Le « débat »
soulevé par la burqa est révèlateur de l’incapacité contemporaine de saisir les
intrications entre global et local et les mutations profondes auxquelles nous
faisons face, et qui ne peuvent être limité à une confrontation entre Occident
et un Islam indéterminé et aux contours flous. De fait, ce débat franco-français,
voir euro-centré, proportionnellement au degré de la laïcité et de
déchristianisation des pays européens, est tout sauf un débat : il sert avant
tout d’excuse à ne pas repenser et notre modèle civilisationnel, et de saisir l’impact
de la globalisation et de la version « ultra » du libéralisme économique.
Bref…
D’un, l’Etat
a-t-il pour vocation désormais d’être limité à une forme de pouvoir/autorité
négatif ? à savoir : ordre, sécurité, salubrité,etc.. ? la Loi
a-t-elle pour seul but désormais de figer la société et non plus le Progrés ou
l’innovation ?
Soit : une
loi « burqa » à destination d’une communauté précise, un groupe
minoritaire, ou quelque ce soit le nom que l’on donnerait à la composante
musulmane de la société française, une loi d’exception donc ne menacerait-elle
bien plus que la dite burqa nos valeurs ou principes ? Si oui, de quelle
façon éviterons-nous que ce type de loi d’exception ne fasse jurisprudence et
ne s’intéresse demain à d’autres groupes religieux, politiques, ou autres ?
Peut-on limiter
la burqa à la seule perspective religieuse ? sachant que ce vêtement est
absent de la majorité des pays musulmans, et semble relever de la tradition
tribale plus que de prescriptions religieuses. De fait, comment ne pas
considérer l’impact de la globalisation quand la burqa qui est une anomalie
autant dans les rues de Paris, que de Casablanca, du Caire ou d’Istanbul, s’extirpe
du pays pachtoune pour devenir un « objet de revendication » dans des
pays sans liens historiques avec cette région du monde ?
Partant de là, on
ne peut limiter la burqa à l’attribut religieux, et nous devons considérer qu’elle
relève avant tout d’une pratique consommatoire : l’objet consommé peut-être
idéologique, à savoir islamisme politique, il n’en demeure pas moins que nous
sommes dans une pratique consommatoire plus que religieuse : la burqa est
un produit de consommation, dont le support est idéologique, politique bien
plus que religieux.
Aussi aberrant
que cela paraîtra, elle devient non plus une anomalie mais s’insère
parfaitement dans la manière dont notre société évolue où les comportements et
modes d’existence relève avant tout de pratiques consommatoires : si la
femme sous burqa perd sa singularité pour se fondre dans la particularité liée
à une idéologie-produit, elle n’acte que de la même manière que la majorité de
nos contemporains : et là est le cœur du problème et la MENACE quant à nos
valeurs et principes démocratiques.
L’islamisme
politique s »’intègre parfaitement dans le monde globalisé voulu par les
tenants de l’ultra-libéralisme économique, dont les aspects principaux sont :
la dépolitisation de l’Economie avec pour conséquence directe la neutralisation
de la Politique et de la Culture ; le multiculturalisme comme « cheval
de Troie » idéologique non pas pour créer un village global métisse mais détruire
cultures et différences et les assujettir aux impératifs économiques : un
marché global où comportements et modes vies seront « marchandisables »
voir « marchandables » en conformité avec les nécessités d’une
économie totalisante.
La burqa n’est qu’un
aspect de cette mécanique sous-tendant la globalisation économique, elle n’est
donc pas uniquement révélatrice d’une radicalisation de l’islam, mais aussi et
surtout révélatrice dont tout un chacun aujourd’hui est « orienté » à nier sa
singularité pour se conformer à une ou des « particularités »
conformes à la loi d’un marché total : où comportements cultures
deviennent pratiques consommatoires : anti-culture de contrôle et
conditionnement.
Bref pour
conclure, une réflexion sur la burqa n’a de sens que si elle inscrit cet « objet »
dans une perspective globale : l’islam tout comme les musulmans n’évoluent
pas dans un monde parallèle, ce qui affecte sociétés et individus répond à une
mécanique totale et globale qui ELLE menace les fondements même de nos
démocraties, cultures, existences.
Cordialement,