Légiférer sur la “burka”
s’avèrera difficile sans que l’objet “burka” ne soit défini au préalable, mais
aussi sans que soit défini le champ auquel il appartient ou qu’il
interroge : Droit, Politique, Morale et/ou Valeurs, fait religieux, fait
culturel, objet politique, etc…
Si c’est le Droit
qui est interrogé, la question est donc relative à d’un l’identification dans l’espace
public, l’égalité homme/femme, l’ordre public, les dérives sectaires :
Identification ?
là, la question est de savoir si identification se confond avec « identité » :
par là, je veux dire, le citoyen ne doit pas nécessairement être identifiable
par ses concitoyens, mais être à même de décliner et justifier son identité aux
représentants légaux de l’Autorité : la burka est-elle en infraction avec
ce principe ?
Sur l’égalité
homme/femme, l’objet « burka » étant supposé représenter la soumission
de la femme à l’homme, et une inégalité homme/femme, sur quoi se fonde-t-on pour
déterminer que l’objet « burka » serait par principe le seul « objet »
ou comportement représentant soumission et inégalité ? bien d’autres
objets, comportements, etc… participent du même principe, et sont inscrits dans
notre culture, sans que le Droit ne soit saisi.
Maintenant nous
arrivons au champ politique : l’Etat a-t-il vocation à ne plus user que d’un
pouvoir « négatif » (contrôle et ordre) et légiférer sur le « cas
particulier » ?
Une loi sur « cas
particulier » ne relèverait-elle pas de l’exception, et ainsi faisant
jurisprudence pourrait s’appliquer demain à d’autres catégories ou groupes d’individus ?
ce type de loi ne remettrait-il pas en cause les dites valeurs souvent mises en
exergue de tout propos relatif au fanatisme ou à l’obscurantisme ? Valeurs
autant fondées sur le Droit qu’une certaine Morale : quelle est la
référence légitime : valeurs et morale ou Droit ? valeurs et morale
étant fluctuantes et indéterminées, comment se fonder sur elles en matière de
législation dans un état dit laïque, démocratique ?
Continuons, si l’objet
« burka » relève du fait
religieux, et que nous supposons qu’elle relève soit d’un processus d’aliénation
mentale contraint ou volontaire : est-ce le seul objet ou comportement qui
réponde à ce processus ? de fait, non, donc légiférer sur ce seul « objet »
serait discriminant, et légiférer globalement serait tout simplement remettre en
cause l’ensemble de notre système, fondé en partie sur des processus d’aliénation
mentale contraints ou volontaires, relevant de la croyance et du
conditionnement, cela dans les champs autant
religieux que politique ou économique.
Si l’objet « burka »
relève du fait culturel : le Politique et le Droit ont-ils vocation à
définir ce qui est « culturellement » acceptable ou non, sans tomber
dans un modèle que des systèmes totalitaires ont largement réalisé par le
passé.
Si l’objet « burka »
relève du fait politique, et qu’il soit défini comme un objet de revendication
idéologique ou politique, légiférer à son encontre n’affecterait-il pas la
liberté d’opinion, et d’expression ? bref, si l’objet « burka »
est conçu comme objet idéologique, légiférer à son encontre n’aurait de sens
que si l’idéologie qu’il est supposé représenter soit aussi considérer comme « illégale »
ou contraire au Droit et à la Loi : il s’agira donc de définir si l’islamisme
politique peut être interdit de la même manière que le nazisme ou fascisme, le
challenge sera tout autre, puisqu’il s’agira dés lors d’arriver à définir ce qu’est
l’islamisme politique et ce qu’il le rend « illégal »
potentiellement.
Bref, savoir si
le fondamentalisme religieux politisé relève
d’un traitement « politique » légal ou non.
Pour conclure, je
vois mal comment légiférer sur l’objet « burka » sans être à même de
dire en quoi il consiste…
Cordialement,