@franc
Je vous remercie de votre commentaire,
cependant j’aimerai rebondir sur vos propos, vous écrivez :
« tout en lui répondant qu’il n’ y a pas danger de loi d’exception si
on respecte rigoureusement les principes de la raison qui sont universels
« la législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se
conforme à la juste raison d’où il appert qu’elle tient sa vigueur de la loi
éternelle ;mais dans la mesure où elle s’écarte de la raison ,on la
déclare injuste ,elle ne vérifie pas la notion de loi ,elle est plutôt une
forme de la violence » (Pacem in terris---JeanXXIII) »
Il me semble difficile de considérer que les
principes de la Raison que vous supposez universels soient « respectés »
ou aient été jamais respectés : d’un il faudrait s’entendre sur ce que
vous définissez par Raison, et de deux quels en seraient les principes supposément
universels : la tendance à l’universalisation de concepts ethno-centrés se
fait bien souvent sans l’aide du « consensus » qui permettrait de leur
accorder leur supposée universalité « essentielle ». Soit…
Les mots de Jean XXIII que vous reprenez me
semblent pouvoir être contredits par quiconque arguerait qu’en vertu des
principes universels de la Raison, la loi humaine n’est pas issue d’une loi
éternelle : difficile de faire coïncider immanence et transcendance dans
les divers variantes humaines de la Loi et du Droit. Vous supposez donc que l’universalité
des principes de la Raison procèderaient que la pré-existence d’une loi
éternelle : voilà un discours « religieux » plus que « rationnel »,
me semble-t-il, somme toute assez proche de la notion de Coran incréé…ou de la
Mère du Livre…Bref…
Quelque soit la perspective, rationaliste,
spirituelle, l’universalité ne se décrète pas unilatéralement, elle ne peut que
procéder du « consensus » : voilà la tare originelle d’une
pensée ethno-centrée qui se définit d’emblée comme l’absolu, et qu’il y ait ou
non une loi éternelle ou des principes éternels dont elle serait la
manifestation, ne change rien au fait que l’universalité revendiquée depuis un
contexte civilisationnel particulier relève de la même mécanique que celle opèrant
dans les religions à prétention universelle : l’universalité ne se
proclame pas, elle se construit ensemble ; des principes ne deviennent universels
que si ils sont « expérimentés » par tous ; la Raison ne se
définit que lorsque elle a le même sens pour tous…
En conclusion, la possibilité d’une loi d’exception
ne me semble pas improbable, elle arrivera un jour ou l’autre, tout comme d’autres
mesures discriminatoires apparaitront, le schéma que nous avons connu dans les
années 30/40 se reproduira : il est part intégrante de la civilisation
dite Occident : les principes de la Raison universels ou non n’ont rien d’humain.
Cordialement,