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Commentaire de Philou017

sur La propagande se déchaîne mais Ahmadinejad reste zen


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Philou017 Philou017 17 juin 2009 20:34

Un remarquable article de Dedefensa sur l’Iran :
http://www.dedefensa.org/article-l_iran_et_nous_15_06_2009.html

Extraits :

De la hiérarchie des responsabilités

… Démonstration de la nécessité de l’Iran comme facteur fondamental de stabilité. Historiquement, la crise actuelle montre que l’Iran a gagné ses galons de grande puissance régionale, parce que toutes ces réactions reviennent dans tous les cas à s’inquiéter des conditions de désordre, par conséquent à appeler de leurs vœux un Iran stable. Nous sommes en train de découvrir que l’Iran stable est désormais un facteur fondamental de la stabilité du Moyen-Orient, qui est désormais le but officiel de l’Occident pour cette région. Beau résultat après six ans de crise ouverte ; belle démonstration de l’efficacité de la politique occidentale menaçant pendant trois ans (2005-2008) d’une façon ouverte d’une attaque militaire, un pays classé “insupportable”, renforçant ainsi le régime en place qui est l’objet de notre détestation humaniste par cette politique de menace qui met le plus gravement en cause la souveraineté du pays ; belle démonstration, pour en arriver à espérer discrètement que ce pays apaise vite, d’une façon ou l’autre et si possible d’une façon “convenable” et démocratique, des désordres qui pourraient ouvrir la porte à l’aventure…

Nous avons sous les yeux les effets indirects et paradoxaux de notre politique déstructurante, – car c’en est un fameux, d’effet indirect et paradoxal, de se trouver peu ou prou prisonnier de la situation intérieure brutalement explosive d’un pays qu’on a tenté de déstabiliser et de déstructurer pendant plusieurs années. A côté de la fine analyse du Times de Londres, qui réclame un durcissement diplomatique US contre Ahmadinejad reconstituant la politique de la non moins fine équipe Washington-Londres-Tel-Aviv de l’époque Bush, il y a l’analyse de Shirin Sadeghi, Américaine d’origine iranienne, consultante et ancienne journaliste pour la BBC et Al Jazeera, sur Huffington Post le 14 juin 2009. Sadeghi est sans aucun doute adversaire déclarée du régime actuel, partisane d’une démocratie iranienne laïque et critique féroce de la République islamiste iranienne telle qu’elle est en place et fonctionne, adversaire de Ahmadinejad, et ainsi de suite… Elle n’est pas sotte pour autant et elle se souvient de ses origines iraniennes.

................

Que faire de l’Iran ? Formulons différemment la question : que faire de l’Occident ? Depuis vingt ans (prenons ce terme pour rester dans la séquence), l’Occident poursuit une politique d’ingérence et de critique ouverte des autres, une politique que nous qualifions de déstructurante. Tout cela est basé sur l’affirmation arrogante, infantile et mécanique de la supériorité d’un système dont on mesure chaque jour l’infamie et l’imposture, – nous parlons du système occidental, sans aucun doute.

S’il est jugé légitime de critiquer l’élection iranienne et ses magouilles, les troubles qui en résultent et les manipulation d’Ahmadinejad, n’est-il pas alors tout aussi légitime pour les autres de critiquer fondamentalement un système qui affirme avec tant de hauteur sa supériorité et qui n’est pas capable d’attirer plus d’un tiers de ses citoyens pour renouveler le Parlement européen, dans une caricature honteuse de démocratie transnationale où les volontés populaires sont absolument ignorées ? S’il est jugé légitime de critiquer l’extrémisme d’Ahmadinejad, n’est-il pas justifié pour les autres d’en faire au moins autant, nous qui avons la force en plus pour traduire nos anathèmes en actes, à l’encontre de notre politique d’un extrémisme épouvantable, avec les manipulations qui vont avec, telle qu’elle se manifeste avec zèle et constance, du Kosovo à l’Irak, des excès de la croisade anticommuniste à la bonne conscience de la croisade anti-islamiste ? (Au reste, pour trancher le débat général sur nos responsabilités et notre politique radicale et encore mieux mesurer les fondements de la situation actuelle, Obama nous a récemment et opportunément rappelé que la situation en Iran est due à un enchaînement dont la source est un coup d’Etat machiné en 1953 par le couple CIA-MI5, liquidant le démocratiquement élu Mossadegh.)

Que valent ces exclamations outragées devant les conditions des régimes “démocratiques” des autres lorsqu’on conduit une politique de relations internationales suprématiste de force, d’ingérence et de menaces enfantée par un système dominant par la force, dont l’illégitimité est avérée, dont la course alimente une structure crisique qui menace la survie de l’humanité ? Comme d’habitude, comme à chaque crise “des autres”, leur crise a d’abord l’effet de nous révéler à nous-mêmes. Comme d’habitude, le constat qu’il nous faudrait donc une “nouvelle pensée”, comme l’a rappelé Gorbatchev ; comme d’habitude, l’observation qu’elle commencerait par la mise en cause de nous-mêmes par nous-mêmes, par simple logique de reconnaissance de la hiérarchie des responsabilités des politiques et de la responsabilité de la puissance dominante. Il n’y a évidemment rien de très original dans de tels propos. La malheureuse situation iranienne n’y change rien.


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