations sont prisées puisqu’elles permettent aux hommes de s’approvisionner en rumeurs, car plus on a de balivernes à raconter, plus on a de raisons de s’inviter ou de se faire inviter. C’est aussi, pour eux, l’occasion de manger de la viande, denrée rare et chère dans cette contrée. Les invités sont avertis : un garçonnet fait le tour des maisons la veille pour annoncer la nouvelle aux hommes du douar. Parfois cette manne s’étend à plusieurs douar. Tout dépend de la dimension de la cérémonie, des intentions de l’hôte, de ses capacités financières et de sa volonté d’apparaître et de se vanter.
Les invités arrivent par grappes, drapés, selon les saisons, dans des « foukia »(12) ou des « jallabia »(13) , cache-misères camouflant des vêtements sales et en piteux état. Certains, notamment les vieux, ont les têtes enturbannées par des « amama »(14) . On les installe dans des « mesria », grandes pièces rectangulaires qui constituent la « douaïria »(15) , spécialement réservée aux grandes occasions, culture de l’apparat oblige. Le reste du temps la « douaïria » reste fermée et strictement interdite aux membres de la famille et tout particulièrement aux femmes. Les vieux se mettent ensemble dans une pièce et les jeunes dans une autre. Ils s’accroupissent sur les nattes qui couvrent le sol, serrés les uns contre les autres, le dos contre le mur. L’hôte apporte le matériel pour faire du thé qu’un volontaire ou deux se proposent de préparer selon le rituel en vigueur : une théière qu’on fourre de thé vert, de sucre et de menthe, mise à bouillir pendant longtemps sur un brasero, et le service est fait à trois reprises espacées dans le temps. Cette cérémonie dure au moins deux ou trois heures car c’est un moyen d’occuper les convives pendant que les femmes s’activent à préparer les tagines au fond de la maison, dans « dar lekdima »(16) - partie complètement isolée de la « douaïria », à l’abri des regards La séance du thé précédant le repas est l’occasion de relater les anciennes rumeurs, d’étaler les nouvelles et de dénigrer les absents - comme à l’accoutumée. C’est la règle du jeu. Des plateaux remplis de gaufrettes et de cacahuètes leur sont servis pendant qu’ils sirotent leurs verres de thé. De temps en temps un homme, l’hôte en l’occurrence ou l’un de ses fils, fait le tour des présents et leur asperge le crâne avec une lotion d’eau de Cologne bon marché que les émigrés rapportent des marchés aux puces européens et que leurs familles frelatent pour en augmenter le volume. De ce mélange d’odeurs, celle de la cuisine, celle de la soi-disant eau de Cologne, celle de la sueur de ces affamés et celle de la puanteur de leurs vêtements, se dégage une senteur de boue fermentée. Elle empeste l’atmosphère de la maison et se répand à plusieurs mètres alentour. On se croirait vraiment dans une décharge, mais pour eux c’est l’odeur du festin, de la communion et du plaisir partagé.
L’heure du repas arrivée, l’hôte ordonne aux préparateurs de thé de servir celui-ci pour la troisième fois, cet instant étant délibérément retardé. Une excitation intense précède le moment fatidique. Le dénigrement s’arrête momentanément, pour une fois - et les hommes affichent brusquement un air de recueillement. Et tout d’un coup, ils commencent à chanter en choeur deux phrases hiératiques. Une partie de l’assemblée lance : « La ilaha illallah » et l’autre partie lui répond : « Mohammad Rasolollah » (il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète). C’est une façon de remercier la grandeur divine de leur avoir donné l’occasion de manger bientôt des tagines garnis de viande. Dès que les marsal font leur entrée dans la pièce, le chant s’arrête subitement. Un serviteur fait le tour de la pièce en tendant aux invités, un par un, un « marsal »(17) dans lequel ils lavent leurs mains et une serviette pour les essuyer. Certains crachent dans la serviette, d’autres s’en servent pour se moucher le nez ou s’essuyer le front. A la fin du parcours, il n’est pas étonnant qu’elle ressemble à une serpillière.
