A noter que, dans ce deuxième article du « Collectif VAN » sur ce sujet, il devient de plus en plus difficile de lier le génocide juif en Europe de celui, arménien, en Anatolie..
L’interview de l’historienne allemande est intéressante.. mais ne démontre pas l’existence d’une politique d’état antisémite en Turquie.
Certains faits, de plus, seraient à préciser, comme la « révocation de nationalité » évoquée du fait de la République turque et visant les non-musulmans.
Car il n’est pas précisé un particularisme : le fait que nombre de membres des « minorités » avaient acquis, chez les puissances européennes dont la France, un statut de protégé, matérialisé par un passeport donnant lieu à une sorte de nationalité de seconde zone. Le consulat de France délivrait ainsi, à la fin de l’Empire Ottoman des papiers portant, par exemple, la mention « Israelite du Levant ».
Lorsque survint la rafle du Vel d’Hiv et que celle ci toucha la communauté juive turque du quartier de la Petite Roquette, certaines familles se trouvèrent séparées.
Ceux exhibant ces anciens documents français se trouvèrent emmenés par la police française pour la destination finale que l’on ne connait que trop bien.. et ceux ne pouvant montrer que de vieux papiers ottomans se trouvèrent épargnés : ils étaient turcs, donc ressortissant d’un pays neutre.
Des employés de la Mosquée de Parix établirent une série de faux documents, rédigés en graphie turque ancienne, et sauvèrent ainsi une centaine de personnes. Ces copistes courageux, à ma connaissance, ne figurent pas parmi les « Justes » honorés.. mais ceci est une autre histoire..
Ces faits sont relevés dans l’ouvrage d’Annie Benveniste : « Le Bosphore à la Roquette »..
Quant à la Turquie comme terre d’asile en 1940 : je conviendrai que, pour des réfugiés fuyant le nazisme, la France, les Etats Unis, l’Argentine.. étaient des destinations plus attrayantes en terme de confort de vie au quotidien.. Mais l’antisémitisme « turc » n’en était pas la cause..
On peut par contre encore voir aujourd’hui, à Ankara, quelques bâtiments de style « Bauhaus », oeuvre d’architectes modernistes, juifs allemands réfugiés..
Pour ceux qui souhaitent approfondir :
On peut consulter la revue d’urbanisme bilingue (anglais turc) « ISTANBUL » qui a publié plusieurs articles sur la vie culturelle dans l’Istanbul des années trente, et qui fait la part belle aux concertistes juifs réfugiés..
..ou lire les ouvrages récemment traduits et largement autobiographiques de Rosie Pinhas Delpuech dont :
« Anna, une histoire française »
ou les souvenirs d’Esther Benbassa sur la ville d’Istanbul..
gAZi bORAt