Dès que les tables rondes sont installées, alignées le long de la pièce, ils s’agenouillent autour par groupes de six, sept ou huit. Une fois les tagines et le pain servis, l’un des invités coupe les galettes de pain à la main et en pose quelques morceaux devant chacun de ses compagnons. Ensuite, d’un geste vif, un autre soulève le couvercle du tagine et le pose par terre derrière le cercle des convives. Simultanément, ceux-ci se jettent comme des fauves sur la viande - chacun essayant de prendre le gros butin et de le poser devant lui sur la table. Seulement après, ils commencent à manger collectivement les légumes, et le font à la main à l’aide de gros morceaux de pain, avec une cadence accélérée malgré la chaleur du plat qui arrive droit de dessus le feu. On ratisse large dans le tagine car c’est l’occasion ou jamais. En moins de dix minutes, ce ballet incessant de va-et-vient des mains rêches entre le plat et les bouches gloutonnes prend fin.
Aussitôt, le lavage des mains reprend, selon le même rituel. Certains se contentent, notamment les vieux, d’essuyer leur mains trempées dans la sauce sur leurs barbes pour conserver l’odeur de la viande quelque temps. Tout le monde rote et pète en signe de satisfaction et de satiété. On propose de nouveau le thé mais la plupart le refusent pour pouvoir digérer le plus lentement possible le tagine fraîchement mangé. Quelques uns, les habitués des lieux, font une sieste sur place si c’est la journée ou prolongent la soirée - pour médire -, si c’est le soir. Les autres partent enthousiasmés en lançant à l’intention de l’hôte en guise de remerciement : « Allah Ikbel, Allah Ikhlef » (que Dieu accepte ce que tu as dépensé et te le rembourse). Après tout, ce n’est, à leur sens, qu’une offrande à Dieu. En tout cas, on n’invite pas sans arrière-pensées dans ce pourrissoir maudit... (à suivre)
P.-S. Le nom de ce village est un nom d’emprunt. En revanche, cette histoire est totalement vraie, et le village en question existe bel et bien, et son mode de vie décrit dans ce texte est toujours le même. Ce village continue, hélas, à alimenter l’Europe par ses spécimens, tous candidats à l’émigration.
Lexique :
1 - « Douar » : quartier. 2 - « Fkih » : de l’arabe classique « fakih » : jurisconsulte. 3 - « D’chicha » : orge concassée. 4 - « Kanoune » : grand vase en terre cuite, planté dans le sol de la cuisine et servant à cuire le pain. 5 - « Baddaz » : couscous à la semoule de maïs et aux figues vertes. 6 -« Tagine » : récipient en terre, formé d’un plat épais muni d’un couvercle conique ; c’est aussi le nom de son contenu. 7 - « L’aouad » : sorte de flûte en cuivre. 8 - « T’ara » : sorte de tambourin à la forme large. 9 - « N’akkouss » : plateau en cuivre sur lequel on tape avec deux clous. 10 - « Selka » : cérémonie religieuse où l’on invite quelques imams qui viennent réciter des versets coraniques, moyennant quelques billets. 11 - « Arda » : invitation collective, à manger et à médire. 12 - « Foukia » : gandoura, souvent de couleur bleue. 13 - « Jallabia » : djellaba, de couleur marron ou bleue, blanche pour les imams. 14 - « Amama » : turban, souvent de couleur noire, blanche pour les imams. 15 - « Douaïria » : maisonnette à 3 pièces avec patio, strictement réservée aux invités et séparée de la maiuson principale par une porte isolée. 16 - « Dar lekdima » : la vieille maison, partie séparée de la « douaïria », où vivent habituellement les familles. 17 - « Marsal » : bassine et bouilloire en métal qui servent à laver les mains.
30/01 16:54 - Karl
Ils avaient le sourire par goût pour la provocation. Ils applaudissaient parce qu’ils en (...)
11/11 01:14 - cheops
11/11 00:19 - cheops
08/11 01:25 -
@ cheops, « Sinon je peux vous raconter aussi les moeurs barbares de nos campagnes il y a 100 (...)
07/11 23:00 - cheops
Quelle est votre intention ? Convaincre un peu plus certains que tous les immigrés viennent (...)
07/11 22:26 - cheops
Réponse : aux fachos pardi !!!! (cf. le complot des médias, selon JMLP. Mais bien plus (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération